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PLAN DE CET OUVRAGE.

Au reste, nous ne pouvons nous dissimuler, & la réflexion est applicable à tout ouvrage sur les Arts, que, quelque effort que nous ayons fait pour être au courant de toutes les parties il en est sans doute qui auront fait de nouveaux progrès au moment où leurs descriptions seront mises au jour ; mais celles que nous donnons auront du moins le mérite d’indiquer exactement l’état des Arts à l’instant où elles ont été faites, & peut-être de répandre quelques idées neuves sur plusieurs d’entr’eux.

Après avoir exposé le plan de mon travail, qu’il me soit permis de dire un mot des moyens que j’ai imaginés, des ressources que j’ai eues, des obstacles que j’ai rencontrés, des raisons qui m’ont soutenu ; je crois cet exposé succin et nécessaire pour la justification d’une entreprise aussi vaste, pour l’hommage à rendre à ceux qui m’ont aidé, & peut être encore pour l’encouragement de ceux qui, dans pareille circonstance, auroient à vaincre autant de difficultés.

Trente années de recherches suivies, de travaux opiniâtres, d’expériences répétées, de voyages dans tous les lieux où j’ai cru trouver l’instruction, de comparaison en toutes choses relatives à ma partie de dépenses qui m’obligeaient à sacrifier tout ce qui lui étoit étranger, ne m’ont pas donné la confiance de remplir une carrière qu’on pourroit sans doute parcourir avec plus de savoir, mais que personne au monde, que je sache, ne se fût ouverte avec autant de zèle & d’ardeur.

J’ai cherché à connoître tous les artistes à qui j’ai présumé du talent, je les ai cultivés, j’ai été jusqu’à exercer leur art sous leur direction, & l’on trouvera le nom du petit nombre de ceux qui se sont prêtés à me donner quelques renseignemens aux articles où j’ai fait usage de ce qu’ils m’ont communiqué. Je me suis rappelé mes connoissances en France & à l’étranger, j’ai par-tout cherché à en augmenter le nombre ; j’ai renouvellé mes correspondances, je les ai étendues, multipliées ; j’ai par-tout & à tout le monde demandé des instructions sur tous les objets que j’avois à traiter. Aux uns, j’ai envoyé des listes très-détaillées de questions ; aux autres, j’ai adressé des mémoires faits, des traités rédigés, avec prière de m’indiquer les corrections, les augmentations à faire ; à la plupart, j’ai demandé & redemandé de nouveaux éclaircissemens. Ici, je n’ai eu que des réponses vagues ; là, sur dix questions, à peine a-t-on satisfait à une ; ce que j’avois demandé à Berlin, il m’a fallu le demander à Londres, & faire passer à Rome les questions que j’avois faites à Paris.

Je me suis adressé fur-tout à beaucoup de mes confrères ; tous ne m’ont pas également secondés ; définitivement, j’ai obtenu un mémoire abrégé sur la fabrication du Point, mais dont l’envoi a été très-honnête & l’on ne sauroit plus obligeant de la part de M. Brunet d’Alençon ; beaucoup de choses relatives au blanchiment des toiles, à la fabrication des Dentelles, des Points, des Linons, &c. de la part d’une personne qu’il me coûte singulièrement de ne pas nommer, mais qui exige de moi cette réserve, dont je me dédommage par l’aveu reconnoissant de ce que je lui dois ; des détails intéressans sur la Draperie, dont je ferai à cet article un hommage plus particulier à M. de Lo, de Sedan ; un mémoire sur les Tapisseries, qui m’a été communiqué par M. de Chateau Favier d’Aubusson, avec l’empressement de la confraternité ; enfin des notices sur les manufactures de la Champagne, par M. Taillardat de Sainte-Gemme.

L’Encyclopédie, colosse sans proportion, compilation indigeste, où les Arts mécaniques sont traités avec une inexpérience dont aucun autre ouvrage ne donne l’idée ; l’Encyclopédie m’a occasionné un travail prodigieux, toujours sec, aride, dégoûtant & toujours sans fruit ; si quelquefois je me suis laissé aller à copier quelques-unes de ses phrases, c’est que je croyois abréger ; mais la nécessité de les éclaircir,