Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/198

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rieur de toutes les parties externes ; ainsi on voit sur cette dépouille des poils, un crane, des dents, des crochets aux pieds, &c. Mais ces objets ne sont que des gaines qui renfermoient les parties dont elles conservent la forme & l’apparence.

Lorsqu’une Chenille est prête à changer de peau, ses couleurs s’affoiblissent, elle est quelque tems sans prendre de nourriture, sa peau, ou plutôt son épiderme, se dessèche ; la Chenille gonfle par intervalles quelqu’un de ses annaux ; ce gonflement rompt la couche externe de la peau qui est desséchée, & cette rupture commence par une ouverture sur le dos, elle s’étend ensuite, en long ; la Chenille se dégage en retirant d’abord la partie antérieure de son corps, & ensuite la patrie postérieure de l’enveloppe qu’elle quitte. Cette opération, quoique laborieuse, est très-courte, & sa durée est au plus, d’une minute.

Les couleurs des Chenilles qui ont changé de peau depuis peu de tems sont vives & brillantes, & cet éclat indique l’état des Chenilles en qui on le remarque.

Cependant, les poils qu’une Chenille quitte avec sa peau ne sont pas de simples étuis où gaînes, mais des poils entiers. En voici la preuve ; si l’on coupe les poils d’une Chenille prête à changer de peau, elle n’en est pas moins velue après le changement qui arrive ; cependant si les poils qu’elle quitte n’étoient qu’une gaîne, en les coupant on auroit incisé les poils que cette gaîne renfermoit, & la Chenille ne seroit plus velue après son changement de peau ; les poils dont elle paroît alors couverte sont donc de nouveaux poils qui étoient couchés entre la peau qu’elle a quittée & la nouvelle peau ; l’arrangement des poils entre les lames des peaux que les Chenilles dépouillent est un objet curieux, auquel notre auteur s’arrête, & qu’il explique avec une sagacité que les bornes qui me sont prescrites ne me permettent pas de suivre. Je remarquerai seulement qu’on lui doit les vraies notions sur cet objet.

Les Chenilles qui viennent de changer de peau sont beaucoup plus grandes qu’avant cette opération. Cette augmentation de volume est si considérable, que le nouveau crâne est quelquefois plus ample que le précédent, des deux tiers ou des trois quarts. Ce changement paroîtra surprenant sur-tout après un tems de diette ; mais on le concevra aisément, en réfléchissant que l’enveloppe quittée par l’insecte est desséchée, qu’elle est incapable de s’étendre ; que c’est par cette raison qu’elle se fend ; que la nouvelle peau est, au contraire, molle, extensible & qu’elle se prête à l’extension des parties dont le développement avoit été retenu les jours précédens par une peau desséchée.

5e. Mémoire.

M. de Réaumur commence dans ce mémoire l’histoire des Papillons ; il traite de leurs parties extérieures, & principalement des aîles, des yeux, des antennes & des trompes ; il observe d’abord qu’il n’y a aucun rapport entre les couleurs des Chenilles & celles des Papillons ; que les plus belles Chenilles donnent souvent des Papillons peu colorés, tandis que les Chenilles les moins frappantes par les couleurs, deviennent de très-beaux Papillons.

À la suite de cette remarque, l’auteur recherche le caractère distinctif des Papillons, & il le trouve dans la structure de leurs aîles, au nombre de quatre, couvertes de poussières qui adhérent aux doigts quand on les touche. Ces poussières examinées au microscope, & en particulier par le père Bonami, qui en a décrit un très-grand nombre, ont été comparées à des plumes ; M. de Réaumur n’est pas de ce sentiment ; selon lui ces poussières sont des écailles avec un court pédicule qui s’engage dans la substance de l’aîle ; elles sont rangées comme les ardoises le sont sur un toit. Ce sentiment étoit aussi