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ET SUPPLÉMENT. v

ExTJt..41r (liv. 1 , chap. 18, 1769,) des manufaaures, des pimgzus &de la navigation des Taitiens.

L’étoffe qui fert d’habillement , forme leur principale manufa8 :ure : leur maniere de la fabriquer & de la teindre contient quelques détails qui peuvent être utiles, même aux ouvriers d’Angleterre, cette étoffe efi : de trois forces, & compofée de l’écorce de trois différents arbres , le mûrier, dont on fait le papier chinois, (morus· papyrifera ; ) le fruit à pain , & un arbre qui re tremble au liguier fauvage des ifles d’Amérique.

La plus belle & la plus blartche efi : faite avec le mîtrier, qu’ils appellent aouia ; elle fert de vêtement aux principaux perfonnages de l’ifle, & la couleur rouge e(t celle qu’elle prend le mieux : la feconde étoffe , fabriquée avec l’écorce du fruit à pain , nommée ooroo, efi : inférieure à la premiere en blancheur & en douceur , & ce font fur-tout les Otahitiens de la derniere clafi’e qui eR font nfage : la troifieme forte, manufa8 :urée avec l’écorce du figuier~ efi : groffiere & rude, & de la couleur du papier gris le plus foncé : quoiqu’elle foi~ moins agréable à l’œil ou au toucher que les deux antres, c’efi : _pourtant la plus utile, parce qu’elle réfille à l’eau , avantage que n’ont pas les deux premieres.

La plus grande partie de cette troifieme étoffe , qui efi : la plus rare, efi : parfumée ; & les chef< ; d’Orahiti la portent pour habit de deuil. Ils ont un grand foin de multiplier tOUS les arbreS· qui fournifi’ent la matiere premiere de ces étoffes ; ils donnent fur-tout une attention particuliere au mftrier qui couvre la plus grande partie des terres cultivées. Ils ne s’en fervent que lorfqu’il a deux ou trois ans, & qu’il efi : de fix ou huit pieds de haut, & un peu plus gro~ que le pouce.

Les Otahitiens croient que la meilleure qualité qu’il puitre avoir efi : d’être mince ; droit, élevé & fans branches : lorfque la tige porte quelques feuilles baffes, dont le germe pourroit produire une branche , ils les arrachent foigneufem~nt. Quoique les étoffes compofées de l’écorce de ces trois arbres foient différentes,-elles font cependant fabriquées de la même maniere. Je me contenterai donc de décrire les procédés qu’ils emploient pout manuf.18 :urer la plus fine. Lorfque les arbres font d’une grandeur convenable , les Otahitiens les arrachent, les dépouillent de leurs branches, & en coupent enfuite les racines & les fommets~ L’écorce de ces arbrifi’~aux , étant fendue longitudinalement , fe détache avec facilité, & lorfqu’ils en ont amafi’é une afi’ez grande quaritité, ils la portent à quelques ruifi’e_aux, & l’y !aillent tremper, après l’avoir chargée de pierres pefantes, pour qu’elle ne foit point entraînée par le courant :

Quand ils jugent qu’elle efi : fuffifamment macérée , les fervantes vont au ruifi’eau , fe mettent toutes nues , s’afi’eyent dans l’eau pour féparer l’écorce intérieure de Ja verte, qui fert d’enveloppe à l’arbre ; elles placent pour cela le morceau de bois fur une planche polie & applatie, & elles le rarifi’ent très-foignenfement avec la coquille que nos marchands appellent langue de tigre, ( ullirza gargadia,) & eUes les plongent continuellement dans l’eau jufqn’à ce qu’il ne refte rien que les plus belles fibres de l’écorce intérieure. L’écorce ainfi préparée dans l’apr~s-rnidi, eft étendue le foir fur des feuilles ~e plane. Il paroîc qu’il y a quelqu~ dtfficulté dans cette partie de 1’ouvrage, puifque la maître ife de la famille efi touJours chargée de furveiller cette opération.

Ils placent les é~orces les unes fur les autres jufqu’à. la longueur d’onze ou oigitized by