Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/575

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

oppoſé à celui de preſſion, que l’air atmoſphérique exerce ſur la ſurface de la terre, cette preſſion de haut en bas ſur le mercure devoit en être conſéquemment diminuée, & ſon abaiſſement en réſulter. Après cette élévation des vapeurs, leur poids ajouté à celui de l’air conſpire à augmenter la preſſion de l’atmoſphère de haut en bas. Cette hypothèſe, liée avec le ſyſtême de M. Woodward, ſur l’origine & l’organisation du globe de la terre, porte sur la même baſe, que la terre eſt un globe creux, rempli d’eau, &c. Ce ſyſtème a été victorieuſement réfuté par pluſieurs savans, & entr’autres par M. de Buffon ; & cet objet est étranger à celui de ce dictionnaire. Il ſuffit ici de faire obſerver que les vapeurs forcées de s’élever par la chaleur ſouterraine juſqu’à la ſuperficie de notre globe, & après avoir traverſé une certaine épaiſſeur de terres différentes, n’auroient pas conſervé aſſez de force pour ſoutenir en certains temps la quatorzième partie de ſon poids, &c.

15o. Il faut peut-être rapporter ici l’opinion ſuivante d’un italien : la cauſe qui, avant la pluie, produit un changement dans la peſanteur de l’air, eſt, ſelon M. Pignotti (conjetture-meteorologiche), profeſſeur de phyſique à Piſe, le mélange de certaines exhalaiſons qui s’élèvent alors de la terre. « Cette chaleur étouffante de l’air, qui précède la pluie, indique une fermentation ſouterraine. Les exhalaiſons qu’on voit en pluſieurs endroits, & la reſpiration plus difficile des animaux, comme lorſqu’ils ſont expoſés à un air imprégné de la vapeur des corps enflammés ou qui fermentent, indiquent la préſence d’une ſemblable vapeur. Enfin, comme l’obſerve Woodward, les mineurs qui ſe trouvent quelquefois à des profondeurs conſidérables, au-deſſous de la ſurface de la terre, prévoient la pluie par la chaleur extraordinaire qu’ils ſentent dans les minières, & par une vapeur chaude qui, en s’élevant, obſcurcit la lumière des chandelles ou lampes, dont ils ſe ſervent pour travailler. Toutes ces obſervations réunies nous font voir, dit-il, que, quand la pluie eſt ſur le point de tomber, il ſort de la terre une exhalaiſon qui, ſe mêlant avec l’air, en altère la qualité & le rend nuiſible.

16o. M. de Mairan, dans une diſſertation couronnée à l’académie de Bordeaux, en 1715, ſur la cauſe des variations du baromètre, l’a attribuée à l’état de l’air, quant au mouvement & au repos. L’air en repos, pèſe ſur la terre autant qu’il peut y peſer ; & dès qu’il ſe meut, ſa preſſion diminue plus ou moins, ſuivant la vîteſſe du courant & ſa direction qu’il ſuppoſe n’être jamais de haut en bas. Les vents étant les plus ſûrs indices du mouvement de l’air, c’eſt par eux que cet illuſtre académicien explique particulièrement les changemens de hauteur du mercure dans le baromètre. Cette hypothèſe a beaucoup de rapport avec celle de Halley, qu’on a expoſée ci-deſſus avec un détail ſuffiſant.

17o. On a déjà vu que les premiers phyſiciens qui s’occupèrent de la cauſe des variations du baromètre, avoient regardé comme un principe général, que le mélange des vapeurs avec l’air augmente ſon poids, & qu’après leur chûte il diminue. En conſéquence, ils crurent voir que la plus grande hauteur du mercure étoit un ſigne de la pluie : l’obſervation la plus conſtante ayant démontré le contraire, on changea de principe, & pluſieurs penſèrent alors que les vapeurs étoient ſoutenues dans l’air quand leur peſanteur ſpécifique étoit moindre que la ſienne, & qu’elles retomboient quand le rapport de ces peſanteurs ſpécifiques étoit oppoſé. Conduits par cette idée, dit M. Deluc, ils cherchèrent les cauſes de ces changemens de peſanteur relative, & de là naquîrent les divers ſyſtêmes qu’on vient de rapporter. Mais l’aſcenſion des vapeurs par leur légèreté ne fut pas généralement admiſe. Le docteur Vallis l’a conteſtée ; & Woodward eut recours à une impulſion des vapeurs contre l’air, pour expliquer les phénomènes du baromètre. Pluſieurs phyſiciens ont écrit depuis lors, pour prouver que les vapeurs, malgré leur aſcenſion, reſtent toujours ſpécifiquement plus peſantes que l’air, comme les molécules des métaux reſtent ſpécifiquement plus peſantes que les menstrues dans leſquels ils ſont ſoutenus par la diſſolution.

18o. M. Hamberger, dans ſes élémens de phyſique, a ſoutenu que les vapeurs ne peuvent devenir par elles-mêmes plus légères que l’air, étant eſſentiellement d’une peſanteur ſpécifique plus grande que celle de l’air, & conſéquemment qu’elles ne peuvent s’élever dans l’atmoſphère par l’excès de peſanteur de l’air atmoſphérique ſur elles. Il a enſuite attribué la formation des vapeurs à une eſpèce de diſſolution de l’eau par l’air à la façon des menſtrues, & leur aſcenſion au mouvement des particules ignées qui ſe portent vers l’air plus froid que l’eau, & qui paſſent de la partie inférieure de l’atmoſphère à la ſupérieure, lorſque celle-ci eſt moins chaude que la première. Suivant cet auteur, ces particules de feu entraînent celles de l’eau par le mouvement qu’elles leur impriment, quoique les dernières ſoient plus peſantes que l’air : il en donne pour preuve les globules qu’on voit s’élancer hors des liqueurs qui ſont prêtes à bouillir. Ces particules d’eau en montant avec rapidité par l’impulſion des molécules ignées, heurtent à leur tour contre l’air dont elles ſuſpendent ainſi la preſſion ſur la terre : le baromètre doit donc baiſſer pendant cette aſcenſion. On verra ce qu’il faut penſer du fondement de cette opinion, lorſqu’on traitera des cauſes de l’elévation des vapeurs dans l’atmoſphère. D’ailleurs, comment concevoir que des particules d’eau imperceptibles à l’œil le plus perçant, ſoient lancées