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DISCOURS


Ncus nous formons en nous-mêmes une autre manière , nous considérons ce que notre conduire- leur paroîcroic , si elle leur étoic exactement connue , ou s’ils en jugeoient avec des mocifs plus purs & plus désincécesscs. CHARRON. De tous les premiers essais que la renaissance des lettres a fait éclore en France, crèspeu sont patvenus jusqu’à- nous ; tandis que la poésie s’égaroic dans une folle audace, la raison s’égaroic encore plus dans de vaines disputes de théologie. Cependant ilestà remarquer que dans le petit nombre d’ouvrages qui onc échappé à ce correnc de mauvais goût Sc de querelles (cl.olastiques , on en compte crois bien précieux à la morale. Le premier, la Traduction des oeuvres de Plucarque, par Amiot ; traduction inimicable qui laisse un juste doute si Plucarque a montré aucanc de grâces, aucant de simpli- . cité &j la même profondeur de bon sens 1 qu’Amiot a prêté à chacune de ses produc-J tions. Le second est la Sagesse de Charron , f les Essais de Montaigne sonc le croisième. ^ Moncaigne avec plus de fécondicé dans fa £ pensée avec plus de variété Sc plus de char- £ mes, & une négligence plus heureuse dans f ses expressions , s’est rendu d’un plus fami-y lier usage que Charron. Je ne sais quel liberti- 1 naí/e d’imaginacion le fait plus rechercher que ’ la mate austcricé de Charron. Vrai stoïcien f qui élève í’ame aux plus hauces leçons , aux ’* plus grands exemples, il embrasse toute i’ccenf due de nos devoirs, Sc semble nous envi- t ronner partout de ce cercle donc nous ne v pouvons briser aucune partie sans rompre le < rout. Charron est souvent aussi pittoresque v dans son énergie & fa sévérité que Monc caigne Test dans son "abandcn ; c’est une g réflexion en quelque sorte humiliante pour r. nous, que tous les efforts Sc les travaux du c génie ne peuvent donner à notre langue plus r de souplesse qu’elle n’en Svot alors, mais a il est une autre réflexion bien plus imporv rante : c’est que Técude de nos devoits pri- f vésa déja dans Charon la même écendue, le même développement qu’elle peut avoir I

dans les philosophes les plus profonds tíff

• ce siècle. Sous ce poinc de vue la moraiee facile Sc abordable pour cous les hommîs, _ parce qu’elle leurestabsolument indispensable. ; Mais il est une partie susceptible d’me

grande perfection, c’est celle qui co" :siíb à recueillir des rélultacs généraux pour le ’ bonheur de k société entière & pour la enduite des gouvernemens j telle est aujourd’lui Theureuse direction de notre siècle, mìís die manqueroic coût son but, si elle ne preroit pas son appui dans une faine étude de la morale pnvée. A mesure donc que IKUS faihllons de nouveaux apperçus, ayons sein de les rapporrer aux premières notions epe nous avons acquises, revenons souvent aix anciens Sc à Charron qui a su ccacer toue leur simplicité & toute leur énergie. MONTAIGNE. . Le plus grand danger qu’il y ait à parler long-temps de soi, c’est de n’intéreiir personne. Mais est-ce après avoir lu Moicaigne, .qu’on peuc se défier de l’intérêc le son ouvrage ? La plus riche fiction , le plis aimable mensonge, peuc,il avoir plus le grâces, plus de variécés que celles qu’inspre sa précieuse bonhommie. II n’a faic aucun trtvail en écrivant, ce n’en est jamais un le le lire ; toutes les meilleures productions ie raison ne paraissent êcre que des jeux te ses(fantaisies. II semble que son esprit se joie au moment où il exetee le plus le vôtre. íl semble qu’il se perd avec vous, au momeic où il vous conduit à un but nouveau, oùil vous fait découvrir un aspect inattendu, iî quelquefois la fécondicé vous importune ,l vous offre touc-à-coup de ces traits rapides, de ces expressions hardies & familières qii- gravent fa pensée dans un proverbe , los même que vous le quittez , avec un pet d’impatience, vocre premier besoin est de B relire , & c’est avec un nouvel intérêt. IT* au-devant de couces vos criciques, il paro’c vous dire que vous pouvez en agir fais façon avec lui, comme lui avec vous. Cet égoïste délicat qui a un si grand chairs