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haute, en conſidérant, en même temps, combien l’autre s’élève ou s’abaiſſe par l’opération de la chaleur ou du froid, on verra que l’air eſt plus peſant : au contraire, quand le thermomètre ouvert eſt plus bas en comparaiſon de l’autre, l’air eſt plus léger que dans le temps que l’inſtrument a été diviſé par degrés. Mais il faut ſe reſſouvenir que la condenſation & la raréfaction de l’air, ſur quoi toute cette machine eſt établie, ne dépendent pas ſeulement du poids de l’atmoſphère, mais qu’elles ſont auſſi cauſées par l’action de la chaleur & du froid ; c’eſt pourquoi cette machine ne peut pas être nommée un baromètre, mais plutôt un inſtrument qui indique les altérations de l’air. (Voyez MANOMÈTRE.). Cependant cet inſtrument eſt regardé comme étant fort bon pour faire connoître ſi le temps doit être mauvais, de même que les changemens de vents & l’approche du froid ].

La figure 312 rendra cette deſcription plus facile à comprendre, a b c eſt un tube de verre recourbé, dont la branche la plus courte b c, eſt terminée par une boule d pleine d’air ; la branche la plus longue a b, ouverte en a, contient de l’eau-forte affoiblie avec de l’eau ou de l’huile de tartre, etc. ; la liqueur paſſe dans la petite branche juſqu’à la naiſſance de la boule, & l’air contenu dans la boule eſt comprimé par le poids de l’atmoſphère & par celui de ſa liqueur. Si le poids de l’atmoſphère diminue, l’air contenu dans la boule est moins comprimé qu’auparavant, & la liqueur monte dans le grand tube ; ſi ce poids diminue, c’eſt le contraire.

Ce baromètre eſt aſſez généralement attribué à M. Amontons, qui s’étoit beaucoup occupé des baromètres & des thermomètres, & qui en avoit imaginé ou perfectionné pluſieurs. M. Hook a auſſi, de ſon côté, inventé ce baromètre, ainſi qu’on le voit dans les tranſactions philoſophiques. La première deſcription qu’on vient de rapporter eſt celle de M. Hook, & a plus de rapport au thermomètre d’air, qui étoit alors connu ; la ſeconde a plus de préciſion. M. Amontons ne ſe contentoit pas d’un apperçu bien général comme M. Hook ; car il penſoit que par le moyen de ſon thermomètre, ſur lequel le poids de l’air n’agiſſoit pas, parce qu’il étoit fermé hermétiquement, on pouvoit retrancher les effets de la chaleur ſur ce baromètre, & que le reſte de la variation appartenoit au changement du poids de l’atmoſphère.

Ce baromètre peut avoir quelque utilité sur mer ; mais il n’eſt pas vrai, comme le prétend M. Amontons, que ſes variations ſoient auſſi régulières que celles du baromètre de mercure ; car 1o., le frottement de la colonne de liqueur qui doit ſe mouvoir toute entière en même temps dans le tube, abſorbe une partie des variations du poids de l’air extérieur ; 2o., cette machine agit plus comme thermomètre que comme baromètre, ainſi qu’on l’a déjà dit. M. Amontons lui-même a trouvé que l’augmentation cauſée au reſſort de l’air par la chaleur de l’eau bouillante, eſt égal au tiers du poids dont il eſt chargé, quand l’expérience eſt faite au printemps (Mém. de l’acad. des Sc., 1702) ; ainſi, de la moindre à la plus grande chaleur que nous pouvons éprouver, l’air renfermé dans la boule, devient capable de ſoutenir une augmentation de poids d’environ un cinquième, ſans changer de volume, tandis que le plus grand changement de poids de l’atmoſphère dans un même lieu, n’eſt que d’environ une quinzième partie de son plus grand poids. Il ſuit de-là, ſelon M. Deluc, dont nous empruntons ces conſidérations, qu’une erreur dans l’eſtimation de l’effet que produit la chaleur ſur cette machine, eſt triplée dans la quantité de l’effet qu’on aſſigne au poids de l’air ; & certainement on ne peut jamais ſe promettre une parfaite exactitude, ſoit dans la correction elle-même, ſoit dans l’égalité de température du thermomètre & du baromètre ; 3o. le baromètre augmentant à proportion des poids qui le compriment, on ne peut procurer à ce baromètre une marche ſenſiblement uniforme, qu’en rendant la capacité du tuyau preſque nulle comparativement à celle de la boule, afin que la liqueur qui paſſe dans cette boule, quand le poids de l’atmoſphère augmente, ne produiſe qu’une diminution inſenſible au volume de l’air renfermé. On parvient à ce but, en employant des tubes capillaires ou des boules très-grandes ; mais le premier moyen augmente beaucoup le frottement, & le ſecond eſt très-incommode ; 4o. enfin il n’eſt pas poſſible de réduire ce baromètre à une marche uniforme ; car, pour cet effet, il faudrait que le rapport des capacités du tube & de la boule, la condenſation primitive de l’air dans cette boule, la nature de la liqueur & celle de l’air renfermé, fuſſent toujours les mêmes ; or, on ne connoit aucun moyen ſûr pour produire cette uniformité, ſur-tout dans la nature de l’air, qui, plus ou moins humide quand on conſtruit le baromètre, & plus ou moins affecté par l’évaporation de la liqueur qui le tient enfermé, ne ſuit plus les mêmes lois dans ſes dilatations par la chaleur, ni probablement dans ſes condenſations par différens poids.

Baromètre marin d’Amontons & de Hook, corrigé. Cet inſtrument ingénieux conſiſtoit, comme on l’a dit, dans un manomètre placé à côté d’un thermomètre ; les expanſions de l’air renfermé dans le manomètre cauſées par la chaleur de l’atmoſphère, tandis que ſa peſanteur ſe trouve à une hauteur connue, y ſont marquées par les mêmes nombres de degrés du thermomètre ; ainſi, toutes les autres différences de la peſanteur de l’atmoſphère qu’on obſerve dans la ſuite, doivent faire monter ou deſcendre le manomètre au-delà du degré qui correſpond à celui montré par le thermomètre. Nous allons donner, d’après M. Magellan, la deſcription