Page:Encyclopédie méthodique - Manufactures, T2, Sup.djvu/50

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ET SUPPLÉMENT.

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{oleil , comme defi"us, continuant cela dix ou douze jours à la maniere des lins~ & en fomme, jufqu’à ce que cognoiftrez la matiere etlre fuffifamment rouie, par l’efpreuve qu’en ferés, detfechant & battant une poignée de chacune des trois {ortes d’efcorces, remettant au ferain celles qui ne feront afi"ez appareillées , & en retirans les autres ~ comme le recognoiftrez à l’œil.

C’eft chofe certaine, que pour avoir profit de la nourriture des vers à foie , à moins de deux à trois mil pieds d’arbres, la meuriere ne fe doit entreprendre ; & que pour la bien gouverner, afin d’en tirer long fervice, requiert d’eftre chartrée, ’hacun an , de la dixieme ou douzieme partie ; par ainfi, peuvent eftre étertés tous les ana, de deux cents cinquante à trois cents meuriers, qui rendront toujours de trois à quatre cents charges de bois & d’avantage. A laquelle quantité,__s’ajoutant ce qu’on ofte des arbres incontinent après les avoir effueitlés , en les efmundans & eflagans, y aura abondance de brancheage & par ·con.féquent abondance d’efcorces chacune année, d’où fortira beaucoup d’ouvrage de diverfes fortes, felon les affortiments requis.

Mais encore ne s’arreftera là notre ménager , ains fe drell’era-t -il des taillis des meuriers blancs , pour en couper baffement la moitié chacun an , à telle caufe divifant en deux fes taillis , dont il tirera le brancheage , delicat & jeune , duquel l’efcorce fe rendra propre à faite des exquifes & déliées toiles. Et feront ces taillisci non feulement utiles à fournir chacune année abondance de nouvelle efcorce , ains du fagotage à brufler : des perches pour treiller aux jardins & à faire des ~ercles pour les tonneaux & barrils , à ce choififfant les plus grandes branches : Auffi à donner de la feuille pour nourrir les vers à foie, la cueillant aux endroits des arbres les plus foleilelles & efventes.

Et pour comble de bon mefnage, à recevoir & nourrir nombre infini de connins ; pourveu que le taillis foit fermé pour garenne. Ainfi feront quatre notables commoditez, que le pere de famille · tirera de fes taillis : auxquels pour le dégaft que les connins y pourroient faire, rongeans en hiver les pieds des meuriers , comme ils font toutes fortes de plantes , peu exceptées, ne laiffera de fe meubler de tant profitable betlaif. Car pour corriger aucunement tel vice, aidant au vivre des connirs, ne faut que femer de l’avoine en certaines places & grandes allées, qu’à telles caufes aura laiffées vuides dans les taillis oi1 les connins fe repaiftront durant les froidures·, d’autant efpargnant les meuriers : pour le fupport defquels , en outre fera jetter aux connins, des dépouilles du jardin, du foin , des rameaux de vigne & autres drogueries , en hiver, lorfque les neiges contraignent ce bétail ·de s’attacher aux arbres par faute de mangeaille, Encore, pour cinquieme commodité, fadjonterai ici, que la feuille des meuriers, en quelque part qu’ils foient plantés, cheaat d’elle-mefme à terre fur la fin de l’efté, ferrée en grenier féparé , prife de jour à autre à donner bouillie aux pourceaux, les tient en bon point, comlnenceant de les mettre en chair, ce que leur vient très-à-propos, quand enfuite fe rencontre bonne glandée dont ils parviennent au fuperlatif degré de grailfe. . Je coucherai ici, pour fixieme commodité, les mûres , fruit de ces arbres, tant aimées de la poulaille , pour leur grande douceur, fi le cueillir de la feuille de meurier pour les vers ne nous oftoit le moïen d’en faire profit : lefquelles arrachées de l’arbre quant & la feuille encore vertes , beaucoup devant leur maturité, reftent de nulle valleur, dont n’en peut eftre fait eftat certain. Toutes lefquelles chofes mettent à jour le meurier, arbre rempli de la bénédiaion de Dieu , qui en cefte feule plante , donne à toutes fortes d’hommes & ..

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