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de cet inſtrument, avec les corrections que l’on a faites en Angleterre au manomètre.

Soit F L N K, figure 313, un thermomètre de mercure d’environ 13 ou 15 pouces en longueur ; la boule K peut être recourbée en arrière (ſi l’on veut), & reſter cachée entre le faux fond du chaſſis ; l’échelle L N de ce thermomètre doit être graduée pour le moins depuis la glace (32 de Farenheit) juſqu’à la plus grande chaleur de l’été, ou même juſqu’au degré de 90 de la même échelle.

Le manomètre eſt compoſé de deux tuyaux A C & B D ; le premier a une boule A qui peut être également recourbée & cachée par derrière le faux fond V. Ce tuyau eſt étroit & du même calibre que l’autre B D ; tous les deux ſont cimentés à deux embouchures coniques de bois dur, qui communiquent avec le réſervoir E, dont le robinet C peut empêcher la communication avec le tuyau A C, lorſqu’on le tourne en bas, c’eſt-à-dire, dans la poſition contraire, repréſentée par des points ; le tuyau B D communique toujours avec le réſervoir ; mais il y a une embouchure d’ivoire ou de bois dur, en forme d’entonnoir en B, qui peut être fermée à volonté avec un bouchon de la même matière ; il y a une échelle fixe qui règne tout le long entre ces deux tuyaux, qu’on doit diviſer comme on va le dire, & une autre échelle M S, qui eſt mobile dans la rainure A C : celle-ci eſt de trois pouces, diviſée en dixièmes, & marquée par les numéros 31, 30, 29 & 28.

Le réſervoir E a un ſac de peau qui eſt ſitué latéralement, & qui peut être pouſſé vers E en tournant la clef G ; la boule A doit être d’une grandeur telle, que l’air contenu dans ſa capacité à la température de la glace, ne puiſſe avoir une expanſion plus grande que la capacité de ſon tuyau N C, au moins d’environ 3 pouces. On remplit donc le tuyau avec du mercure, tandis que le thermomètre eſt à 32 degrés, laiſſant la boule A pleine d’air ; on en met aſſez dans le réſervoir E, en ſorte que tournant la clef G, il puiſſe monter dans le tuyau B D juſques vis-à-vis la ſurface du mercure en N, ayant toujours le robinet ouvert pour qu’il communique avec le réſervoir.

On fait changer graduellement la température de la chambre ou de la boîte où l’on fait l’opération, marquant ſur l’échelle X Z qui eſt entre les tuyaux N C & B C, les mêmes degrés donnés par le thermomètre K F, & ayant ſoin de tourner la clef G, en ſorte que le mercure en B D ſoit toujours à la même hauteur de celui qui eſt dans l’autre tuyau N C, parce que, ſans cette circonſtance, il y aura de l’erreur dans la vraie expanſion que l’on croiroit être cauſée par la chaleur dans le manomètre. Après avoir diviſé la grande échelle X Z entre les deux tuyaux N C & B D, on doit mettre une aiguille T dans l’échelle mobile M S exactement au même pouce, & dixième ou centième de pouce où se trouve le baromètre ſimple, tandis qu’on fait l’opération dont on vient de parler.

Le châſſis de cet inſtrument doit être garni d’un verre en forme de porte, pour pouvoir l’obſerver ſans que l’haleine de l’obſervateur puiſſe cauſer aucune variation dans le manomètre. C’eſt par cette raiſon qu’on laiſſe au-dehors la clef G, & qu’on en pratique une autre H pour hauſſer & baiſſer l’échelle M S, ſans ouvrir la porte qui renferme l’inſtrument.

Voici à préſent la manière de faire des obſervations. 1o. Tournez la clef G, juſqu’à ce que le mercure dans les deux tuyaux N C & B D ſoit préciſément à la même hauteur. 2o. Examinez le degré du thermomètre dans l’échelle I N. 3o. Faites mouvoir par l’anneau H l’échelle M S, juſqu’à ce que l’aiguille T ſoit vis-à-vis le même degré dans l’échelle X Z du manomètre. 4o. Si l’aiguille T coïncide exactement avec la ſurface du mercure du manomètre, c’eſt une marque que la peſanteur ou preſſion de l’atmoſphère eſt la même que celle où cet inſtrument fut conſtruit, qui eſt celle où l’aiguille ſe trouve placée dans cette échelle ; autrement la différence réelle de cette preſſion paroîtra par les pouces & parties de pouce de cette échelle M S, vis-à-vis leſquels le mercure ſe trouvera pour lors.

Enfin, lorſqu’il s’agit de tranſporter cet inſtrument d’un endroit à un autre quelconque, il n’y a qu’à tourner en bas le robinet C, pour que l’air qui eſt dans le tuyau N C ne puiſſe s’échapper, & pouſſer le mercure du réſervoir E juſqu’à peu de diſtance de l’embouchure B, par le moyen de la clef G ; on le bouchera avec le bouchon qui lui appartient, & l’inſtrument ne pourra point être dérangé dans ſon transport.

On a fait un baromètre marin composſé d’un tube vertical à l’ordinaire, avec cette ſeule différence qu’à la place de la cuvette ou réſervoir, on a ſoudé un tube tourné en reſſort à boudin ou ſpirale horiſontale. On évite par-là les grandes oſcillations que le roulis & le tangage des vaiſſeaux produiſent ſur le mercure qui eſt ſtagnant dans les réſervoirs ordinaires ; on peut encore ménager, près du ſommet du tube vertical, un petit étranglement, pour empêcher que dans les mouvemens du vaiſſeau, la partie ſupérieure de la colonne de mercure n’aille frapper la partie concave du ſommet du tube, & ne le briſe.

M. Paſſement avoit auparavant imaginé un moyen de ce genre très-effieace, pour arrêter les oſcillations du mercure dans un baromètre placé ſur un vaiſſeau.