Page:Encyclopédie méthodique - Manufactures, T2, Sup.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
(43)

BLA

l’eau bouillante ou par l’effet de l’eau en vapeur : cette di !folution n’étoit due à aucun autre agent, puilque le digelleur ne contenoit que de l’eau. Cette premiere expérience peuvoit paroître décifive ; mais honores de la confiance de’l'académie, qui avoit anciennement couronné un procédé différent, nous refusâmes à M . l’abbé Collomb de faire notre rapport à la compagnie. Nous demandames des expériences en grand ; nous exigeâmes que les foies ainfi décreufées fulfent mifes en teinture. Nos demandes , quoique fondées, ont occafionné de longs délais , parce qu’un digelleur en grand ell un obj~t difpendieu~ ; d’ailleurs h~~arder u~ quintal ~e fote pour v~nfier ~ne .e~pertence faite en pettt , ell un facnfice qu1 , )Otnt avec les frais du digelleur , fait une fomme a !fez forte pour refroidir le zele de ceux qui auroient voulu fecoAder les travaux de M. l’abbé Collomb. Il falloit un teinturier atlif, éclairé , riche, fur lequel )es petits intérêts particulier& filfent peu d’impreffton , & : qui fùr fufceptible de ce noble enthoufiafme fans lequel on ne fait rien de grand ni dan5 les fciences ni dans les arts. Tel eR celui qui a mis le fceau de l’évidence à la découverte de M. l’abbé Collomb.

M. Capelin a facrifié non feulement 1000 écus pour f.tire conllruire un grand digelleur qui peut contenir cinq ânées d’eau , mais il a fourni toutes les foies qui ont été néce !faires pour les quatre grandes expériences qui ont été faites. Dans la premiere , on a e !’llployé cinq livres dix onces de !oie organcin, cinq livres I’l. onces de foie trame, & : vingt-deux livres de foie ovalle pour les bas ; en tout trente-trois livres fept onces, Dans le fecond elfai , il y a eu foixante livres de rondelette ou foié torfe pour la couture. Dans .la troifieme , cent quatorze livres & : demie grenadine en foie de Reggio , dire Jamhatelly, pour la dentelle.

Dans la quatrieme expérience faite en notre préfence , il y avoit foixante-dix livres & : demie rondcleuine blanche , foie du Levant, dite de Chypre, pour la couture ; plus quatorze livres& : demie foie blanche , dite tripoline, montée pour la dorure ; en tout quatre-vingt-cinq livres : ainli , dans les quatre expériences on a e !fayé deux cents quatrevingt-douze livres quatorze once& & : demie de {oie. La derniere a été faire le 17 de ce mois. Il y avoit environ deux ânées & demie d’eau dans le digelleur. Le feu fut allumé entre 9 & : 10 heures du matin , & à trois heures la foie étoir parfaitement décreufée. Toutes les circonfiances cmt été les mêmes que dans l’expérience du 1er. décembre 1784 ; même odeur de foie à la forrie de la vapeur, & même couleur dans l’eau. Le principe gommeux qui ell dans la foie qui n’a pas fubi l’opération du décreufement, fe trouve par conféquent dans l’eau qui a fervi à l’e ;xpérience. En la foumettant à l’évaporation, on fera certain d’avoir eette gomme fmguliere dant un état Tome II. Ptmie II.

0LA

33

de pureté qui ne lailfera aucun doute fur ra nature, quand on aura fait toutes les expériences nécellàires pour la déterminer. M . Tillier a bien voulu fe charger de ce travail long & intére !fant , & nous en rendrons compte un jour à l’acadérvie ; cet objet étant étranger à la découverte de M. l’abbé CoIIomb , nous n’avons pas voulu le priver du certificat qu’il a droit d’efpérer de l’académie, en ." conféquence du rapport que nous faifons aujourd’hui. Mais , pour déterminer le jugement de la compagnie , nous ferons quelques réBexiç>ns importantes.

La nouvelle maniere de décre)lfer les foies , imaginée par M. l’abbé Collomb , ne peut avoir lieu p~ur routes les couleurs qui exigent un fond blanc : telles que les rofes , les bleus clairs & quelques autres , parce que la foie ainfi décreufée conferve fa couleur naturelle , mais avec une nuance un peu plus claire. Les teintures qui demandent des foies blanches , foat environ la huitieme partie des travaux des teinturiers. M. Capelin nous a dit qu’il y avoit dans cette ville cent quarante maîtres teinturiers dont la confomm :1tion en favon pouvoit erre évaluée à quarante quintauxpar maître ; en ôtant cinq quintaux pour les travaux où il faut que les foies foienr blanches, il relle trente-cinq quintaux de favon · employés dans chaque attelier pour les noirs & : pour les couleurs brunes & foncées ; ce qui fait une dépenCe de 1750 liv. pour chaque maître, à raifon de 50 liv. le quintal de favon ; & : par conféquent les cent ’ quarante maitres confommenr pour ~3~ ,ooo li v. de fa von annuellement. A cette premiere économie , il faut joindre celle d’un tier1 de moins de dépenfe dans le combufiible ; ces deux objets font très-importants dans une ville dé. manufatlures , & : le reflet fe fera fentir dans tous les états , puifque le fa von ell une confommatiou nécelfaire & univerfelle.

Le troilieme avantage qui ell infiniment précieux , ,confille dans la force de la foie, qui, n’étant point affaiblie par le principe alkalin <lu favon , foutient mieux la teinture en noir & toutes les a~tres teintures , que les foies décreufées par l’ancienne méthode : quel que foit le principe cenllituant des ·al kalis , il ell caufiique , & , par fa caullicité , il affoièlit le nerf de la foie. Sur une livre de favon , il fe trouve quarre onces trois gros & : quarante grains d’un fel alkali , formé par l’union de parties égales de Coude d’Alicante & de chaux vive éteinte. Pour décreufer un quintal de foie, on emploie dix-huit livres de fa von, c’ell-àdire , qu’il fe trouve environ ciaq livres poids de marc d’olkali dans une chaudiere où l’on décreufe cent livres de foie. O .r cet alkali , dont la caufricité n’eft pas farurée par l’huile , porte fon aélion fur la foie , fur-tout lorfque le principe de la chaleur , qui ell en même temps Je principe de la caullicité , s’llnit à celle de cette mallè alkaline.

E

oigitized by