Page:Encyclopédie méthodique - Manufactures, T2, Sup.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
(23)

... ,

XIIJ

ET SUPPLÉMENT.

Sur diverfes côtes de la Nou"elle-Zélande, principalement au détroit de la Reine Charlotte, .« le lin (phormium tenax) dont les naturels préparent leurs cor- , dages , mérite d’être univerfellement connu. » Ils nous avoient vendu des filets que nous elfayâmes l’après-midi , & avec lefquels nous prîmes alfez de poiffons .. Us font fai~ de feuilles fendues, féchées & battues , d’un lin dont on a parlé fi. fouvent ; il n’y a aucune planre :dont la tranfplantation promette tant d’avantages à l’Europe. Le chanvre & le lin qu’en tireatt les Zélandois avec leurs infuuinents groffiers, eft très-fort, doux, luifant & blanc ; & celui qui a été préparé en Angleterre , après notre -retour, a prefque égalé le lufrre de la foie. Il croÎt fur toute efpece de fol ; & comme il eft toujours de faifon, on peut le couper jufqu’à la racine chaque année, & il n’exige prefque aucun foin de culture. Sa force & fa beauté font telles , qu’il pourroit devenir un article de commerce aux Indes, oit l’on manque de cordages & de canevas.

Outre les pelleteries , les peaux & cuirs, dont ufent en vêtement tes peuples de Nootka, ils y emploient beaucoup de matieres végétales. « Les hommes s’occupent de la chalfe & de la pêche : les femmes refrent à la maifon :pour y mettre en ~uvre le lin & la laine, & pour y préparer les fardines qu’elles y font fécher. Les étoffes de lin & de laine dont ils font leurs vêtements , ont été les premiers objets de leurs foins, & il n’y a rien de plus remarquable dans leur indufrrie que les procédés qu’i.ls emploient dans la fabrique de leurs draperies. · Le lin, s’il eft permis de nommer ainfi l’écorce d’une forte de pin, qu’on bat jufqu’à la réduire en filaffe, ne fubit plus d’autre préparation que d’être étendu fur un bâton affujetti en travers à deux autres bâtons drelfés verticalement. Cette matiere prcmiere qui efr comme la chaîne de l’étoffe, eftdifpofée de maniere que l’ouvriere, açcroupie devant cette fimple machine, ne fait que nouer le lin en travers avec une petite treffe, laiffant entre les nœuds la diftance d’un demi-pouce. On conçoit que par cette méthode, l’étoffe n’eft pas auffi ferrée , ni auffi ferme que fi elle étoit tiffue ;. mais les liens de la treffe forment , entre les nœuds , des toùffes qui remplilfe~t les. interfrices, & qui rendent 1’éto !"e fuffifamment impénétrable à 1’air. Cette méthode a ua avantage, c’eft de rendre l’étoffe plus douce & plus maniable. L’étoffe de laine, quoique vraifernblablement fabriquée de la même maniere ; relfemble ·beaucoup plus à une draperie tiffue. Mais diverfes figures , artiftement inférées dans l’étoffe, ne permettent pas de fuppofer qu’elle ait été faite au métier. Ces dernieres étoffes ont différents degrés de finelfe. Quelques-unes font alfez femblables à nos groffieres couvertures de lit ; mais il en eft qui ne font point

!nférieures à ce que nous avons de plus beau dans ce genre : elles font même 

plus douces, & très-certainement plus chaudes •.

La laine de ces étoffes fe tire de divers ànimaux , tels que le lievre, le lynx : brun, &c. la laine de lynx efi de la plus graade linetTe. Quand elle eft crue, elle differe peu pour la couleur des grolfes laines d’Angleterre. Mais le poil dont l’animal efr encore couvert, fe trouvant mêlé avec la laine, en change un peu la couleur dans la draperie. Le$ figures dont on décore ces étoffes, font difpofées avec beau- · coup de goüt. Les couleurs . en font variées , & celles qni dominent font le brun & le jaune : avec cette derniere couleur, l’étoffe a, dans fa nouveauté, plus d’eclat que nos plus beaux tapis.

Aux ifles Sandwich, où Cook fut tué, comme à Nootka, & autres ifles·voHines,. on trouva les arbriffeaux, nommés par les voyageurs, arbres à ’ta draptric : , & dont on fe fervoit de la même maniere qu’à Taïti. On y trouva aufii des acl>r.es d.e oigitized by