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Le tube étant rempli pour le tranſport, on ôte l’excédent du mercure, en tirant une cheville placée au bas de la boîte ; lorſqu’on met le baromètre en expérience, la ſoupape doit être ouverte ; lorſqu’on veut de nouveau le tranſporter, on fait rentrer le mercure dans le tube en l’inclinant ; on tourne alors la cheville, & la ſoupape s’abaiſſe ; l’inconvénient de ce moyen eſt que le mercure fait caſſer le reſſort au bout de quelque temps, ainſi que l’assure M. Deluc. C’eſt pourquoi ce phyſicien employa l’appareil de la figure 323, qui eſt ſemblable pour l’extérieur au précédent ; la ſoupape eſt à peu près de même, ſeulement elle eſt plus épaiſſe, & dans une poſition différente. Cette ſoupape tend toujours à s’ouvrir, par l’effort d’un reſſort preſque circulaire, monté ſur deux longues jambes, & fixé par deux vis aux côtés de la charnière. Ce reſſort forme à ſon extrémité oppoſée aux jambes une eſpèce d’anſe, qui s’abaiſſe & paſſe par-deſſous la fourchette de la ſoupape. On l’a élevé de cette manière, pour qu’il ſoit hors du mercure lorſqu’il eſt bandé ; c’eſt-à-dire, quand le mercure eſt rentré dans le tube du baromètre, & que la ſoupape eſt fermée : dans la figure la ſoupape eſt fermée. On a ſubſtitué à la cheville d’acier qui élevoit la ſoupape par le moyen de la chaîne une autre cheville à peu près ſemblable. Ici le mercure eſt contenu par un effet ſemblable à celui du coin. On doit obſerver que les pièces d’acier ſe rouillent, pour peu qu’elles ſéjournent dans le mercure : ainſi ce moyen n’eſt pas ſans défaut ; c’eſt pourquoi il faut avoir recours au baromètre portatif de M. Deluc, dont nous avons parlé à l’article Différentes eſpèces de baromètre, & en particulier baromètre portatif. On y verra la ſubſtitution heureuſe que cet habile phyſicien a faite d’un robinet aux ſoupapes ; robinet qui n’eſt ſujet à aucun inconvénient lorſqu’on ſuit dans ſa conſtruction les précautions qui ſont preſcrites. On y a repréſenté en particulier, dans une figure, la forme de ce robinet, & on y voit la figure entière de ce baromètre, dont on a encore détaillé la manière de s’en ſervir pour meſurer les hauteurs.

Le baromètre portatif étant conſtruit ſelon les principes de M. Deluc, toutes les précautions preſcrites étant obſervées, on connoîtra avec préciſion la différence de hauteur des deux lieux donnés en y faiſant des obſervations ſimultanées. Le baromètre, en l’une des deux ſtations, peut être de la forme ordinaire, pourvu qu’on ait ſoin de le mettre d’accord avec celui qui eſt deſtiné au tranſport, en plaçant convenablement ſon échelle ; il doit être auſſi purgé d’air par le feu, & accompagné d’un thermomètre.

Le baromètre portatif dont on vient de parler peut avoir un niveau qui lui ſoit adapté, pour eſtimer, par la hauteur des lieux où l’on ſe trouve, celle des lieux circonvoiſins ; dans la figure qui le repréſente, on voit des pinules qui ont été placées ſur la boîte de ce baromètre.

De ce que ce niveau eſt joint au baromètre, il en réſulte d’abord qu’il n’eſt pas néceſſaire de ſe tranſporter avec le baromètre dans tous les lieux dont on veut connoître la hauteur ; celle du lieu où l’on ſe trouve, peut ſervir à en déterminer beaucoup d’autres par le moyen du niveau. En montant ou deſcendant ſur le penchant d’une haute montagne, & joignant toujours les obſervations du baromètre à celles du niveau, on peut connoître la hauteur de tous les lieux qu’on découvre dans les environs.

On peut voir dans le Journal de Phyſique, dirigé par M. de la Metherie, année 1786, juillet, pag. 16, un mémoire de M. Paſumot ſur la manière de déterminer l’élévation d’un ſol au-deſſus du niveau de la mer, conclue des obſervations de la hauteur du mercure dans le baromètre ; puiſque la hauteur du mercure varie à meſure que la colonne d’air correſpondante eſt plus longue ou plus courte ; il eſt donc néceſſaire d’avoir un lieu fixe pour déterminer la hauteur du mercure ; & comme cette hauteur varie encore à raiſon de la variation de l’état de l’atmoſphère, il faut obſerver la plus grande hauteur & la plus petite pour fixer une hauteur moyenne qui puiſſe être un terme de comparaiſon. Pour cela on choiſit le bord de la mer où la hauteur moyenne du mercure eſt de 28 pouces, qui ſont le terme de comparaiſon, & qui ſeront conſéquemment le point fixe de la hauteur moyenne pour tous les endroits qui ne ſeront ni plus élevés, ni plus abaiſſés. D’où il réſulte qu’en déterminant la hauteur moyenne du mercure dans le lieu qu’on habite, on connoîtra ſon élévation au-deſſus du niveau de la mer, au moins très-à peu près, en réduiſant en toises la différence entre cette hauteur moyenne & celle de 28 pouces. C’eſt ainſi qu’après beaucoup d’obſervations, on a déterminé la hauteur moyenne du mercure dans la ſalle de l’Obſervatoire royal de Paris, à 27 pouces 7 lignes 2 tiers, qui, ſelon l’évaluation de MM. Caſſini & Maraldi, donnent 46 toises d’élévation au-deſſus du niveau de l’Océan, & 45 au-deſſus du niveau de la Méditerranée. On cherchera donc le réſultat moyen des principales obſervations faites dans un lieu ſur la plus grande & la plus petite hauteur, en ayant égard à la température moyenne des obſervations.

Hauteur moyenne du baromètre au niveau de la mer. On dit communément que cette hauteur eſt de 28 pouces ; mais le P. Cotte, très-verſé dans cette matière, penſe que cette détermination eſt trop petite ; il ſe fonde, 1o. ſur les obſervations que l’abbé Chappe a faites au niveau de la mer, dans ſon voyage en Sibérie ; 2o. ſur l’aſſertion de M. Suckburgh, qui a trouvé, d’après cent trente-