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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.


n’y a aucune contradiction à dire, que ce fut seulement par la succession des temps, que les robes blanches des prêtres ont été de lin & de coton. Ces dernières, comme très-précieuses, furent longtems réservées aux gens de distinction ; c’est par une semblable robe que Pharaon annonça le haut rang auquel il élevoit Joseph. Mais de tout temps le lin fut abondamment cultivé en Égypte ; toujours il fut le grand objet de son commerce, qui se bornoit, presque uniquement aux fruits, aux toiles que les femmes des tisserands alloient échanger contre de la colocase, & aux tapis semblables à ceux dont Dieu ordonne à Moyse de tendre & de couvrir le tabernacle : Cortinas de Bysso retorta. Pendant très-longtems le lin fut l’unique matière de ses immenses manufactures, & sans doute il a été la vraie cause de son innombrable population.

Moyse dit que Dieu, en punition des persécutions de Pharaon, y frappa le lin de sa malédiction ; ce législateur défendit aux Juifs de porter des habits tissus de laine & de lin, mélange de luxe, sans doute, de son tems. Les vêtemens de peau de chèvre & de brebis des Prophètes Elie, Elisée, Ezéchiel, ne prouvent pas plus, pour le costume des Hébreux de leur temps, que celui de S. Jean, le Précurseur de Jésus-Christ : c’étoit l’emblème de la mortification & l’exemple de la pénitence que prêchaient ces envoyés de Dieu, Le même Ezéchiel, quoique le lin fût le vêtement ordinaire du peuple, déclame contre le fin lin d’Egypte & de Syrie, ainsi que contre les beaux draps, les broderies & autres parures.

Les Egyptiens attribuoient à Isis la découverte du lin, comme tous les peuples ont attribué à leur plus grand Dieu, ou aux plus grands hommes qu’ils ont divinisés, les découvertes dont ils ignoroient l’origine, & qu’ils envisageoient comme les plus importantes.

Chez les Hébreux, l’habit & tous les ornemens du Pontife consistoient dans la tunique, les caleçons, la ceinture, le manteau, l’éphod, le pedoral & la thiare. La tunique, chemise à manches unie, ou ouvragée, simple, brodée ou à franges, qui descendoit jusques sur les pieds, telles que les aubes de nos prêtres, comme ces aubes, étoit de toile de lin, ainsi que les caleçons. La ceinture, de trois à quatre doigts de large, & de trente-deux coudées de longueur, qui faisoit plusieurs tours du corps, & qui serroit la tunique, comme le cordon serre l’aube, étoit une bande de toile de lin. La thiare n’étoit qu’une autre bande, longue de seize coudées, de toile de même matière, entortillée autour de la tête ; le manteau, l’éphod qui y étoit attaché, & le pedoral, étoient bien brodés d’or, d’hyacinte, de cramoisi, mais toujours sur un fond de toile, dont on observe même que le fin lin étoit retors à la phrygienne.

Quant à la tunique, aux caleçons, à la ceinture, à la thiare, les seuls ornemens du jour des expiations, ils portoient le nom d’habits blancs ; sans doute parce que la toile en étoit ordinairement blanche. Je dis ordi-

Arts & Manufactures. Tome I. Prem. Part.
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