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yeux au contraire sont plus grands, & le sont aussi plus que les yeux des femelles. Ils ont en outre trois petits yeux placés en triangle ur le derrière de la tête, que les ouvrières n’ont pas. Celles ci tuent les mâles quand le tems de la génération est passé, comme il arrive parmi les Abeilles.

6o. Les femelles surpassent les mâles en grandeur, & elles ont de même trois petits yeux lisses.

7o. Swammerdam parle du soin que les Fourmis ouvrières ont des Vers de leur espèce ; de la manière dont elles les transportent au fond de la fourmilière quand la terre est sèche, & dont elles les approchent au contraire du sommet quand la terre est humide. Il ne pense point que les Fourmis fassent de provisions pour l’hiver, & il croit qu’elles le passent dans l’engourdissement.

Extrait de ce qui se trouve de plus curieux dans un mémoire de M. Linné sur les Fourmis, inséré dans le deuxième volume des mémoires de l’académie royale des sciences de Suède, année 1741, pag. 37, &c.

M. Linné distingue cinq sortes de Fourmis en Suède. Celles de la première espèce, qu’on trouve dispersées, sont les plus grandes, & semblent ne pas former de société ; mais M. Linné pense que ce n’est qu’une fausse apparence, & qu’elles ont des fourmilières qu’on ne connoît pas. Elles n’ont pas d’aiguillon.

Celles de la seconde espèce bâtissent les fourmilières élevées & coniques qu’on trouve dans les forêrs de sapin ; elles sont formées de feuilles & de menus brins des branches de ces arbres ; le plus souvent un chemin fort long & battu, par le passage des Fourmis, conduit de la fourmilière à un arbre qui en est fort éloigné.

Lorsqu’on frappe sur la fourmilière, les Fourmis seringuent une liqueur d’une odeur aigrelette très-pénétrante ; ces Fourmis mâchées répandent, dans la bouche, un goût acide fort-agréable ; enfin, on fait, avec ces fourmis, des crèmes pour l’entre mets, auxquelles elles donnent le goût de citron. M. Linné dit que ces Fourmis piquent, mais M. Geer assure qu’elles n’ont pas d’aiguillon.

Les Fourmis de la troisième espèce, plus petites que les précédentes, font leur nid en terre, y forment en-dehors des inégalités, habitent les jardins & y causent beaucoup de dommages.

Celles de la quatrième espèce, encore plus petites, & rougeâtres, habitent dans la terre, & font des piquures cuisantes comme celles de l’ortie.

Enfin, les Fourmis de la cinquième espèce sont les plus petites, elles habitent en terre, & elles ne piquent point.

M. Linné, dans la deuxième édition de Fauna, ajoute deux espèces aux cinq précédentes.

Ce savant remarque que les mâles & les femelles acquièrent, en un certain tems, des aîles ; qu’alors ils quittent la fourmilière pour n’y plus rentrer, qu’ils voltigent aux environs, perdent, peu après, leurs aîles, qu’ils courent ça & là, & périssent à l’approche de l’hiver, que les Mulets passent au contraire engourdis dans la fourmilière, qu’au printems ils la disposent pour les besoins des petits qui naissent alors des œufs déposés l’été précédent par les femelles. M. de Geer remet à examiner ces observations dans la suite de son ouvrage : il observe que M. Geoffroi dit que les mâles & les femelles voltigent hors de la fourmilière, & ne s’en approchent guère, sinon les femelles pour y venir déposer leurs œufs, mais il assure avoir souvent trouvé des mâles même dans les fourmilières ; il finit par diviser les Fourmis en deux familles, dont la première