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AIG

juſqu’aux bouts : alors, dit-il, les extrémités qui ſont les plus éloignées du centre de mouvement, donnent une plus grande mobilité à l’aiguille, en recevant plus de vertu magnétique. On a ſoin de marquer, par une ſimple ligne, le milieu de chaque extrémité.

Mais quelle que ſoit la figure d’une aiguille, il faut qu’elle joigne la ſolidité à la légèreté, que ſes deux extrémités ſoient toujours dans une même ligne droite avec le milieu, que celui-ci n’éprouve point de flexion, par la longueur & le poids des deux moitiés de l’aiguille ; c’eſt pourquoi on a ſoin de donner un peu plus d’épaiſſeur à la partie intermédiaire, & de la proportionner à la longueur de l’aiguille.

Il eſt à propos de donner aux aiguilles un certain volume, parce que l’expérience a prouvé que celles qui ont une plus grande quantité d’acier que d’autres, conſervent mieux leur magnétiſme que les aiguilles minces : il faut cependant prendre garde de ne pas tomber dans l’extrémité oppoſée, parce qu’une augmentation de poids en produiroit une dans le frottement.

Comme l’acier eſt ſujet à la rouille, & que celle-ci diminue le magnétiſme, il eſt néceſſaire de couvrir les aiguilles & les pivots, lorſqu’ils ſont d’acier, d’une couche d’huile de lin, ſur-tout dans les voyages de longs cours & dans des mers pleines de brumes.

3o. La trempe. L’expérience a prouvé que des aiguilles d’acier trempées, étoient ſuſceptibles d’acquérir une plus forte vertu magnétique, & de la conſerver beaucoup plus long-temps que celles qui étoient conſtruites avec de l’acier non-trempé ; de même ce magnétiſme a plus d’intenſité & plus de durée dans les aiguilles trempées dur, que dans celles qui n’ont pas une forte trempe, ou qui ſont recuites ou revenues ſimplement au bleu. On ſait que la trempe donne plus de dureté & d’élaſticité aux métaux, & ſur-tout à l’acier ; & on obſerve que l’acier, trempé plus fortement, a plus de dureté & plus d’élaſticité, qu’il eſt conſéquemment plus caſſant. Ces qualités augmentent lorſque la trempe eſt dans l’eau à la glace, & la vertu magnétique eſt alors beaucoup plus forte ; ce qui prouve que plus la trempe eſt dure, plus le magnétiſme qu’on communique enſuite a d’énergie. Voyez Trempe, Aimant artificiel.

Nous ne diſſimulerons pas que Muſſchenbroeck a prétendu qu’il falloit amolir l’acier d’une aiguille, en donnant à la trempe une couleur bleue ou d’un jaune clair, ſelon que l’acier eſt plus ou moins raffiné. Pour trouver ce point, voici le moyen qu’il conſeille. On fabriquera, dit-il, pluſieurs aiguilles avec le même acier, pour leur donner à chacune une trempe différente, enſuite on examinera dans quel degré de trempe une aiguille a reçu le plus de vertu d’un même aimant agiſſant par une même méthode. Après cet eſſai, on donnera à toutes les aiguilles qui ont été faites du même acier, le même degré de trempe qu’on aura obſervé dans les meilleures. Malgré l’autorité de cet habile phyſicien, nous dirons que de nouvelles expériences faites, depuis lui, avec tout le ſoin poſſible, ont levé tout doute à cet égard, & ont prouvé inconteſtablement que des lames & des barreaux d’acier trempés de tout leur dur, reçoivent plus de vertu magnétique, & la conſervent beaucoup plus long-temps.

Pour tremper dur une aiguille, on la fait rougir, & on la plonge enſuite précipitamment dans une eau bien pure & bien froide, obſervant de la plonger, non par la longueur, de peur qu’elle ne ſe cambre, mais par la largeur, & encore l’immerſion ne doit-elle pas ſe faire par la face, mais de champ, c’eſt-à-dire par le tranchant.

4o. La ſuſpenſion la plus uſitée eſt celle des chapes, c’eſt-à-dire, d’un petit cône G, fig. 339, & C G D, fig. 359. Ce cône eſt creuſé intérieurement par une cavité conique faite avec ſoin, & ſe place ſur un pivot F G, figure 339, & P G, figure 359.

Les chapes ſe font ordinairement en laiton, ou en ſimilor, ou bien en agate : quelquefois on ſe contente de mettre au haut de la cavité conique d’une chape de cuivre, un morceau d’agate ; d’autres font ſouder, comme Muſſchenbroeck l’a recommandé, ſur le milieu de l’aiguille, avec de la ſoudure forte, un petit bouton ou chape d’un métal compoſé de cuivre & d’étain, que l’on creuſe en dedans, & dont on polit la concavité avec un poinçon ; de ſorte cependant que cette concavité ne ſoit pas terminée en pointe par le ſommet, mais qu’elle ſoit ſphérique. Quelques-uns font les chapes avec du verre ſoufflé. On doit, en général, répudier les chapes faites de cette manière, parce que le travail, à la lampe de l’émailleur, ne comporte pas aſſez de préciſion. Si on emploie du verre ordinaire, non ſoufflé, il faut le creuſer en demi-rond, & le polir enſuite avec le plus grand ſoin. On peut lui donner la vingtième partie d’un pouce de diamètre, plus ou moins, ſelon le volume de l’aiguille qu’il doit ſupporter.

Il y en a qui ſoudent les chapes de métal ſur le milieu des aiguilles, d’autres ſe contentent de les faire entrer à frottement ; il y a une portée pratiquée d’un côté de la chape pour retenir l’aiguille : on peut enſuite river légèrement la chape par le bas.

L’agate a bien plus de dureté que le cuivre ; mais un horloger travaille bien mieux ſur le tour une chape de cuivre que le lapidaire une chape d’agate : par-là le centre de rotation convient plus ſûrement avec la ligne du milieu de l’aiguille qui paſſe par ſes pôles.

La matière des pivots eſt ordinairement de fer, d’acier ou de cuivre. Le fer eſt trop mou, & la pointe du pivot pouvant facilement s’émouſſer, la