Page:Encyclopédie méthodique - Manufactures, T2, Sup.djvu/41

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. joignant piece à .piece , ils font ~tne étoffe de la longueur & de la largeur dont ils ont befoin, laiffant toujours, de chaque côté, une bordure large d’un pied, & plus large aux deux extrêmités, qui n’ell point teinte. S’il y a des endroits trop minces ou troués, ils y collent de petites pieces, jufqu’à ce que le, tout foit d’une ét ;ale épaiffeur. Veulent-ils teindre en noir ? ils mettent une liqueur noire, tirée d’une noix huileufe appellée . dooedooe, avec le fuc du kokka, dans une propoTtion relative à l’efpece de noir qu’ils defirent. Ils difent que l’étoffe noire eft froide, & les autres chaudes. Pour les rendre pins fortes, on a grand foin de joindre les petites pieces dans leur longueur, ce qui rend impoffible de déchirer l’étoffe dans-un autre fens que dans la longueur, ( peut-être fi on les croifoit, ne fe déchireroient-elles dans aucun fens : peut-être auffi fe colleroient-elles moins bien.) ·

Sans compter les étoffes peintes, ils font des. nattes variées , & d’autres effets & . uftenfiles d’une belle exécution. Dans quelques-unes de ces ifles, il fe fait dés étoffes unies, d’autres avec des deffins plus ou moins variés, de rayées, de mouchetées. On ignore comment ces couleurs font appliquées. Cette étoffe réfifte en général affez bien à la pluie ; celles qui ont l’apprêt le plus fort y réfiftent davantage. Ils. font fept ou huit efpeces de nattes, pour fe vêtir ou pour dormir. La plupart 11e font que des objets d :ornement ; ces ’derniers font faits de la partie dure & membraneufe du bannanier : celles qu’on porte font tirées du pandanus, qu’on cultive pour cet objet, fans lui laiffer prendre toute fa croiffance : & la plus· groffiere , fur laquelle on dort , eft faite de la plante appellée eva"a· On fait les cordes avec des fibres . de la coquille des cocos. Quoique ces fibres n’aient que neuf à dix pouces de long, ils les treffent à la groffeur d’un tuyau de plume au moins, jufqu’à Ja longueur qui leur convient, & ils en font des rouleaux ; ils en tordent enfuite plufieurs enfemble pour en faire des amarres & même depetits cables ; leurs lignes de pêche font au ffi fortes & auffi unies que les nôtres & leur reffemblent entiérement. Aux îfles Wohaoo, Atooi, Omcheow, Orechoua , on voit des manteaux dont le fond tteit de filet recouvert de fuperbes plumes jaunes & rouges, & fi bien unies & ferrées , qu’elles offtoient à l’œil & au toucher tout le moëlleux, toute la force & le htftre du plus beau velours. 11 y avoit beaucoup de variété dans la difrribution des plumes. Quelques-uns de ces manteaux étoient entiérement rouges , bordés de jaune, & retremblo_ient. à d~s !Danteaux d’écarlate bordés en or. _

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Les bonnets font un t1ffu d o :per fous un filet recouvert de plumes rangées· comme fur les manteaux , plus ferrées encore, rouges , à raies noires ? jaunes & vertes. 11 y a beaucoup de petits oifeaux à Otooi, qui fourniffent ces plùmes : on les tue & on les conferve entiers , féchés.

A la Nouvelle-Zélande , les mêmes voyageurs obferverent des voiles de barques de nattes, des manteaux également treffés, & des vêtements embellis par d’élégantes bordures, fymmétriquement travaillées en rouge, noir & blanc, qu’on a uroit pris, ajoute•t·on , pour l’ouvrage d’un peuple plus civilifé. " Le noir eft fi fort imprimé fur les étoffes, qu’il mérite l’attention de nos manu- ,. faéhuiers : en effet, on a grand befoin en Angleterre de produaions végétales » qui donnent cette couleur d’une maniere durable. Il ne nous a pas été poffible _..

d’acquérir là-detfus des lumieres. Leurs manteaux font carrés : deux coins fe » rattachent fur la poitrine avec une épingle d’os de baleine ou de pierre verte. ,_.

lJn ceinturon d’une fine natte d’herbe, lie fur leurs reins la partie inférieure du . . manteau , qui defcend enfuite jufqu’an milieu de la cLùffe & quelquefois jufqu’au • milieu de la jambe. ,.

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