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ET SUPPLP.MENT...

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La ttalcbeur & la do11ceur font les principales qualités de cette étofFe , ,& fon défaut eft d’être· fpongieufe eomme le papier, & de fe déchirer prefque au«i facilement.

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Ils teignent fur-tout cette étofFe en rouge & en jaune. Leur rouge eft très-beau, & j’oferai dire, plus brillant & plus fin qu’aucun de ceux que nous avons en Eu’rope.

Notre véritable écarlate eft celm qui en approche davantage , & le peintre d’hiftoire naturelle , qu’avoi( amené M. Banks, ne put !"imiter imparfaitement qu’en mêlant enfemble du vermillon & du carmin. Le jaune eft encore très-brillant, · mais nous en avons d’auili beau.

Leur rouge eft compofé des fucs de deux végétaux mêlés enfemble, & qui ,. féparément pris, n’ont aucune tendance à cette couleur : l’un eft une efpece de figuier appellé à Otahiti, matte , & l’autre le &oràia flbajlùma que les Indiens nomment étou : ils emploient le fruit du iguier & les feuilles du cordia. Le fruit du figuier eft à-peu-près auffi gros qu’un pois de ronceaux, ou qu’une petite grofeille ; & lorfqu’on en rompt la tige, il fort tme liqueur laiteufe re«emblante au jus de nos : figues, dont ce fruit eft en effet une efpece.

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Les femmes reçoivent cette liqueur dans une petite quantité d’eau de coco, & il faut trois ou C !luatre quartes de ces petites figues, pour en préparer ain.fi une roquille. Dès qu’ils en ont tiré une quantité fuffifante, on y trempe les feuilles de rétou, & on les met enfuite fur une feuille de plane ; on les y retourne jufqu’à ce qu’elles y {oient plus Safques ; & quand elles font parvenues à ce point, on. les ferre doucement , en augmentant la preffion par degré ’ de maniere à ne pas rompre les feuilles. A mefure qu’elles deviennent plus molles & plus fpongieufes, elles imbibent plus de liqueur : dans l’efpace d’environ cinq minutes la couleur commence à paroître fur les veines des feuilles, & dans dix minutes ou un peu plus, elles en font parfaitement faturées. Les Infulaires les pre1fent alors aufii fortement qu’il leur eft poffible.

Les jeunes garçons préparent pour cela une grande quantité de moo ~ en l’éplu• chant avec leurs dents, ou entre deux petits bâtons, jufqu’à ce qu’il foit dépouillé de fon écorce verte , & de la fubftance farineufe qui eft detfous, & qu’il n’y refte plus qu•un réfeau clair de fibres ~ils y enveloppent les feuilles de l’étau qui diftillent alors la liqueur qu’elles contiennent, à mefQfe qu’on les pretfe. Comme ces feuilles ont peu de fuc par elles-mêmes , elles ne donnent guere que celui oont elles étoient imbibées.

Lonque ce premier fuc eft ent~érement e’lfprimé , ils impriment de nouveau le5 feuilles ; & l’on continue la même opération jufqu’à ce que la liqueur qui patfe au travers ne foit plus teinte. Les feuilles de l’étou font jetées de côté , mais on conferve le moo qui , étant profondément imbibé de la couleur,. fert de brotfe pour étendre la teinture fur l’étoffe. Ils reçoivent toujours la liqueur exprimée dans de petits vafes faits de feuilles de plane ; je ne fais pas 1i cette feuille a quelque qualité favorable à la couleur, oa s’ils ont adopté cet ufage,. parce qu’il eft facile . le fe procurer du plane , & de diftribuer ces petits vafes parmi les ouvriers. Ils ne teigneat ordinairement leurs étoffes légeres que dans les bords ; & ils répan.. -« ent des couleurs fur tonte la furface de celles de ces étoffes qui font les plus épailfes~ ·Ils ne les appliquent que d’un côté~ comme la peiature ; & quoique j’aie vu de l’étoffe ’Jégere trempée entiérement dans Ja liqueur, la couleur n’avoit pas le même brillanlt Ai le même luibe que lorfqu’elle y avoit été mife de l’autre maniere. :oigitized by