Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/593

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artiſte ſont enchâſſés, eſt ouverte tout au travers de la monture, dans l’étendue où le mercure peut ſe mouvoir. Un anneau ou petit tube de laiton qui embraſſe le petit tube de verre, peut ſe mouvoir dans cette étendue ; il eſt porté par une pièce de laiton dentée, qu’un pignon fait monter ou deſcendre à volonté. À la partie antérieure de l’anneau eſt attachée un vernier qui marque ſur l’échelle, en millième de pouces, la hauteur du bord inférieur de l’anneau.

Quand on veut obſerver le baromètre, il faut le placer de façon que le côté antérieur ſoit oppoſé à la lumière. On amène enſuite l’anneau un peu au-deſſus de la colonne de mercure ; puis on le fait abaiſſer lentement, juſqu’à ce qu’il ne reſte plus de jour entre ſon bord inférieur & le ſommet convexe de cette colonne. Quand l’anneau eſt près d’arriver à ce point, on apperçoit la lumière réduite en cet endroit à un trait qui s’amincit de plus en plus, & enfin ſe coupe ſubitement. Rien n’eſt plus diſtinct que ce contact & un millième de pouce de différence dans la hauteur de l’anneau, le produit ou le détruit ! On ne ſauroit déſirer d’obſervation plus préciſe.

Il n’y a donc plus de doute ſur la meilleure manière d’obſerver la hauteur du mercure dans le baromètre, & il en reſte bien peu ſur l’exactitude du rapport de cette hauteur ainſi obſervée avec le poids de l’air. Car, quoique les cauſes des irrégularités dont on a parlé ci-deſſus, qui s’exercent immédiatement ſur les bords de la ſurface ſupérieure de la colonne, influent encore ſur le milieu de cette ſurface, comme M. Ramſden l’a remarqué dans ſes baromètres, où la convexité du mercure ne ſe trouve pas toujours exactement au même point, avant & après une ſecouſſe ; cette influence eſt cependant ſi petite, quand le tube a 2 à 3 lignes de diamètre intérieur, qu’on peut alors, ſans erreur ſenſible, la compter pour rien.

Si on veut appliquer cette invention au baromètre de M. Deluc, qui eſt à ſyphon, on mettra un anneau mobile au tube inférieur comme au tube ſupérieur. Ces deux anneaux ſeront portés par deux tringles qui, ſe rencontrant dans le milieu de la hauteur du baromètre, y gliſſeront l’une contre l’autre. Alors on lira l’obſervation ſur un vernier fixé à l’une des deux tringles, tandis que l’autre portera l’échelle du baromètre ; & on amènera les deux anneaux au contact des deux extrémités de la colonne de mercure, & par-là chaque tringle s’étant mue de la même quantité que ſon anneau, la diſtance verticale de ceux-ci, ſoit la hauteur barométrique du mercure, ſera exprimée par le vernier ſur l’échelle.

Baromètre lumineux. On a donné le nom de baromètre lumineux ou de Baromètre phoſphore à tous ceux qui, faits ſelon une certaine méthode qu’on expoſera bientôt, montrent une lumière dans la partie ſupérieure du tube, lorſqu’on les ſecoue un peu dans l’obſcurité.

La première obſervation de ce phénomène a été faite par M. Picard en 1676 ; il crut d’abord que cet effet venoit du mercure qui avoit été revivifié du cinabre. Mais en ayant donné du même à M. de la Hire, celui-ci ne put réuſſir à obtenir de la lumière. L’expérience n’eut même pas lieu, lorſqu’après la mort de M. l’abbé Picard on démonta & on rechargea enſuite ſon baromètre avec le même mercure.

Ce fut vers le même temps que M. Caſſini s’apperçut que le ſien commençoit à donner de la lumière. M. de la Hire trouva enſuite que celui de M. Picard commençoit à redevenir lumineux. Néanmoins quelques années après il perdit de nouveau cette vertu, quoiqu’on ne l’eût point dérangé. M. de la Hire crut alors que la matière qui produiſoit cette lumière s’étoit conſumée ou diſſipée, & qu’il ne devoit pas eſpérer de la rétablir. Mais enfin après avoir démonté & remonté ce baromètre vers la fin d’avril 1694, il redonna de la lumière étant agité, & continua enſuite d’en donner. L’expérience ne fut pas favorable aux conjectures qu’on avoit formées ſur la cauſe de ce phénomène, car le mercure du baromètre de M. Picard ne devint pas lumineux dans un autre tube, & celui de M. de la Hire produiſit de la lumière à diverſes fois. (Anciens Mémoires de l’Académie des Sciences.)

M. Jean Bernoulli, profeſſeur en mathématiques à Groningue, imagina en 1700 un autre hypothèſe pour expliquer ce phénomène qui lui avoit réuſſi, car il étoit venu à bout de former des baromètres lumineux, étant ſecoués dans l’obſcurité.

Comme l’on pouvoit ſoupçonner que la lumière, ou du moins une grande lumière, n’étoit ſi rare dans les baromètres, que parce qu’il n’y avoit pas un vuide parfait dans le haut du tuyau, ou que le mercure n’étoit pas bien purgé d’air, il s’aſſura par expérience, qu’avec ces deux conditions, des baromètres n’étoient encore que très-foiblement lumineux ; & par conſéquent que ce n’étoit-là tout au plus que des conditions, & qu’il falloit chercher ailleurs une véritable cauſe. De plus, ſon baromètre n’étoit en expérience que depuis quatre ſemaines, lorſqu’il rendit de la lumiere ; & ainſi on ne peut pas dire que la raiſon pourquoi pluſieurs n’en rendroient pas, eſt peut-être qu’il y avoit trop peu de temps qu’ils étoient en expérience.

M. Bernoulli avoit remarqué que quand on ſe-