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quoique plus ſimple, rend l’inſtrument plus ſujet à se déranger dans le transport.

On peut donner au cadran un diamètre à volonté, afin de rendre très-ſenſibles les plus petits mouvemens du mercure. Car on ſent bien que tandis que dans les baromètres ordinaires le mercure parcourra une petite étendue, l’aiguille dans celui-ci parcourra un eſpace beaucoup plus grand.

Suppoſons que le tube, au lieu d’être tel qu’il eſt dans les baromètres ordinaires, fût terminé ſupérieurement par une boule A B, figure 161, que le cercle gradué M N O P ait une circonférence de trois pieds ; que la poulie ait une circonférence de trois pouces, & ſoit ſollicitée à ſe mouvoir par les poids A & B qui ſont ſuſpendus à un fil qui embraſſe ſon contour, il eſt évident que comme le globe A B qui eſt au haut du tube du baromètre a beaucoup de diamètre par rapport à celui du tuyau, un abaiſſement peu conſidérable du mercure dans ce globe peut faire monter le mercure dans le tuyau F A juſqu’à la hauteur de trois pouces ; ſi la circonférence de la poulie F D eſt de trois pouces, elle fera donc un tour, lorſque le mercure montera ou s’abaiſſera de trois pouces, de ſorte que l’aiguille L K fera alors un tour auſſi ; & le diamètre du cercle M N O P étant d’un pied, le mercure ne pourra s’abaiſſer ou s’élever de trois pouces que l’aiguille ne parcourre environ trois pieds.

Si ce baromètre a l’avantage de rendre plus ſenſibles les variations de la peſanteur de l’air, il n’eſt pas exempt d’inconvéniens ; il ſe dérange facilement dans le tranſport, & conſéquemment on eſt obligé de le laiſſer fixe dans un lieu. La ſurface du mercure qui eſt expoſée à l’air libre, ſe ſalit facilement, à cauſe de la grande ouverture qu’on eſt contraint de laiſſer. Un autre inconvénient plus conſidérable eſt qu’auſſi-tôt que le mercure vient à baiſſer ou à monter dans le tuyau A F, & qu’il ne fait par conſéquent que commencer à devenir un peu convexe ou un peu concave, le petit curſeur A n’a pas aſſez de mouvement pour faire tourner un peu la poulie S D, à cauſe du frottement de la poulie ſur ſon axe, ce qui empêche d’appercevoir les variations peu conſidérables de la hauteur du mercure ; mais lorſque la poulie commence à ſe mouvoir, ſon mouvement eſt plus grand qu’il ne devoit être alors.

Quoique l’eſpace parcouru par le mercure dans la petite branche du ſyphon du baromètre à cadran, ne ſoit que la moitié de celui indiqué par le baromètre ſimple, l’aiguille montre en effet les variations du poids de l’atmoſphère ſur le cadran, par des eſpaces cinq à six fois plus grands, parce qu’ils ſont proportionnés à la longueur du diamètre qui eſt tout à fait arbitraire.

Baromètre à roue & à crémaillère. Cet inſtrument, repréſenté dans la figure 303, a été préſenté en 1744 par le P. Leclerc, de l’Oratoire, ainſi qu’on le voit dans l’extrait des registres de l’Académie royale des Sciences du 8 février de cette année. L’auteur de cette invention prend un tube ordinaire, dont la partie ſupérieure eſt terminée par un anneau ou crochet. Il le plonge, comme le tube de Toricelli, dans un réſervoir plein de mercure à la hauteur de trois pouces. Ce tube, au lieu d’être fixé ſur une planche, eſt ſuſpendu par une petite chaîne qui paſſe dans le crochet. L’autre bout de la chaîne eſt attaché à une petite poulie de cuivre de huit lignes de diamètre, afin que la révolution qu’on lui fait faire ſur elle-même, ſoit égale aux deux pouces de jeu que le mercure a communément à Paris. Au centre de la poulie eſt fixée une aiguille de 8 pouces de longueur, elle eſt le diamètre d’un cadran qui indique les variations du mercure de manière que quand le mercure monte ou deſcend d’une ligne dans le tube, l’aiguille parcourt l’eſpace d’un pouce ſur le cadran, parce que les 24 pouces de circonférence qu’il a répondent aux 24 lignes de circonférence qu’a la poulie, & aux 24 lignes que le mercure parcourt ordinairement dans ſes plus grandes & dans ſes moindres élévations.

Cette conſtruction différe de celle du baromètre à roue ordinaire, en ce que l’aiguille de ce dernier reçoit ſon mouvement de celui même que le mercure éprouve dans ſes variations : au lieu que pour tirer du baromètre du P. Leclerc le ſervice auquel il le deſtine, il faut que l’obſervateur tourne lui-même l’aiguille de la manière ſuivante.

On meſure le long du tube un eſpace de 28 pouces, à compter du niveau du mercure qui eſt dans le réſervoir ; pour Paris c’eſt le point du variable. À ce point on place un fil de pitte qui entoure le tube, & qui doit y être bien-fixé avec de la colle de poiſſon, car c’eſt-là le point où on doit toujours ramener la ſurface du mercure qui s’élève ou qui s’abaiſſe au-deſſus ou au-deſſous de ce point. Si donc le mercure monte à 28 pouces 3 lignes, on tourne la petite poulie de gauche à droite, le tube qui y eſt ſuſpendu monte, & le mercure deſcend à proportion. On continue de tourner juſqu’à ce que la ſurface de la colonne de mercure réponde parfaitement au fil de pitte, & on voit alors que l’aiguille a parcouru 3 pouces ſur le cadran. Si au contraire le mercure eſt deſcendu au-deſſous de 28 pouces, par exemple, à 27 pouces 9 lignes, on tourne la poulie de droite à gauche, juſqu’à ce que la ſurface de la colonne de mercure réponde au fil de pitte, & la variation ſera encore de trois pouces en ſens contraire. Rien n’empêche de