Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/441

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ruche, d’où ils paroissent pendre, & soutenus d’espace en espace, par des traverses aussi de cire. Pour épargner cc dernier travail aux abeilles domestiques, on a soin de mettre dans l’intéricur de la ruche, plusieurs bâtons, posés transversalement, qui soutiennent les rayons & les empêchent de se détacher. Ces gâteaux sont placés les uns à côté des autres, de manière qu’il ne reste entre-deux qu’un passage étroit, par où il ne peut passer que deux abeilles à la fois.

La régularité & la forme hexagone des alvéoles ou cellules, ont toujours paru admirables. Ce n’est pas qu’on ait voulu en diminuer le mérite, en disant que des cellules qui seroient travaillées pour être rondes, & qui en même-tems seroient appliquées & pressées les unes auprès des autres, ne peuvent manquer de prendre, par leur compression mutuelle, une figure hexagone, si d’ailleurs la matière dont elles sont composées, est assez molle pour céder à la pression. Mais ce raisonnement n’attaque pas très-solidement l’industrie de nos insectes. S’ils faisoient quelques gâteaux entièrement composés de cellules rondes, la compression ne pourroit leur donner qu’une figure anguleuse, confuse & indéterminée. D’ailleurs, on n’a peut-être pas encore assez examiné ce qui regarde la construction & la variété des cellules.

On sait cependant que la base de chaque cellule est formée de trois pièces, qui font partie des bases des trois cellules de l’autre côté du rayon, que l’épaisseur de chacun des rayons est d’un peu moins d’un pouce ; qu’ainsi la profondeur de chaque cellule hexagone est d’environ cinq lignes ; que la largeur en est constamment de deux lignes deux cinquièmes ; qu’outre ces cellules, destinées à recevoir les œufs & les larves des ouvrières, il s’en trouve quelques-unes de plus grandes consacrées aux mâles ; qu’il en est même un très-petit nombre distinguées par leur forme arrondie & oblongue, construites avec beaucoup de solidité, & qui ne sont destinées qu’aux femelles. Un seul de ces derniers alvéoles pèse autant que cent ou cent cinquante autres ; les dehors en sont comme guillochés.

Les cellules ont deux usages : elles servent de lieu de dépôt pour le miel & la cire brute, & sont les berceaux des œufs & des larves. La cire dont elles sont formées est blanche, lorsque le rayon est récemment construit ; elle jaunit par le tems & devient même souvent d’un brun obscur.

Les abeilles retirent la cire des étamines des fleurs. Quand les anthères sont ouvertes & ont répandu leur pollen, les abeilles vont à la récolte de cette poussière. Elles se roulent dans les fleurs qui en contiennent beaucoup ; le pollen s’attache à leur corps velu ; elles s’en couvrent le plus qu’elles peuvent. Elles se nettoient ensuite avec leurs pattes, rassemblent cette poudre, ordinairement jaune, mais quelquefois verte, blanche ou rougeâtre, suivant les plantes qui la fournissent ; elles la pétrissent & cn forment deux boules, souvent de la grosseur d’un grain de poivre, qu’elles portent attachées aux pattes de derrière. Ainsi chargées, les abeilles regagnent la ruche : la, elles déposent ces boules dans les alvéoles vuides, ou les donnent à d’autres ouvrières, qui viennent les en débarrasser. Pour changer cette matière brute en véritable cire, les abeilles l’avalent : après l’avoir élaborée par quelque digestion particulière, elles la rendent par la trompe, sous une forme liquide. C’est la cire, qui se durcit bientôt ; nos ouvrières se servent de son état de fluidité pour l’cmployer aux travaux.

On sait que c’est encore les fleurs qui fournissent le miel aux abeilles. La plupart des fleurs ont des organes secrétoires de diverse forme, dans les différens genres de plantes, qui fournissent une liqueur douce, sucrée, épaisse, visqueuse. Les abeilles la sucent & la reçoivent dans leur estomac. Une partie sert à leur nourriture ; elles rejettent par la trompe l’autre partie, qui, après avoir subi quelque préparation dans le corps de l’insecte, se trouve convertie en véritable miel. Si l’on tue une abeille qui vient de recueillir le nectar des fleurs, on trouve à la partie supérieure de son ventre une vésicule transparente, jaune, pleine de liqueur. C’est l’estomac de l’abeille déjà rempli du miel le plus doux.

Revenue à la ruche, l’abeille qui vient de récolter le miel, en donne aux ouvrières occupées aux travaux, & qui n’ont pu aller chercher elles-mêmes des vivres. Elle emploie une autre partie de son miel à donner à manger aux larves renfermées dans les cellules. Enfin, le surplus est déposé dans des alvéoles vuides pour les besoins à venir.

La plupart des cellules sont destinées à l’éducation des jeunes abeilles. La femelle commence à pondre dès les premières chaleurs du printems : elle va de cellule en cellule, enfonce dans chacune l’extrémité de son ventre, & y dépose un seul œuf. Dans un jour, elle en pond plusieurs-centaines. Ces œufs sont oblongs, un peu recourbés, clairs, amincis au bout par lequel ils sont attachés à la cellule. Quatre ou cinq jours après, il sort de l’œuf une petite larve blanche, sans pattes, à treize anneaux, & à tête un peu plus dure & plus brune que le reste du corps, munie de chaque côté de dix stigmates, par lesquels elle respire.

Les larves sont ordinairement recourbées & ramassées en rond dans le fond des alvéoles. Les abeilles sans sexe ont pour elles des soins vraiment surprenans. Elles vont fréquemment leur porter à manger, laissent, quand elles les quittent, une quantité suffisante de miel dans la cellule, & ne négligent rien de tout ce qui est nécessaire à leur conservation.

Soignées & nourries avec tant de zèle, les larves grossissent promptement. Pendant leur accroissement, elles changent plusieurs fois de peau, jusqu’à ce que, parvenues à toute leur grandeur, elles se préparent à subir leur métamorphose, & passer à l’état de nymphe. La larve, qui jusques-là n’avoit