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coller près du tube un papier qui contienne les diviſions ordinaires ; on en ſentira mieux l’avantage de celles qui ſont exprimées par l’aiguille ſur le cadran.

L’inventeur de cette machine s’apperçut bientôt que le mouvement qu’il donnoit au tube, en le faiſant monter ou deſcendre, devoit changer le niveau du mercure dans le réſervoir, & cauſer par conséquent une erreur dans l’obſervation. En effet, ſi on éleve le tube de 4 lignes, par exemple, la ſurface du mercure que contient le réſervoir doit baiſſer à proportion de cette quantité dont on en a fait ſortir la portion du tube qui y étoit plongée, & du rapport de ſon diamètre avec celui du tube. Pour remédier à cet inconvénient ; c’eſt-à-dire, pour faire en ſorte que le niveau du mercure dans le réſervoir fût toujours le même, ſoit qu’on abaiſſât ou qu’on élevât le tube, le P. Leclerc imagina de placer à côté du bout inférieur du tube un autre petit tube du même diamètre & de même groſſeur que le grand, & ouvert comme lui par l’extrémité inférieure. Au moyen de deux crémaillères, dont l’une étoit aſſujetie ſur le grand tube & l’autre ſur le petit, avec un pignon entre deux pour ſervir à l’engrenage, lorſqu’on éleve le grand tube de deux lignes, par exemple, on fait deſcendre d’autant le petit tube dans le mercure du réſervoir, où il occupe préciſément la même place que l’autre vient d’abandonner. Si au contraire l’on fait deſcendre de deux lignes le grand tube dans le réſervoir, le petit en ſort de la même quantité, & les choſes ſont toujours égales. Ce procédé engagea l’auteur à donner à ſon baromètre le nom de baromètre d’équation. Afin d’éviter l’influence que le froid & le chaud pourroient avoir ſur la petite chaîne, on propoſa de la compoſer ſelon les principes ſuivis dans la conſtruction du pendule, c’eſt-à-dire, d’y employer deux métaux différens, afin que leur dilatation & leur condenſation réciproques ſe combinaſſent & ſe détruiſiſſent.

MM. de Réaumur & de Buffon, qui avoient été nommés par l’Académie pour examiner cette machine adaptée au baromètre, la trouvèrent ingénieuſe, mais ils ajoutèrent en même temps qu’elle ne paroiſſoit pas devoir être d’une grande utilité, parce que les frottemens & l’inégalité du mouvement dans cette machine, pouvoient plus altérer la précision qu’elle ne l’eſt dans les baromètres ordinaires, lorſque la bouteille ou le réſervoir eſt d’un diamètre fort conſidérable en comparaiſon du tuyau. Voyez les mémoires de météorologie du P. Cotte en deux volumes in-4o., d’où nous avons extrait la deſcription de cet inſtrument, & de quelques autres qui ſont dans cet article.

Baromètre ſenſible ; Baromètre à rouage. On a donné aſſez récemment le nom de baromètre ſenſible ou de baromètre à rouage au baromètre à poulie dont on vient de parler, auquel on a ajouté un ſyſtême de pignons & de roues dentées qui s’engrainent les unes les autres, en obſervant les proportions preſcrites par les roues dentées. (Voyez ROUES DENTÉES.) L’aiguille du cadran eſt portée par l’axe de la dernière roue, & la poulie ſur laquelle ſont enroulés les fils qui soutiennent le flotteur & le contrepoids, eſt enarbré ſur l’axe de la première roue. On conçoit facilement, d’après cette diſposition, que le mouvement de l’aiguille eſt bien plus rapide, celle-ci étant menée par l’axe de la dernière roue, que ſi cette aiguille ne recevoit de mouvement que de l’axe de la poulie, & conſéquemment que les variations preſque inſenſibles du temps peuvent devenir très-marquées dans ce baromètre.

Il n’eſt pas douteux qu’il n’y ait beaucoup de frottemens dans cette conſtruction de baromètre, à cauſe des divers engrenages ; mais il faut convenir que l’habile horloger de Paris, M. Lacan, qui en a fait quelques-uns, eſt venu à bout d’adoucir ces frottemens autant qu’il étoit poſſible. J’en ai vu chez lui pluſieurs qui étoient très-finis, & dont la réſiſtance qui vient des frottemens étoient conſidérablement moindre que celle qui exiſte dans un baromètre ordinaire à poulie, & néanmoins ce mouvement d’horlogerie n’étoit pas cher, quelques-uns ne coutoient que deux cents francs, le baromètre avec ſa monture étoit du prix de quatre louis. J’en ai vu qui étoient ſi ſenſibles, que l’agitation de l’air, communiquée par le ſimple mouvement d’une porte, produiſoit un effet ſenſible ſur ce baromètre. Celui qu’on a fait pour Louis XVI étoit d’une ſenſibilité ſi grande, qu’on diſtinguoit la 224e. partie d’une ligne d’aſcenſion ou de deſcenſion du mercure dans le tube ; il faiſoit ſix tours pour un pouce ; la circonférence du cadran eſt diviſée en 288 parties ; & on auroit pu, ſi on l’avoit voulu, augmenter encore cette ſenſibilité, en ajoutant une roue dentée de plus. Depuis la mort du ſieur Torré, perſonne n’étoit encore venu à bout d’imiter ſon baromètre ſenſible, placé dans le cabinet du roi à Verſailles.

On a imaginé de diminuer les dimenſions du baromètre à cadran, en lui appliquant le baromètre réduit ; alors le cartel dans lequel on le renferme, au lieu d’avoir environ 30 pouces de hauteur, peut n’en avoir que la moitié, & être rond. Voyez la figure du baromètre réduit, dans cet article baromètre. Dans ce cas on oppoſera à la preſſion de l’atmoſphère deux colonnes parallèles de mercure, entre leſquelles ſera une colonne d’eſprit-de-vin & d’eau qui remplira l’eſpace intermédiaire. Afin de rendre la variation du mercure plus ſenſible, on donne un pouce de