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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.


enveloppes-toi d’un drap (on fouloit donc les étoffes ?) épais & bien fourni, si tu ne veux trembler sans cesse & frissonner de froid. Couvre tes pieds de bons souliers (Les Grecs connoissoient donc les souliers ?) de cuir de bœuf, garnis de fourrures en dedans. Lorsque le froid sera plus violent, fais-toi un manteau de peau de chèvre, cousu avec des nerfs de bœuf, pour te défendre de la pluie, (en Sicile les voyageur les portent encore ainsi.) & met sur ta tête un chapeau (invention qu’on attribue aux modernes, quoique plusieurs monuments en attestent l’usage dans l’antiquité.) capable de préserver tes oreilles de l’humidité.»

Vraisemblablement, toujours à-cause des besoins spécialement déterminés par le climat, les manufactures de laine s’étendirent, & se sont mieux conservées dans l’Occident & au Nord. Strabon nous apprend qu’on fabriquoit à Padoue des couvertures de lit & de grosses étoffes velues des deux côtés ; il ajoute que l’habillement de la plupart des Italiens provenoit des laines grossières de la Ligurie. On voit que du tems de César, l’Espagne fournissoit au commerce des laines & des étoffes fines, ainsi que du fin lin & les toiles fines : la Scandinavie & autres pays du Nord, des peaux & des laines, ainsi que du chanvre & du lin ; que sous les Empereurs on établit des manufactures d’étoffe de laine à leur profit, & que celles des Gaules eurent de la célébrité : on faisoit, sur-tout au tems de Gallien, beaucoup de cas des draps d’Arras pour l’habillement militaire, le fagum. Mais bientôt la guerre, fruit & germe de la barbarie, y replonge l’Europe : Les Arts éperdus, fuyent & s’anéantissent : à peine l’exigence de la plupart trouve-t-elle place dans la mémoire des hommes.

Si l’on a conservé le souvenir de quelques faits, & qu’il soit resté assez de points de raccords, pour les lier & en faire une histoire du commmerce, dont cependant nous n’avons encore que des essais, c’est que le commerce ébranle toutes les nations qui y participent, & que c’est singulièrement par ses révolutions qu’est déterminée la manière d’être relative de chacune ; au lieu que les arts qui soumissent au commerce, ceux-mêmes qui le constituent, s’exercent dans le silence, & ne font de sensation marquée que par le commerce qu’ils produisent : c’est que le commerce n’a besoin que de bras pour servir la cupidité, & que chaque génération en produit ; au lieu que les arts exigent des talens, & que les talens amis de la paix, ne produisent dans le trouble que de tristes fruits qui n’illustrent ni les temps, ni les lieux, ni les hommes, & dont il ne passe rien à la postérité.

De-là, les histoires du commerce ne sont guère que des récits de courses & souvent de brigandages : le savant Huet lui-même, dans la sienne, parle bien plus de guerre que de commerce ; & s’il lui arrive, çe qui est rare, de désigner quelques-unes des marchandise qui en font