Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/438

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attache. La base de l’aiguillon est solide, épaisse & assez grosse, & le corps en est mince, dur, très-délié, & terminé en une pointe fine. Cependant cet aiguillon, tel qu’il se montre alors à nos yeux, n’est point simple, mais composé de trois pièces. Si on examine au microscope ce corps si délié, qu’on avoit d’abord pris pour un aiguillon, on verra que cc n’est que la gaine ou le tuyau de deux autres aiguillons ou dards, incomparablement plus fins, & parfaitement semblables entr’eux. On pourra remarquer que la circonférence de la gaine est arrondie & unie à sa partie supérieure & latérale, mais qu’en dessous, elle a une espèce de cannelure, qui va en ligne droite de sa base à sa pointe, & que cette pointe, qui paroissoit si fine, est obtuse & percée, pour donner passage aux deux aiguillons contenus dans la cannelure. On parvient même facilement à les détacher, par le moyen d’une pointe très-fine, qu’on peut introduire à l’endroit où ces filets déliés ne sont pas encore reçus dans la cannelure, c’est-à-dire, à leur base. Ces dards ont, vers leur extrémité, d’un côté seulement, des dentelures fines, dont la pointe est dirigée vers la base de l’aiguillon. Ce sont sans doute ces dentelures qui font que l’abeille laisse son aiguillon lorsqu’elle veut le retirer avec trop de précipitation. La forme de ces dentelures n’empêche pas l’aiguillon de pénétrer dans les corps où l’abeille veut l’introduire, mais elle doit l’empêcher de sortir avec la même facilité.

Les abeilles ne piquent jamais sans verser en même-tems, dans la plaie, une espèce de poison, qui coule tout le long de la cannelure de la gaine, & qui accompagne les deux dards. Ce poison est fourni par une vessie placée dans l’abdomen, à peu de distance de la base de l’aiguillon, formée d’une membrane mince, assez solide, transparente, oblongue, & terminée par deux vaisseaux, dont l’un va aboutir à la base de l’aiguillon, & l’autre se dirige dans l’intérieur du corps. Celui-ci est divisé en deux, suivant les observations de Swammerdam. Lorsqu’une abeille a enfoncé son aiguillon dans notre chair ou dans quelque corps un peu solide, & que, pressée de s’enfuir, elle veut le retirer avec trop de précipitation, elle l’y laisse ordinairement, & avec lui les plaques cartilagineuses qui se trouvent à sa base, les muscles qui y ont leur attache, & souvent encore la vésicule du venin. La blessure qu’elle se fait à elle-même, par la perte de ces parties, lui fait perdre aussi bientôt la vie : mais cet aiguillon, introduit dans notre chair, paroît agir & s’enfoncer plus profondément, quoique détaché du corps de l’abeille. Cette action n’est pas due à la forme des dards, comme quelques naturalistes l’ont cru, mais aux muscles, qui continuent leur jeu, & qui se contractent encore plus d’une minute après qu’ils sont séparés du corps de l’insecte.

Les pattes, au nombre de six, sont composées de la hanche, de la cuisse, de la jambe & du tarse. La hanche est la pièce qui unit la patte au corps de l’insecte ; elle est beaucoup plus courte que la cuisse, & elle en a à-peu-près l’épaisseur. La cuisse est assez longue, peu renflée, presque cylindrique, quelquefois anguleuse. La jambe, qui vient après, est un peu plus courte que la cuisse : celle des pattes postérieures est assez longue, comprimée, un peu dilatée & presque triangulaire. Le tarse est divisé en cinq articles ; le premier est large, un peu comprimé, aussi long que les quatre qui suivent pris ensemble ; les trois qui viennent après sont petits & de figure conique. Le dernier est un peu alongé & terminé par deux crochets recourbés, entre lesquels on voit une espèce de houppe. Les pattes postérieures sont beaucoup plus longues que celles de la seconde paire, & celles-ci le sont un peu plus que les deux antérieures ; elles sont plus ou moins velues, suivant les espèces ; les postérieures le sont quelquefois considérablement. La première pièce des tarses de la plupart des espèces, est garnie ultérieurement de plusieurs rangées de poils courts & très-serrés, par le moyen desquels la cire destinée à la construction des nids, est fixée & transportée.

Les aîles sont au nombre de quatre ; elles sont membraneuses & placées horisontalement deux à deux, les unes à côté des autres, tout le long du dos : elles ont leur insertion à la partie postérieure & latérale du corcelet ; les supérieures sont plus grandes & plus longues que les inférieures. On distingue, sur chaque, plusieurs nervures saillantes qui sont les vaisseaux destinés à porter les sucs qui leur sont nécessaires. On sait que les abeilles font entendre en volant un bruit assez fort, auquel on a donné le nom de bourdonnement : ce bruit est occasionné par un trémoussement ; une forte vibration de la partie interne des aîles supérieures. Voyez AÎLE.

Tout le corps des abeilles est plus ou moins couvert de poils longs, fins & serrés ; ce qui suffit pour distinguer, au premier coup-d’œil, ce genre de celui des guêpes. Mais toutes les abeilles ne sont pas également velues ; celles de la première famille le sont beaucoup plus que les autres. La tête, le corcelet, la poitrine & les pattes postérieures, en ont ordinairement une plus grande quantité. Chaque poil vu au microscope, ressemble à une petite plante qui n’a qu’une seule tige, de chaque côté de laquelle partent des feuilles oblongues, étroites & opposées, qui font avec la tige un angle un peu aigu. Les poils qui se trouvent à la partie interne des cuisses postérieures de la plupart des espèces sont simples, beaucoup plus gros & plus serrés que les autres. Les poils, dont le corps de ces insectes est couvert, paroissent destinés principalement à détacher les poussières des étamines. On voit souvent des abeilles se rouler dans les fleurs & en sortir toutes couvertes de cette poussière, qu’elles emploient à la construction de leurs nids.

On compte parmi la plupart des abeilles connues, des mâles, des femelles, & des individus qui ne jouissent d’aucun sexe, qui par conséquent, ne