Page:Encyclopédie méthodique - Manufactures, T2, Sup.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
(39)

BLA

en les traitant felon les proc :éd~ q~~i leur conviennent à chacun.

-

Dans la quatrieme & deroiere opération , on dreffe les foies , on les met en bâtons par mateaux d’environ fept à huit onces , & on les paffe en lilfant fur le bain propre à leur donner la couleur jaune. On finit par les laver à la riviere , les tordre & lei mettre. fécher fur les perches. On a vu qu’en procédant au décruement des foies avec l’eau feule dans le digelleur , on les obtenoit en même-temps teintes en tme belle couleur jaune auffi éclatante & auffi folide , pour le moins, que celle qu’on obtient au moyen des quatre opérations que je viens de mettre fous les yeux du le&eur pour qu’il compare les deux procédes.

·

.

On trouve, après le decruement des foies dans Je digelleur , les poches où ces foies étoient enfermees ’ & l’eau du digelleur d’une couleur de vert brun ; Gette eau verte tient en dilfolurion le mucilage animal dont la foie s’eR dépouillée ; ce mucilage étoit uni · avec un peu de réline à la fubfttnce foyeufe, & compofoit ce qu’on appelle fon vernis.

Cette eau verte fe conferve difficilement dans Je remps des chaleurs de l’été. Elle paffe le troilieme ou le quatrieme jour à la fermentation putride. Si on la met à évaporer , elle danne un extrait brun relfemblant à de la colle forte. Lotfqu’on brOie cet Clrtrait , il répand une odeur fétide & particuliere aux matieres animales.

Il eŒ naturel qu’on foit porté à croire que la couleur verte de cette eau rélulre du mC :lange d’une di !folution de cuivre du digeŒeur avec la couleur jaune de la réline de la foie. Pour [avoir li cet eftët pouvoir avoir lieu, j’ai mis de la foie avec de l’eau dans un flàcon fermé exa&ement de fon bouchon de cryllal. J’ai enveloppé ce bouchon de plulieurs doubles de papier & de toile, la plupart enduits d’huile de lin liccative. Après avoir lié le tout fortement ; j’.ai enfermé ce flacon dans mon di~elleur avec de l’eau claire. J’ai chargé le fourneau d’un peu plus de charbon qu’à l’ordinaire, & : , après le procédé d’ufage, j’ai trouvé l’eau de mon flacon d’une couleur de vert brun, la foie parfaitement décruée & teinte en couleur jaune. L’expérience m’a prouvé que la chaleur de l’eau qui dillout ce vernis dans le digelleur eft de quatrevingt-quinze ou feize degrés au thermometre de Réaumur. A ce degré de chaleur la fubllance mucilagineufe animale de la foie fe dilfout & fe m~le à l’eau ; celle qui ell purement réfineufe fe di !fout auffi ; mais à défaut d’~tze mifcible à l’eau , elle reŒ~ adhérente à la fubllance foyeufe , & la teint en Jaune. Cette foiP. ainft teinte & dépouillée de fon m~cilage animal_, eft réduite aux trois ~uarts eu envtron de fon potds ; elle a pour lors de l’eclat, de la douceur, de la tenacité , les qualités propres aux fubllallces fibreufes végétales & animales. Dans C :Ct état , on la nolllale foie dicr_uû ou ~uiu ; BLA

29

comme on appelle foie erue ; celle <pi eft telle . qu’on la tire- des cocons, encore imprégnée d’ua.. vernÏ5 qui lui donne de la dureté , de la roide1.1r , · de l’élallicité , une couleur jaune ou blanche. Si on verfe de l’efprit de vin dans l’ea1.1 colorée en vert , chargée du mucilaiC animal de la foie , il fe fait un précipité d’une couleur de &ris clair. Le mêlange d’e.1u & d’efprit de vin ell jaune, & on n’y trouve pas de réfine. Toute celle de la foie crue eŒ rellée unie penda~ ?t la cuite à la f~bll~nce · foyeufe & l’a colorée en Jaune , comme Je Viens de le dire ; on parvie11t Hui enlever cette coule~r , à rendre cette foie blanche avec de l’efprit de v1n , & encore mieux fi on y mêle une petite quantita d’acide marin , un vingr-quatrieme d’acide fur une livre d’efprit de vin. Ce menŒrue di !fout & fe charge de cette couleur jauge rèlineufe , de la même maniere qu’il dilfout & fe charge de celle delafoie cmejaune, fionlafo~metàfon a&ion.

· S i, au lieu de mettre dans l’efprit de vin les foies cuites ou décruées en jaune , on les expofc quelque temps au foleil , elles y perden_t leur co~­ leur & environ une quatre-vingt-quatneme pam_e de leur poids ; elles y olanchiffent ’ comme blanchit la cire jaune qu’lln y expofe.

Egalement ft on préfeme au foleil les foies jaunes & encore crues, elles s’y décolorent peu-à-peu , deviennent blanches & perdent de leur poids. Je ne doute pas qu’on ne parvienne quelque jour à donner plus de blancheur aux foies crues nationales dont la plupart naturellement blanches , ou ne le font pas également , ou auffi parf.titement qu’on le delirerait. On connoît la préférence qu’on donne _aux foies de la plus grande blancheur pour la fabucation des tilfus en foie crue. On Làit auffi que l~ur valeur augmente en proportion tle cette qualité fupérieur.e . Quels avantages ne procureraient pas au commerce des fur.cès en ce genre ! Ils nou , donneraient des foies préférables à celles de la . Chine, non par plus d’éclat & de blancheur , mais par plus de perfeétion & de régularité dans la filature. Ce font là de belles expérience~ à tenter , dignes de~ hommes qui aiment & qui s’intéreffent à l’avancement des arts utiles. M. Poivre , pendant fon féjour en Chine, a vu qu’on y expoloit les foies au foleil ; il étoit perfuadé que les Chinois ne faifoient ufage de l’infolation qae pour donner plus de blancheur à leurs foies.

Voulant connoître l’aétion de l’eau fur la foie crue , fans autre chaleur que celle qui regne dalls l’air, & l’y ayant foumire, je fuis parvenu à la dépouiller prefqu’entiérement de fon mucilage animal & d’une partie de fa reline. Je crois devoir expofer ici ce procédé , non comme un moyen qui puilfe fervir aux artilles pour le décruement de la foie ; je fais combien ils ont befoin de perfedion & de célérité dans cette opération ; m~is parce l qu’il peut être· utile à ceux qui Ùlccupc :nt de la théorie des arts , qu’il olli-e une prcaliere analytt oigitized by