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deux obſervations faites, tant en Angleterre qu’en Italie, que la hauteur du mercure au bord de la mer eſt de 30,04 pouces anglois ; ce qui répond à 28 pouces 1,8 lignes de notre pied-de-roi ; 3o. ſur la détermination de M. l’abbé Toaldo, qui dit que cette hauteur à Padoue eſt de 28 pouces 1,4 lignes ; 4o. ſur l’expérience de M. de Lamanon, qui, au bord de la Méditerrannée, a trouvé que l’état moyen du baromètre, au niveau de la Méditerranée, étoit de 28 pouces 2 lignes ; 5o. ſur la différence qui doit ſe trouver entre l’élévation du mercure au bord de la Seine, à Paris, au pont-royal, & cette même élévation au bord de la mer, il eſt certain qu’elle eſt dans ce premier endroit de 28 pouces 0,0 lignes au moins ; elle doit donc être plus grande au bord de la mer ; & ſi on ſe fixe à la hauteur de 28 pouces 1,8 lignes déterminée par M. Suckburgh, la Seine auroit environ 12 toiſes de pente depuis Paris juſqu’au Havre, en comptant, avec M. Deluc, 13 toiſes par ligne ; & elle en auroit 25 en comptant 15 toiſes par ligne avec M. Suckburgh. M. Picard lui donne 176 pieds ou 29 toiſes 2 pieds de pente, depuis le fond de cette rivière juſqu’au niveau de la mer ; ce qui ſe réduit à 24 toiſes 5 pieds, en partant du no. 13 de l’échelle du pont-royal. Cette meſure répondroit à environ 2,0 lignes de différence pour le baromètre ; ainſi, dans tous les cas, l’élévation moyenne au bord de la mer, doit être plus grande que celle de 28 pouces qu’on aſſigne ordinairement. D’après la disſcuſſion que le P. Cotte a faite des obſervations de divers phyſiciens dans des ports de mer, & pendant pluſieurs années, il en réſulte que cette élévation moyenne approche beaucoup de 28 pouces 3,0 lignes ſur le bord de l’Océan.

La règle générale que M. Deluc a donné pour trouver les hauteurs des montagnes par le moyen du baromètre, en tenant compte de l’effet de la chaleur, conſiſte à prendre les cinq premiers chiffres des logarithmes de la hauteur du baromètre en lignes ; dans les deux ſtations, la différence donne la hauteur en toiſes, lorſque le thermomètre eſt à 16 degrés trois quarts au-deſſus de la congélation ; il en faut ôter un deux cent quinzième pour chaque degré dont le thermomètre eſt plus bas, ou ajouter pour chaque degré au-deſſus de 16 degrés .

Pluſieurs phyſiciens ont appliqué cette règle à leurs obſervations, & ont cru devoir faire quelques corrections à ces nombres ; les différences viennent peut-être de l’humidité de l’air, dont M. Deluc n’a pu tenir compte.

M. le chevalier Suckburgh, pendant le ſéjour qu’il fit à Genève, en 1775, meſura géométriquement & par le baromètre, les hauteurs de Salève & du Môle. Ces montagnes avoient été meſurées par M. Deluc ; mais le réſultat des nouvelles opérations fut que la méthode de M. Deluc donnoit les hauteurs trop petites d’environ un cinquantième. M. Tremblay, qui a calculé ces obſervations ſuivant la méthode de M. Deluc, les a réduites en tables, en a diſcuté la marche, & a trouvé que c’eſt vers le douzième degré du thermomètre que la correction doit être nulle, & non à 16 .

L’on trouve auſſi dans les tranſactions philoſophiques pour 1777, un mémoire très-détaillé de M. le colonel Roy, ſur ce ſujet. Il contient 83 obſervations de hauteurs barométriques faites en Angleterre, & comparées avec les meſures géométriques. Au moyen de ces obſervations, M. Tremblay a calculé une table analogue à celle qu’il a donnée pour les obſervations de M. le chevalier Suckburgh, & il trouve onze degrés & demi pour le degré où la correction eſt nulle ; & pour la correction qui répond à chaque degré au-deſſus ou au-deſſous du terme. On peut voir ſur cet objet, outre les ouvrages qu’on vient de citer, l’analyſe de quelques expériences faites pour la détermination des hauteurs par le moyen du baromètre, par M. Jean Tremblay, & le Journal des Savans, ſeptembre 1786.

M. Roſenthal & M. Damas ſe ſont auſſi occupés de cet objet ; M. Hennert, profeſſeur de Mathématiques à Utrecht a fait une diſſertation ſur la meſure des hauteurs, qui a été courronnée par l’académie des Sciences de Gottingue. Par une analyſe, il y ſoumet au calcul toutes les obſervations qui ont été faites ſur les hauteurs du baromètre pour trouver les hauteurs des montagnes, & donne des formules & des tables pour les réduire avec plus d’exactitude. Il fait voir encore dans cet ouvrage que les dilatations des meſures vont en diminuant, & qu’ainſi le thermomètre à mercure n’eſt pas propre à déterminer la dilatation de l’air, & qu’il faudroit y employer un manomètre ou thermomètre à l’air ; il y a inſéré des tables pour les réduire l’une à l’autre, en donnant pour chaque degré du thermomètre de Fahrenheit, les dilatations du mercure & celles de l’air ſec & de l’air humide. (Voyez le mot Gaz, ſur la manière de déterminer leurs quantités par le volume).

M. Deluc, depuis la publication de ſon ouvrage ſur les modifications de l’atmoſphère, a eſſayé ſes règles pour la meſure des hauteurs par le baromètre dans les profondeurs des mines du Hartz, afin de ſavoir ſi dans ces puits, où les exhalaiſons de tant d’eſpèces ſe répandent, les condenſations de l’air ſuivoient les mêmes lois qu’au dehors ; & il a trouvé, en comparant ſes meſures barométriques avec des meſures géométriques, que la différence étoit très-peu de choſe : ce qui le surprit d’abord ; car il avoit imaginé que les exhalaiſons de toute eſpèce qui ſe répandent dans les mines,