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De la manière d’arranger & de conserver une collection.

Un grand nombre de personnes place chaque espèce d’insectes dans un cadre séparé qui ne contient qu’un insecte ou plusieurs de la même espèce. Les câdres sont ou de bois ou de fort carton ; les deux fonds sont de verres, ou il n’y a que le supérieur qui en soit ; une feuille de papier collée sur un des bords du câdre & qu’on peut relever, sert de fond pour le renvoi des couleurs, & permet cependant de voir, quand on le veut, le dessous des insectes. On les fixe entre les deux verres, en les collant par le dessous du corcelet avec de la gomme arabique dissoute dans l’eau, & à laquelle on a mêlé un peu de farine, ce qui la rend plus tenace ; ou on colle sur le verre qui sert de fond, un morceau de moëlle de sûreau, & sur cette hausse on colle l’insecte ou on l’y pique avec une épingle ; c’est aussi ce qu’on peut faire si le fond est de bois. La hausse donne du relief à l’insecte, l’empêche de paroître plaqué, & le rapproche de la position naturelle : ainsi l’usage en est préférable à la manière de coller immédiatement l’insecte sur le fond du cadre : la façon de le fixer par une épingle, procure l’avantage de pouvoir l’enlever & le changer toutes les fois qu’on peut le désirer.

Soit que les câdres soient de bois, soit qu’ils soient de carton, on assujettit les verres ou avec du mastic, ou par le moyen d’une bande de papier. La première méthode garantit plus sûrement de la piquure des insectes qui peuvent s’introduire dans le câdre, mais elle a l’inconvénient que quand le mastic est sec, il n’est pas aisé d’ouvrir le câdre sans briser le verre.

Des différentes manières d’arranger les insectes que je viens d’exposer, la meilleure m’a toujours paru de les placer dans un câdre à deux verres mastiqués, & de les coller sur une hausse : le nombre des épingles, quand les câdres sont rapprochés, a quelque chose de désagréable à l’œil, & qui éloigne de l’état naturel.

Pour qu’une collection d’insectes renfermés dans des câdres fût aussi intéressante & aussi instructive qu’elle le peut être, il faudroit que le nom trivial de chaque espèce, précédé de la lettre initiale du genre, fût écrit sur le bas de chaque câdre avec un numéro, & que les numéros fussent inscrits sur un catalogue qui contînt un précis historique des espèces auxquelles ils seroient relatifs : il faudroit encore que chaque câdre renfermât les œufs, la larve, sa coque si elle en construit, la nymphe ou chrysalide, l’insecte mâle & femelle dans l’état de perfection, & les variétés constantes de l’espèce, quand il y en a, ou les variétés qu’on auroit rencontrées qu’une fois. Il n’est pas aisé de remplir tous ces objets pour toutes les espèces ; mais il y en a beaucoup par rapport auxquelles la chose est possible, ou même facile, & il faut en approcher pour toutes autant qu’on le peut.

Quand on arrange sa collection dans des câdres, espèce par espèce, on a soin, pour la commodité de l’arrangement des câdres à côté les uns des autres, d’en avoir qui soient toujours d’une grandeur double en largeur & en longueur les uns des autres, de façon que les grands câdres dont on se sert pour les grands insectes, puissent être rangés sans désordre, à côté des câdres moins grands dans lesquels on place les petites espèces.

Lorsque la suite qu’on a formée est placée dans les câdres, il faut rapprocher & mettre de suite ceux qui contiennent les insectes de différens genres, selon la méthode qu’on suit. Il y a ensuite deux façons de disposer les câdres ; ou on les range de champ sur des tablettes au-dessus les unes des autres, sur lesquelles les câdres sont retenus par une moulure qui déborde chaque tablette tant en haut qu’en bas, on incline un peu les câdres pour les placer ou les retirer. Les tablettes chargées de câdres présentent à la vue un grand tableau qui contient toute la suite des