Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/397

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disparoissent dans la nymphe & dans l’insecte parfait ; elles n’y voient point, leurs yeux cachés sous la double enveloppe de larve & de nymphe, ne sauroient leur servir. Elles ont depuis dix jusqu’à seize pattes, dont les six premières seulement répondent à celles qu’aura l’insecte parfait.

La seconde espèce de nymphe (métamorphosis coarctata, Fab.) est celle des diptères. Elle ressemble à un œuf ou à une espèce de coque ; elle est entièrement privée de mouvement ; on n’apperçoit aucune partie de son corps, mais si on enlève avec précaution la peau dure & solide qui la couvre, on trouve au-dessous la véritable nymphe molle, blanchâtre, ayant les parties du corps que doit avoir l’insecte parfait, légérement dessinées. Mais la principale différence qui se trouve entre cette espèce de nymphe & les autres, c’est que la larve ne quitte point sa peau lorsqu’elle passe à l’état de nymphe ; c’est la peau même de la larve qui, en se durcissant, forme la coque dans laquelle est renfermée la nymphe. Lorsque l’insecte veut en sortir, il ouvre à la partie supérieure de cette coque, une espèce de porte faite en forme de calotte, qui souvent se divise en deux parties. La larve de cette espèce de nymphe est sans antennes, sans yeux & sans pattes, & ressemble à un ver presque toujours mou, blanchâtre, lent à se mouvoir, & qui vit dans les charognes, dans les fruits, & souvent dans les racines des plantes.

Dans la troisième espèce de nymphe (métamorphosis incompleta, Fab.) on distingue assez bien toutes les parties que doit avoir l’insecte parfait : elles ne sont pas recouvertes d’une peau dure & coriace, comme dans la première espèce, ni renfermée dans une coque solide formée de la peau même de l’animal, comme dans la seconde ; mais, entourée d’une pellicule très-mince qui enveloppe les parties séparément. Cette nymphe est molle & blanchâtre ; elle ne prend aucune nourriture, elle ne fait aucun mouvement, elle remue seulement l’abdomen lorsqu’on la touche avec force. La larve a ordinairement six pattes, souvent très-petites, & difficiles à appercevoir. La plûpart ont des mâchoires très-fortes avec lesquelles elles rongent le bois le plus dur. (Les coléoptères, les hyménoptères & quelques diptères).

Les nymphes des cousins & des tipules dont M. Géoffroi a fait une espèce particulière, rentrent naturellement dans notre troisième espèce qui répond à la seconde de cet illustre auteur : elles n’en différent que par le mouvement qu’elles peuvent exécuter, & qui leur étoit nécessaire pour sortir de l’eau où vivoit la larve. Elles ne prennent d’ailleurs point de nourriture.

La quatrième espèce de nymphe (métamorphosis semi completa, Fab.) diffère beaucoup des précédentes ; elle est pourvue d’antennes, d’yeux, de pattes ; elle marche, elle exécute les mêmes mouvemens, les mêmes sauts, elle prend la même nourriture que l’insecte parfait dont elle ne peut être distinguée que par le défaut d’aîles. Quelques-unes même conservent toujours la forme de nymphe, & dans cet état, elles s’accouplent & se multiplient, comme on le voit dans la plûpart des sauterelles, des criquets, des punaises, &c. La principale différence que présentent ces insectes dans leurs trois états, c’est que l’insecte parfait a des aîles, la nymphe n’en a presque point ; elle a seulement des moignons d’aîles plus ou moins grands, suivant qu’elle est plus ou moins avancée. La larve enfin n’en a point du tout.

Tous les insectes aptères, excepté la puce, ne subissent point de transformation (métamorphosis completa, Fab.) L’insecte est au sortir de l’œuf tel qu’il sera toute sa vie, il grossit, mais sans jamais changer de forme ; cependant, à mesure que son corps prend de l’accroissement, & se développe, il mue, il change plusieurs fois de peau, à-peu près comme les chenilles & les autres larves. Nous regrettons qu’on n’aît pas des observations assez suivies sur ces insectes : il seroit très-intéressant de s’assurer s’ils ne quittent & changent de peau que dans les premiers tems de leur vie, s’ils ne travaillent à se reproduire que lorsqu’ils ont subi leur dernière mue, & enfin si ceux qui survivent à leur accouplement changent ensuite de peau, ainsi que plusieurs naturalistes l’ont avancé. Car si effectivement les insectes aptères ne changeoient de peau que dans leur jeune âge, s’ils ne s’accouploient & ne pouvoient se reproduire qu’apres leur dernière mue, & enfin s’il étoit bien constaté que ceux qui se sont déjà accouplés ne changent plus de peau, quoiqu’ils vivent encore