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18e. Mémoire.
Des Fourmis.

Difficulté d’assigner les caractères distinctifs des Fourmis ; M. Linné & M. Geoffroy qui l’a suivi dans cet objet, ont cru trouver un caractère distinctif dans l’écaille posée verticalement sur l’étranglement & le corcelet. M. de Geer remarque que ce caractère se trouve en effet dans beaucoup d’espèces de Fourmis, mais que toutes ne l’ont pas. Un second caractère, employé par M. Linné, est l’aiguillon du derrière ; mais il manque à beaucoup d’espèces. Suivant M. de Geer, le vrai caractère distinctif des Fourmis consiste en ce que les mâles & les femelles ont quatre aîles, & que les Mulets n’en ont point. Ce caractère a aussi été employé par M. Linné.

Toutes les Fourmis connues en Europe vivent en société, dans des nids placés en terre, ou à sa surface ; chaque famille est composée de mâles & de femelles qui ne servent qu’à propager l’espèce, de Mulets chargés de préparer, d’entretenir la fourmilière, de nourrir les petits.

Toute Fourmi provient d’un œuf ; elle paroît d’abord sous la forme d’un Ver sans pattes, à tête écailleuse, qui devient ensuite nymphe & insecte parfait. Quelques espèces filent des coques sous lesquelles elles deviennent nymphes, & d’autres passent à cet état sans s’enfermer sous une coque.

Toutes les Fourmis sont engourdies & dans l’inaction pendant l’hiver. C’est donc à tort qu’on a cru qu’elles amassent, pour cette saison, des provisions pendant l’été. Leurs alimens consistent en fruits, grains, en insectes morts, & quelquefois en insectes vivans ; mais elles aiment de préférence toutes les substances sucrées. C’est une pareille substance qui les attire sur les plantes chargées de Pucerons, & que ces petits animaux y répandent : car pour les Pucerons, en eux-mêmes, les Fourmis ne leur font ni bien ni mal.

M. de Geer, après ces premières notions, avertit qu’avant de rendre compte de ses propres observations sur les Fourmis, il exposera en abrégé celles que quelques auteurs modernes ont faites sur ces insectes, & il commence par l’extrait des remarques de Leuwenhoeck.

Examen des œufs de Fourmis, ou des produits de ces insectes auxquels on donne mal à propos ce nom. Ce sont, ou les larves, ou les nymphes incapables de changer de lieu, de pourvoir à leurs besoins. Les Mulets leur fournissent les alimens dont ils ont besoin, & les transportent lorsqu’il est nécessaire de les changer de place. Leuwenhoeck a ensuite décrit les vrais œufs des Fourmis ; il en a donné la figure & celle des Vers qui en sortent. Ce sont les Fourmis rouges & les noires qui vivent dans la terre, qui ont été l’objet des observations de Leuwenhoeck ; il a trouvé un aiguillon au ventre des premières, & n’en a pas trouvé aux secondes ; la piquure de celles en qui il a observé un aiguillon, cause de la démangeaison, & quelquefois de l’enflure à la peau. Une liqueur transparente, versée dans l’endroit piqué, produit ces symptômes.

Swammerdam décrit 1o. l’œuf des Fourmis. Il le dit si petit qu’on a peine à le voir.

2o. Le Ver qui en sort, formé de douze anneaux, & qui se tient toujours courbé.

3o. La nymphe.

4o. Suivant le même auteur les mâles ont quatre aîles, & il se trompe en ajoutant que les femelles en sont dépourvues.

5o. Les mâles sont plus grands que les ouvrières ; leurs dents sont plus petites, leurs