Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/437

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

térieures ; & les postérieures, composées de cinq articles, sont insérées à l’extrémité des pièces moyennes. Nous observerons que le nombre de ces articles n’est pas constant : nous n’en avons trouvé ordinairement que deux, tant aux antérieures qu’aux postérieures, à toutes les abeilles de la première famille.

Indépendamment de l’ouverture presque insensible que l’on croit appercevoir au bout de la trompe, les abeilles en ont une autre beaucoup plus grande, qui est leur véritable bouche. Elle est située à la base supérieure de la trompe, entre celle-ci & les mandibules. Elle est difficile à appercevoir, parce qu’elle est recouverte par une espèce de languette charnue, presque membraneuse, large à sa base & terminée en pointe, qui la cache entièrement ; mais si on tire la trompe en avant, autant qu’il est possible de la tirer sans rien déchirer, on appercevra la bouche dont nous parlons, que l’on aura ramenée hors de son opercule. On peut aussi facilement la soulever par le moyen d’une pointe fine.

Reaumur tâche d’expliquer comment l’abeille fait passer les sucs des plantes dans sa bouche. « II n’est pas aisé, dit-il, de bien connoître la manière dont la trompe opère pour faire passer dans l’intérieur de la bouche la liqueur qu’elle enlève à une fleur. Ce qui semble plus vraisemblable, ce qu’on a pensé jusqu’ici généralement, ce qu’a cru Swammerdam, & ce que j’ai cru pendant long-tems avec lui, c’est que la trompe est une espèce de corps de pompe, que son bout est percé d’un trou, par lequel la liqueur peut être aspirée ; enfin, qu’il y a dans le corps de la trompe des pistons, ou des parties équivalentes propres à faire l’aspiration. On ne s’est pas même avisé de douter que ce ne fût pas là le vrai jeu de la trompe ; & je n’en eusse pas douté aussi, si je n’eusse pensé à avoir recours à un expédient très-simple, pour voir cette partie en action plus à l’aise & plus distinctement qu’on ne la peut voir lorsqu’elle tire d’une fleur le peu de liqueur miellée qu’elle y trouve. Tantôt j’ai simplement induit, d’une légère couche de miel, quelques endroits des parois d’un tube de verre, de quatre à cinq lignes de diamètre, & tantôt j’y ai mis par-ci par-la quelques gouttes de miel. Des abeilles ont été ensuite introduites & renfermées dans le tube. En pareil cas, elles oublient presque sur-le-champ qu’elles sont prisonnières. On ne tarde pas à voir, d’aussi près qu’il est possible, quelqu’une qui se met à sucer le miel ; c’est en observant de celles-ci, que j’ai commencé à douter que la trompe des abeilles dût être regardée conunc une pompe ; car l’abeille ne semble pas devoir s’y prendre autrement pour tirer le miel de dessus une fleur que de dessus un tube ; & dans cette dernière circonstance, il ne m’a jamais paru que le miel fut pris par succion. La mouche ne m’a jamais paru chercher précisément à poser le bout de la trompe dans la petite couche de liqueur, comme cela devroit être, si la liqueur devoit être aspirée & introduite par le trou qu’on y suppose. Dès que l’abeille se trouve auprès de l’endroit enduit de miel, elle alonge sa trompe, c’est-à-dire, qu’elle en porte le bout à une ligne ou plus par-delà les bouts des étuis, qui ne cessent pas de la couvrir dans le reste de son étendue. Si le miel ne fait qu’enduire la surface du verre, la portion de la partie antérieure de la trompe, qui est à découvert, se contourne & se courbe au point nécessaire, pour que sa surface supérieure s’applique contre le verre ; là, cette partie fait précisément tout ce que feroit la langue d’un animal occupé à lécher quelque liqueur. Elle frotte le verre à diverses reprises, & se donne, avec une vîtesse merveilleuse, cent & cent inflexions différentes.

Si la couche de liqueur qui a été offerte à l’abeille est épaisse, si elle rencontre une goutte de miel, alors elle fait entrer la partie antérieure de sa trompe dans la liqueur ; mais il semble encore que ce soit pour l’y faire agir, comme un chien qui lape du lait ou du bouillon, fait agir sa langue. Dans la goutte de miel même, l’abeille plie le bout de sa trompe, elle l’alonge & le raccourcit alternativement ; enfin, elle l’en retire d’instant en instant ; alors on lui voit, non-seulement alonger & raccourcir ce bout alternativement, on voit qu’elle lui fait faire des sinuosités, & sur-tout qu’elle rend de tems en tems sa surface supérieure concave, comme pour donner une pente vers la tête, à la liqueur dont elle s’est chargée. En un mot, la trompe paroît agir comme une langue, & non comme une pompe. Le bout de la trompe, l’endroit où l’on veut que soit l’ouverture, est souvent au-dessus de la surface de la liqueur, dans laquelle l’abeille puise ». (Reaum. Mém. tom. 5, pag. 320).

Le corcelet est grand, convexe & couvert de poils fins & très-serrés : Il donne naissance, à sa partie inférieure, aux six pattes de l’insecte.

L’abdomen est séparé du corcelet par un étranglement : il est composé de six anneaux distincts, & terminé, dans les femelles & les mulets, par un aiguillon très-pointu, caché dans le ventre, que l’abeille fait sortir à volonté, par le moyen de quelques muscles, qui y sont attachés. La structure de cet aiguillon est très-remarquable ; il est accompagné de deux pièces oblongues, presque membraneuses, arrondies par le bout, creusées en goutière à leur partie interne, qui l’enveloppent entièrement lorsqu’il est dans le corps de l’insecte. Si on presse fortement le ventre d’une abeille, on fait sortir l’aiguillon, & on voit ces deux pièces, qui lui servoient de gaine, se séparer & s’écarter un peu l’une de l’autre. Si on le tient quelque tems dans cet état, on voit se former à son extrémité une petite gouttelette d’une liqueur claire, transparente, caustique, brûlante, qui est le venin que l’insecte introduit dans les plaies qu’il fait. Un peu au-dessous de ces deux pièces, il y en a trois autres de chaque côté, plates, à-peu-près ovales, cartilagineuses, réunies ensemble par une membrane flexible, & auxquelles plusieurs muscles ont leur