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qui a "déj :r procuré des fortunes immenfes à Saint-Etienne , à Saint-Chaumont & dans leurs environs : tel en celui de la bonneterie, qui palfe ailleurs t & qui achevera bientôt d’y paffer fans retour ; la chapellerie , p.mie confidérable , & la foierie , elans le petit genre , l’uni fur-tout , de toutes les fabriques la plus importante ; enfin , toutes les fortes de manufàdures pour lefquelles la concurrence en facile à établir ’ doivent abandonner & abandonneront incelfam~nt tout pays , toute ville où la main-d’œuvre devient trop chere. Il faut réunir des talents divers, des inflrudions àe plufieurs genres , & beaucoup d’ouvriers de différeates clalfes , pour monter & foutenir une fabrique d’étollès de foie, brochées, en dorure, à deffins plus ou moins étendus , plus ou moins compliqués ; pour fàire les étoffes qu’on connoît fous le nom du grand genre. Les nations obligées lie fatisfaire un luxe qu’elles ne pouvoient plus réformer, firent des efForts inutiles pour s’approprier cette branche d’induelrie : aucune . 11e put . réunir au goût, mobile comme la penfée , l’arr de l’enchanter, qui rient an génie. Il fàut d’ailleurs un grand exercice dans les arts de goût , pour y apporter la précilion, y feconder la délic.ateffe, y confecver l’élégance dont ils !ont fulèeptibl :s. L’empire en devoir refler à Lyon, & d le conferva dans fon enceinte auffi long-temps qlC le goût de ce genre fuèfilla dans la tête cles confommateurs.

Las d’être tributaire, ce qu’on ne peut détruire en entier , on le fappe par parties. Nulle part , on ne fut atteindre au grand genre , mais par-tout on •adonna au petit geare, on fit du J1ldn, de l’uni : l’Italie & l’Angleterre étendirent leurs manufactures de foie : l’Eipagne, l’Allemagne, la Prulfe ~ tous les états du nord en établirent de nouvelles. On ne porta jamais autant d’ étoffi :s de foie , cela en évident ; mais il ne l’el} pas moins que t :he~ ies différentes nations qui ont établi de nouvelle• fabriques, ou qui ont au·gmenté celles qui cxifloient , l’art a fait encore plus de progrès GUe le luxe ; d·où il ett également évident que Lyon fo~rnit ~oins ~ fourn~ra toujo~< :s moins àe ces dtverfes etoffes a ces dtverfes nauons. Cependant, Lyon ell en. poirellio~ de l’indu~rie & du commerce ; fon crédn fe foutJent ; fà repU"tation efr encore très-étendue : comment arrive-T-il donc que fes fabriques ~ fa po.pu !Jtion dimi :. DUent fenfibl. :ment l Deux vaces qu• , a la longue , ruineroient l’empire le plus floriffànt , minent , à •vue d’œil, la connitution de cette ville ; ils la réduiront dans peu aux derniers abois, fi elle n’eŒ regardëe en· pitié , & fi une autorité· majeure n’anéantit les autorités partielles, miouticufes & tyranniques qui s’exercent au. milieu d’elle. Je veux parler , d’une-pa~t, deS’ ftaluU & rigll’rr. erz :s , .de5 corps & communautés qui veillent ou ne "·ûilent pas à leur obftrvance , mlis qui- prétendent a.~ dl-oit ~·~ veiller, ~ q.u~ en abllf :nt : d’aut ;e ;,>art 1 . BON

de la nature & de l’énormité des impofitiona municipales.

Beaucoup de perfonnes gémilfent , toutes celles qui , avec un efprit juRe , Qnt une ame honnête ; mais toutes fe raifent : on 11’ofe dire des vérités dont il feroit poffible que des gens , que l’on ne connoît même pas , fe fiffent des applications fàcheufes : on craint ceux qui ont de l’argent, parce <JU’avec de l’argent, de quelque maniere qu’il fott acquis, on a bientôt du crédit, de l’autorité ; qu’avec l’un ou l’autre, on a toujours le pouvoir de faire du mal , & qu’on en a toujoul’IJ la volonté, lorfqu’on n’a pas les mains nettes. Tel eR le propre de l’abus de l’autorité & de la rapine, de prevenir, d’attaquer & d’anéantir 11 s’il le peut , · quicoaque tend à découvrir ce vice. Je ne vois que les chofes , j’ignore lc :s individus ; comment pourrois-je vouloir en olfenfer aucun ? Ecartons tout préjugé , mettons bas roure crainte 11 & une fois difons la vértté ; tôt ou tard elle aura fon empire. L’i•rérêt en grand ; la ville de Lyon eŒ importante ; elle en fur le penchant de fa ruine ; il n’eR queftion de rien moins que de la fàuver.

Déia en 1780 , j’avois bien vu que les fiatut$ & réglements des fabriques de Lyon , fappoient celll !s-ci par la bafe ; & à l’occalion du d’èpériffement de la bonneterie , . caufé par eux dès-lors dans cette ville , d’une maniere très-fenfible , j’avois compofé & adretTé à l’adminiŒration le mémoire q~e je fis enfuite imprimer dans l’Encyclopédie ( 1 ). J’avois rendu atfez fenlible , &c prédit d’une maniere affe~ frappànte , les défaftres infaillibles auxquels étoit expofe Lyon ; mais Ja la ’érité prévue de loin n’a fouvent que peu d’empire, li..r-tout li l’homme qui l’annqnce n’a 11 pour la faire valoir , que l’intérdt de la juŒicc : & l’amour du bien public. Le fang. des hemmes a coulé fous le glaive du bourreau ; c’efl alors feulement qu’on a t~moigné de l’étonnement des funefles effc :rs des régleanents , & la convicrion que toutes ca ~ntrav~s, contr.tires au :r progrès de l’intitt. f/rie , le font auffi à la tranquillité publiqu~. Cet ordre émané du fouverain , ne f<~uroit être trop coanu : le voici ; mais il n’eft ’ !Ut le premier coup de marteau contre un coloife monfuueux qu’il faut abattre.

·ARRÊT DU coN.sEIL »’ÉTAT nu Ror ,. Concemanl les communautb tl’arts " métier#· tle la 11ille ,{e Lyon~

Du 3 fepte ·r bse •786.

LE Roi érant informé des troubles qui fe font élevés recemment dans la ville de Lyon , & s’écant fait rendre compte des caufes qui avoient pu les occalionner ; Sa MajeŒé a reconnu que ( 1 ) Oilionnaire des Jnanura&area k •u t u.vu le BomuuTi’, S Ill, pat· ’J & fui~.

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