Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/398

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longtems après, on seroit sans doute fondé à regarder le tems où ces insectes muent comme leur état de larve, & celui où ils s’accouplent comme leur état parfait.

L’espace de tems que les insectes restent dans l’état de nymphe, dépend beaucoup de la saison dans laquelle ils sont sortis de l’œuf & ont subi leur première métamorphose. Dix, douze, quinze ou vingt jours, plus ou moins, suivant les espèces, suffisent en été. Il faut tout l’hiver, lorsque la larve n’a passé à l’état de nymphe qu’en automne. Quelques-unes cependant ne se montrent insecte parfait qu’au bout d’un espace de tems considérable. Il y a des sphinx qui restent plus d’un an dans l’état de nymphe. Toutes les nymphes sont pourvues de stigmates ; & quoique la plûpart paroissent être dans un état de mort, l’air doit leur être absolument nécessaire, puisque si on les en prive, soit par le moyen de la machine pneumatique, soit en mettant un peu d’huile à l’ouverture des stigmates, elles périssent bientôt. La forme de ces stigmates est quelquefois très singulière, au lieu d’être à fleur de la peau, figurés comme des points enfoncés, ou formant des espèces de boutonnières, tels qu’on les voit dans tous les insectes parfaits, ils sont quelquefois placés, dans la nymphe, au bout de petites élévations, des espèces de petites cornes, des cornets, ou autres formes, ainsi que nous les ferons mieux connoître aux mots nymphes & stigmates.

4o. Le quatrième & dernier état sous lequel se montrent les insectes, est celui auquel on a donné le nom d’insecte parfait imago.

Nous venons de parcourir rapidement les parties du corps des insectes ; nous avons dit un mot de leur génération & de leurs métamorphoses ; il nous reste à parler de leur nourriture en général.

Il n’y a point de végétal qui ne serve de nourriture à un ou à plusieurs insectes. Quelques-uns ne se nourrissent que d’une seule plante & de celles qui lui sont analogues ; quelques autres s’accommodent fort bien d’un très-grand nombre d’espèces, quoiqu’elles soient d’une nature très-différente. Parmi les insectes qui font le plus de tort aux végétaux, on distingue les sauterelles, les criquets, les chenilles, la larve des hannetons, des capricornes, des chrysomeles, &c. les unes & les autres sont très-voraces. On a vu souvent dans les provinces méridionales de la France, en Italie & dans le Levant, des nuées de sauterelles que le vent emportoit des pays plus chauds, se répandre dans les champs, dévorer indistinctement tous les végétaux, & détruire en peu de jours, l’espoir du cultivateur. Les chenilles sont souvent multipliées à un point qu’elles dépouillent entièrement un arbre de ses feuilles : privé pour lors d’une partie absolument nécessaire pour sa nourriture & l’élaboration de ses sucs, cet arbre laisse tomber ses fruits, ou ne les donne que d’une mauvaise qualité. Mais les fruits eux-mêmes ne sont pas épargnés ; plusieurs teignes & quelques autres larves y trouvent leur subsistance, elles les rongent, hâtent leur maturité, & leur communiquent un goût bien moins agréable que celui qu’ils auroient eu naturellement. L’orme & le saule sont souvent attaqués par une chenille nommée cossus, qui se nourrit de la seconde écorce & du bois même. Lorsqu’il y a un grand nombre de ces chenilles sur un arbre, il est bientôt silloné tout autour & couvert de plaies ; il perd une quantité considérable de sucs, il s’affoiblit, il devient languissant, il périt quelque tems après. Les larves des hannetons, du proscarabé, le taupe-grillon & plusieurs autres espèces, se nourrissent de la racine des végétaux. Les vrilletes, les scolites, les ips, les larves des capricornes, &c. rongent nos meubles, endommagent nos arbres, percent le bois le plus dur, le réduisent en poussière & s’en nourrissent. Les fleurs, les fruits, les graines, sont rongés par les bruches, les milabres, les charensons & la plupart des larves des diptères. La fourmi est peut-être l’insecte le plus nuisible & le plus destructeur. Tout indifféremment lui sert de nourriture ; tous les fruits, toutes les graines, presque toutes les parties des végétaux, & surtout les substances mucilagineuses & sucrées : elle s’accomode de tout, elle enlève tout, & l’emporte dans son habitation pour en faire sa provision. On sait à quel point cet insecte est multiplié dans les pays chauds, & combien il est difficile de s’en garantir. Les thermès ou fourmis blanches sont le fléau des deux Indes par les dégâts qu’ils font ; ils entrent dans les maisons, ravagent & détruisent tout ; provisions, habits, ustensiles, meubles, le bois même le plus dur, rien, en un mot, n’est