Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/592

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devoient y altérer les lois communes de l’élaſticité de l’air en différens degrés de chaleur, & peut-être ſon élaſticité abſolue. Mais en réfléchiſſant enſuite ſur cette ſingulière conformité de l’air des mines avec l’air extérieur, il en apperçut la cauſe dans le ſoin extrême qu’on prend d’y faire circuler l’air extérieur, pour empêcher les mauvais effets des exhalaiſons.

Malgré toutes les expériences & obſervations par leſquelles M. Deluc a cherché à réaliser l’attente des grands phyſiciens qui ſongèrent les premiers à la meſure barométrique des hauteurs, cette méthode eſt ſujette encore à des anomalies très-ſenſibles, qui ne procèdent plus de défauts, ni dans les inſtrumens, ni dans le principe fondamental de la formule, ni dans l’équation pour les différences de la chaleur de l’air, mais de changemens dans la nature de l’air lui-même, suppoſée inaltérable dans la théorie de cette meſure. « J’avois déja établi, d’après mes expériences, dit ce ſavant dans une de ſes Lettres ſur la Météorologie, Journ. de Phyſique, par M. de la Métherie, en 1790, la probabilité de cette caiſſe générale d’anomalies ; & partant alors de ma théorie ſur les variations du baromètre, j’avois montré que les vapeurs aqueuſes pouvoient changer, tant la peſanteur ſpécifique des colonnes, que la loi des denſités relatives aux preſſions, & même la dilatabilité des colonnes mixtes par l’effet de la chaleur ; & j’indiquois par ces raiſons le beſoin d’un hygromètre pour perfectionner cette meſure. Mais encore ici, la quantité des vapeurs aqueuſes n’eſt point aſſez grande pour qu’on puiſſe attribuer à ſes variations les anomalies obſervées ? Ne viendroient-elles donc point du mélange à l’air commun, de quelque fluide aériforme » ? Ce ſont peut-être ces raiſons ou d’autres ſemblables qui ont fait croire à quelques phyſiciens qu’on s’étoit trop preſſé de ſuppoſer des règles fixes & de conſtruire des tables en conſéquence, tandis qu’on avoit encore tant de ſujets d’incertitude. Quoi qu’il en ſoit, il étoit de notre devoir de rapporter avec fidélité & impartialité l’état des choses ſur cette intéreſſante queſtion.

Le frottement du mercure contre les parois du tube du baromètre, & leur attraction mutuelle ſont encore une des grandes difficultés qui reſtent pour parvenir à une exacte obſervation de la hauteur du mercure, dans le baromètre. On n’eſt jamais ſûr que le bord du mercure au contact du tube, ſoit à une hauteur exactement correſpondante au poids de l’air. Ce bord s’élève trop ou trop peu, ſuivant des circonſtances dépendantes, ſans doute de l’état du verre & du mercure, qu’on ne ſauroit déterminer, mais dont la variété eſt prouvée par celle des points où ces bords s’arrêtent ſucceſſivement dans les mêmes temps, lorſqu’on agite la colonne ; par l’irrégularité du bord dans certaines parties du tube, malgré des ſecouſſes qui ſembleroient devoir détruire tout ce qui ne tient qu’au frottement ; par la différence que l’on trouve quelquefois dans la hauteur de la colonne barométrique, en changeant la quantité du mercure dans un même tube ; & enfin plus particulièrement par la comparaiſon de deux baromètres également bien faits, qui s’écartent tres-ſouvent & en ſens contraire, d’, & même quelquefois d’ de ligne.

Perſuadé que cette incertitude étoit occaſionnée par le frottement du mercure contre le verre, & par des variétés dans leur attraction mutuelle, M. Deluc avoit déſiré, comme il le dit dans ſon ouvrage, de pouvoir déterminer la hauteur de la colonne barométrique, en partant de la convexité du mercure à ſes extrémités, parce qu’il penſoit que probablement l’axe de cette colonne ne participoit que fort peu au frottement qu’éprouve la circonférence, ni aux irrégularités de l’attraction du verre.

L’attraction & le frottement agiſſent ſi fort ſur la couche extérieure du mercure à la circonférence de la colonne qu’en apparence, elle ne ſe meut pas. Quand le mercure monte, l’extrémité de la colonne forme comme une gerbe qui ſe verſe du milieu vers les bords. Quand au contraire il deſcend, la ſurface s’applatit, ſouvent même ſe creuſe, & le mercure coule des bords vers le milieu. On apperçoit fort bien cette maniere de ſe mouvoir du mercure, quand il y a de la pouſſière dans les tubes ; car elle reſte immobile, ainſi que l’air qui l’environne, quoiqu’on balance fortement le mercure, tant qu’elle reſte le long de la colonne, entre le mercure & le verre ; & s’il y en a de flottante à la ſurface ſupérieure du mercure, on la voit entraînée du milieu vers les bords, quand le mercure monte ; & au contraire quand il deſcend, elle revient des bords vers le centre, & s’accumule à la ſurface, à cauſe de ſa légéreté qui l’empêche de ſuivre le courant du mercure, rentrant par l’axe. Il eſt donc certain que le milieu de la colonne de mercure dans le baromètre, obéit beaucoup mieux que ſes bords à la preſſion de l’air. C’eſt ce qui avoit fait ſonger à M. Deluc, pendant quelque temps, à obſerver la hauteur de cette colonne par les extrémités de son axe, mais il ne parvint pas d’une manière qui le ſatiſfît, à rapporter la hauteur de ce milieu de la colonne ſur l’échelle, leur diſtance y étoit un obſtacle ; il craignoit que la parallaxe & la réfraction qui pouvoient réſulter de la poſition de l’œil, n’occaſionnaſſent plus d’erreur que l’irrégularité des bords, dont il pouvoit au moins déterminer aſſez exactement la hauteur par leur voiſinage de l’échelle.

C’eſt cette difficulté de juger la hauteur de l’extrémité ſupérieure de l’axe de la colonne de mercure qui a été vaincue par M. Ramſden. La rainure dans laquelle les tubes des baromètres de cet