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& que le mercure le ſurpaſſant, remontoit dans le col de cette eſpèce de bouteille, parce qu’alors les diamètres des deux tubes étoient ſenſiblement égaux.

On n’a pu trouver encore une règle fixe, pour connoître la hauteur que doit avoir la colonne de mercure en un même lieu, dans des baromètres de figures données, à cauſe de la grande variété qu’on y apperçoit ; néanmoins il eſt ſûr que les baromètres faits d’un tube recourbé par l’une de ſes extrémités & de diamètre égal d’un bout à l’autre, ſont les ſeuls dont la hauteur au-deſſus du niveau repréſente immédiatement celle de la colonne de mercure ſoutenue par le poids de l’atmoſphère, & que par conſéquent ils ſe tiennent tous à la même hauteur.

Moyen de faire des baromètres qui ſe tiennent à la même hauteur dans le même lieu, & dont la marche ſoit uniforme. Tous les baromètres expriment la peſanteur de l’air, mais ſi l’on en conſtruit pluſieurs ſans les précautions requiſes, on remarquera qu’ils ſe tiendront preſque tous à des hauteurs différentes, quoique conſtruits en apparence de la même manière ; on obſervera encore que leurs rapports ne ſe conſerveront pas les mêmes, ſoit en les laiſſant dans le même état, ſoit en les vidant & rempliſſant à diverſes fois.

Une des cauſes de cette différence conſiſte dans l’air qui reſte dans les baromètres qui n’en ont pas été purgés par le feu. L’air, comme on ſait, s’attache à la ſurface des corps ſolides ; celui qui tapiſſe l’intérieur des tubes agit par ſon élasticité pour faire deſcendre le mercure ; le reſſort de l’air eſt augmenté ou diminué par des cauſes accidentelles, & fur-tout par l’humidité, de ſorte qu’en différens temps & en divers lieux, celui qui reſte dans un même tube peut être plus ou moins élaſtique ; l’influence de la chaleur doit encore faire varier ces effets de différentes manières. Que ſeroit-ce, ſi à ces cauſes de variétés, on ajoute celle des ſaletés laiſſées au mercure, & à la plus ou moins grande quantité d’air qui ſe trouvera au haut de divers baromètres chargés à l’ordinaire.

L’expérience prouve de plus directement que l’effet de la chaleur eſt différent ſur les baromètres purgés d’air par le feu, & ſur ceux qui ne le ſont pas, ainſi que nous l’avons rapporté, en traitant dans cet article Baromètre, de l’effet que la chaleur produit ſur le baromètre. La marche des baromètres purgés d’air par le feu eſt toujours uniforme, quelque ſoit le nombre de ces baromètres ; elle eſt au contraire infiniment irrégulière dans ceux qui n’ont pas reçu cette préparation ; les quantités d’air reſtantes dans ceux-ci étant très-inégales, tandis qu’elles ſont égales dans ceux qui ont été purgés d’air par le feu. La raiſon en eſt, ainſi qu’on l’a déjà expliqué, que le mercure qui eſt dans un état d’ébullition, a toujours un degré de chaleur conſtant, & expulſe une quantité égale d’air.

Il eſt donc néceſſaire que tout baromètre, deſtiné à meſurer les hauteurs, ſoit purgé d’air par le feu, comme on l’a dit, qu’il ſoit muni d’un thermomètre de correction, auquel on aura toujours égard, &c. &c. en un mot, que toutes les conditions que nous avons preſcrites d’après M. Deluc ſoient obſervées. Mais pour éviter la difficulté de connoître la hauteur de la colonne depuis un point fixe, & l’erreur qui réſulte des différentes formes des réſervoirs, ſans tomber dans l’inconvénient que la ſaleté occaſionne dans les baromètres à branches égales, on peut employer le moyen ſuivant. Il faudroit que tous ceux qui font des baromètres, euſſent une ſorte d’étalon, qui ſeroit un baromètre fait d’un tube égal d’un bout à l’autre, & recourbé par le bas. Les réſervoirs des baromètres qu’on voudroit régler ſur celui-là devroient avoir un diamètre aſſez grand, pour que les variations de hauteur du mercure fuſſent inſenſibles dans le bas. On les placeroit auprès de l’étalon, après avoir nettoyé ſa branche inférieure ; & lorſqu’ils ſeroient à la même température, & dans une poſition verticale, on mettroit ſur les baromètres à régler, une échelle de deux ou trois pouces ſuivant les climats, divisée en lignes & ſubdivisée en quarts de ligne, en la fixant de manière que ces baromètres indiquaſſent ſur leur échelle, la même hauteur qu’indiqueroit l’étalon. Par cette opération ſeule, ils repréſenteront tous & conſtamment la vraie hauteur de la colonne de mercure, que le poids de l’atmoſphère peut tenir en équilibre au moment de l’obſervation.

Lorſqu’on obſerve, le baromètre doit être d’aplomb, & l’œil au niveau du mercure ; de plus il faut toujours frapper le baromètre avant d’obſerver, pour prévenir les effets de l’adhéſion du mercure aux parois du tube.

Il faut obſerver que les baromètres qu’on porte fréquemment ſur les montagnes, ſans prendre quelques précautions, reprennent un peu d’air ; il faut donc contenir le mercure dans le tube, de maniere qu’il ne puiſſe pas baloter.

Pour contenir le mercure dans le baromètre, on a employé un reſſort. La figure 322 montre la boîte d’ivoire qui ſert de réſervoir au baromètre, & qui contient le reſſort portant à ſon extrémité inférieure une ſoupape d’acier, garnie par deſſous d’une peau mince, qui s’applique exactement ſur l’ouverture du tube de verre recourbé qui forme le baromètre ; l’extrémité ſupérieure du reſſort eſt fixée dans le haut de la boîte ; une petite échelle d’une ligne de largeur, poſée sur la glace, ſert à indiquer la hauteur du mercure dans le réſervoir.