Page:Encyclopédie méthodique - Manufactures, T2, Sup.djvu/51

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eftats ces belles matieres pour les Yeftir & meubler , feloR leurs afFeaions. La terre propre au meurier pour donner digne nourriture au vl !rs , eft celle mefme que la vigne denre. Le vin eft falutaire au ver , le fortifiant , le préfervant & le guérilfant de maladie. Et comme la vigne commence à produire bon vin , en fa cinquiefme & fixiefme année , auffi en f~mblable afge , le rneurier commence à porter feuille très-bonne à bien nourrir ce beftail. Obfervation remarquable. Ayant fait marcher de compagnie ces deux excellentes plantes-ci, ne fera mal-à-propos, en continuant de repréfenter leurs fympathies, de dire, que comme l’efprit de vin par diftillation fe convertit en eau-de-vie : auffi la quintefi’ence du rneurier, fe rapportant à la feuille, eft de-là alambiquée par le ver qui la conv~tit en foie : reftant le terrefire .dans le bois, duquel efcorce la plus cuite partie fe rend à l’efcorce d’oit elle eft retirée, comme a efié veu. Or , d’entrer plus avant en Ja conûdération de tels fecrets de nature , ce feroit furpaffer les limites de rna délibération, qui eft de ne traitter en ceft endroit que de l’efcorce dit meurier blanc pour en recueillir le bien qui y eft caché. Ainû mes difcours ne s’enfonceant Jufques au centre, s’arrefteront à la fuperlicie. Di : nos jours, con1rne on l’a tant fait des découvertes de Bernard Palitfy & de quelques autres modernes, on a a1fez compté fur notre ignorance, pour s’approprier la découverte d’Olivier de Serres ; & ces pillards d’idées, frippiers de con· noitfances, fe hâtent d’obtenir, des approbations de cenfeurs & d’académies , la permiffion de dédier leurs rapfodies à un miniftre, au roi ; l’avantage d’en tirer des foufcriptions ou de fe faire imprimer au Louvre ou ailleurs, aux frais du public ; & avec tout ce clinquant, qu’ils font briller aux yeux <les fots ; au moyen d’un exemplaire dans chaque académie, & à chaque journalifte , par-tout on éleve aux nues les ouvrages & leurs auteurs. On ne s ’amufe pas à les lire , bien moins à les analyfer, pour en rendre compte & les faire connoître. L’académie ! le miniftre ! le roi ! aux frais du gouvernement ! Quand tout cela ne fupplée pas aux éloges , il les couronne , il y met Je comble. Ne diroit~on pas que c’efi un devoir des journaliftes & des académies , dès qu’une fois on a eu le fecret de leur en impofer, de concourir à nous tromper nous-mêmes ? •

De tels lauriers fe flétritfent bientôt fons la main du temps : j’aurai quelques exemples à en donner ; j’en donnerois beaucoup , 1i je ne cédois , pour la plupart, au mépris qu’ils rn’infpuent ; mais, dans un ouvrage de la nature de celui que j’ai entrepris , s’il ·faut citer, décrire , préconifer le bien, il faut auflj indiquer, profcrire l’inutpe, apprécier le ridicule • & fotiler aux pieds le dangereux. On rn ’a quelquefois demandé , des académiciens même & des perfonnes en place , en forme de reproches , à qt~oi cela fervoit à la fcience , à l’art} Gens de peu de conception ! eft-ce qu’il faldroit vous répondre ? Non ; vous ne m’en· tendriez pas.