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PLAN DE CET OUVRAGE.


ques étincelles sur la moindre de ses parties ; M. de la Follie seul [1], a montré des vues plus étendues. Qu’on lise son mémoire (Journal de Physique, Novembre 1774) ce sont du moins de brillants éclairs, qui doivent beaucoup ajouter à nos regrets de l’avoir perdu si-tôt.

Nous sommes loin de prétendre jetter un nouveau jour sur la partie de la teinture ; peut être même ne le tenterons nous pas dans cet ouvrage ; mais si quelques vigoureux athlete avoit le courage, & se sentoit la force d’entrer dans la carrière, & qu’il desirât que son travail formât un portique à l’humble édifice que je me propose d’élever, la place que j’assigne à la suite des procédés que je viens d’annoncer, nous en fourniroit les moyens à l’un & à l’autre.

L’art de la teinture est tellement dans l’enfance, que, faute de connoître les propriétés des matières à teindre d’aucun règne, non plus que celles des matières colorantes, ni celles des agens intermédiaires, qui disposent les unes à recevoir & retenir les autres ; ce ne fut jamais qu’en tâtonnant qu’on usa de telle ou telle préparation, de tel ou tel ingrédient, sur telle ou telle matière ; & toute notre pratique, tous nos procédés ne sont encore aujourd’hui que le résultat de ces tâtonnemens. Il s’en suit que tous ces procédés sont décousus, isolés ; qu’on ne fait telle chose, & qu’on n’emploie tel ingrédient sur telle matière, que parce que, de tous les essais qu’on a faits, celui que l’on continue de pratiquer, est celui qui a le mieux réussi. Le pourquoi de chacun de ces procédés reliant toujours à fixer, on ne sauroit établir une doctrine ; il n’y a point de science, & nous sommes réduits, comme les Auteurs que nous avons cités, à dire ce qu’on fait, & comment on le fait.

Aux mots Teindre, Teinture, Teinturerie, Teinturier, à la suite des Dictionnaires des manufactures, Arts & Métiers d’étoffes, & de peaux & cuirs ; après avoir ouvert la carrière par un précis historique sur l’usage des étoffes teintes & les progrès de la teinture, nous diviserons le travail des procédés qui en font l’objet, en quatre parties principales, déterminées par la nature des matières.

  1. En teinture des matières végétales, pour étoffes ou en étoffes.
  2. En teinture des matières animales, pour étoffes ou en étoffes.
  3. En teinture des matières mixtes, pour étoffes ou en étoffes.
  4. En teinture des peaux & cuirs, avec le poil ou sans poil.

Chacune de ces divisions exigera des soudivisions, déterminées par la nature des couleurs primitives ; d’où résultera la série du blanc ou noir, de toutes les couleurs, ou pour mieux dire, de toutes les nuances. des diverses couleurs. En parcourant un pays si désert, des champs si incultes, nous jetterons le plus de vues qu’il nous sera possible sur un objet si vaste ; nous tâcherons de simplifier les procédés, & rendre la pratique de l’art plus facile & plus certaine. La ressource des livres & de leurs auteurs, en matière de teinture, étant à-peu-près nulle, nous nous tournerons du côté des atteliers, nous nous aiderons principalement de la pratique journalière des artistes, de leurs lumières & de leurs conseils ; & notre premier soin envers ceux qui voudront bien concourir avec nous à ce grand œuvre, sera de leur rendre publiquement l’hommage qui leur sera du.

e  Traité.
Huiles & Savons.

L’antique usage des huiles & des savons, le rôle qu’ils ont de tous les temps joués

  1. Car j’avoue que la conclusion de M. Opoix est pour moi chose occulte. (Journal de Physique 1776.)