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Il contournoit Ie tuyau du baromètre ordinaire, en forme de ſpirale dans le milieu de ſa longueur ; deux révolutions ſuffisent, & celle qui eſt à l’extérieur doit avoir environ deux pouces de diamètre. « Les deux portions du tube ne peuvent pas reſter ſur la même ligne droite, l’une s’enfonce plus que l’autre dans la monture, parce que la portion qui communique avec l’intérieur de la ſpirale doit néceſſairement paſſer hors de ſes révolutions. On conçoit bien que dans un baromètre conſtruit de cette manière, le mouvement occaſionné par les ſecouſſes extérieures eſt comme rompu par les directions oppoſées qu’il prend dans la ſpirale, & par l’augmentation du frottement, qui ſera d’autant plus conſidérable, qu’on emploiera un tube plus étroit. On peut encore rendre l’impreſſion des mouvemens extérieurs & momentanés moins ſenſible, en faiſant aboutir l’extrémité ſupérieure de la colonne de mercure dans un cylindre, parce que les variations qui pourroient ſe faire dans le tube deviendroient moins ſenſibles en ſe répandant ſur une grande ſurface. Un baromètre de cette eſpèce doit être preſqu’inſenſible aux mouvemens des vaiſſeaux & par cela même très-propre à l’uſage de la mer. Il eſt vrai que l’augmentation de frottement le rend moins propre à indiquer les petites variations du poids de l’air, & que par cette raiſon on ne peut l’employer utilement à des obſervations bien exactes, comme par exemple, à meſurer les hauteurs ; mais les navigateurs n’ont pas beſoin de ce degré d’exactitude ». Ainſi ce baromètre peut être très-utile ſur mer, où les moyens les plus ſimples & les plus ſûrs ne peuvent avoir lieu.

Une autre eſpèce de baromètre marin, imaginée encore par M. Paſſement, eſt celle de la figure 314. Le tube C eſt capillaire ; il eſt terminé en haut par un renflement cylindrique B : le réſervoir eſt en D ; en A eſt un étranglement capillaire ; d’après cette conſtruction, & d’après tout ce qui a été dit juſqu’à préſent, il eſt évident qu’on ne verra point dans cet inſtrument des oſcillations ſemblables à celles qui auroient lieu dans un baromètre ordinaire placé ſur un vaiſſeau ; mais les frottemens du mercure dans le tube capillaire, ſont un grand défaut, & nuiront toujours à la ſenſibilité de cet inſtrument ; néanmoins ſur terre, où des inſtrumens ſimples & parfaits ne peuvent être employés, on eſt heureux de pouvoir mettre en uſage des baromètres, tels que celui qu’on indique.

M. Zeiher, bien perſuadé qu’un baromètre ordinaire ne peut être utile ſur mer à cauſe des mouvemens continuels des vaiſſeaux, a imaginé de pouvoir meſurer l’élaſticité de l’air par un cylindre creux, abſolument vide d’air dont les baſes ſont mobiles ; dans le vide du cylindre & entre ſes baſes, eſt placé un reſſort qui les tient écartées, & qui réſiſte tellement à la preſſion de l’air extérieur, que la tenſion de ce reſſort eſt toujours en équilibre avec cette preſſion ; lorſque la force élaſtique de ce dernier ſe trouve augmentée, les baſes ſe rapprochent davantage l’une de l’autre, au lieu qu’elles s’écartent quand cette force eſt diminuée ; par conséquent la diſtance qui ſe trouve entre ces baſes, fait connoître la preſſion de l’air. Nouveaux Mémoires de l’académie des  Sciences de Peterſbourg, années 1758 & 1759.

Le baromètre de mer dont s’eſt ſervi le capitaine Cook dans ſon ſecond voyage autour du monde, étoit de l’eſpèce qu’on appelle baromètre à réſervoir ; le réſervoir étoit un cylindre de bois, percé au ſommet de deux trous circulaires, l’un de près d’un demi-pouce, & l’autre de près d’un pouce de diamètre ; le tube s’adapte ſi exactement dans le premier, qu’il ne laiſſe pas ſortir le mercure : le plus grand trou eſt couvert d’un morceau d’étoffe de laine, à laquelle M. Nairne a trouvé la propriété d’admettre l’air, & non pas le mercure ; le tube étoit droit, & ſon calibre plus petit que de coutume ſur une longueur à peu près de deux pieds, mais au-deſſus il étoit d’une largeur ordinaire ; la petiteſſe du tube au-deſſous, empêchoit le mercure de deſcendre auſſi promptement que le mouvement du vaiſſeau l’auroit fait deſcendre d’ailleurs, & la largeur du tube au-deſſus empêchoit ce qui s’élevoit, d’avoir un effet auſſi ſenſible qu’il l’auroit eu lors du mouvement du mercure, dans cette partie du tube.

Ce baromètre étoit ſuſpendu à une planche ordinaire juſqu’au milieu de ſa hauteur. M. Wales, un des aſtronomes de l’expédition, s’apperçut bientôt que le mouvement du vaiſſeau produiſoit un effet très-ſenſible ſur cet inſtrument, & que le mouvement d’un baromètre ainſi ſuſpendu, tendoit à élever le mercure, un peu plus qu’il ne ſe ſeroit élevé ſans cela : voilà pourquoi les variations moyennes du mercure, pendant lë voyage furent en général plus grandes qu’elles ne l’auroient été dans un baromètre en repos. Mais depuis, M. Nairne a reconnu par expérience, qu’un baromètre de cette eſpèce peut être ſuſpendu à une telle hauteur audeſſus du baſſin, que ſon mouvement aura une tendance à rendre ſa hauteur moyenne plus petite qu’elle ne ſeroit dans un baromètre en repos, & de là il eſt venu à bout de déterminer le point où on doit le ſuſpendre, pour que le mercure n’ait point de tendance à monter ou à deſcendre ; dans un baromètre ainſi ſuſpendu, le mercure ſera parfaitement en repos.

Baromètre marin de M. Blondeau. Le verre étant une matière trop caſſante pour les baromètres deſtinés à l’uſage des gens de mer, M. Blondeau, profeſſeur à Breſt, a penſé à y ſubſtituer le fer, ainſi qu’on le voit dans le premier volume du journal de marine. Pour cet effet, on prend un canon de fuſil du plus petit calibre, qui n’ait point