Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/598

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

allemand lui avoit appriſe. En 1706, M. Dutal, médecin, fit inſérer dans les nouvelles de la république des lettres, un mémoire, où il confirme la réuſſite des opérations de M. Bernoulli, & croit que l’académie ne les a pas faites aſſez exactement. En 1708, M. Hauksbée, après avoir détruit un phoſphore conſtruit avec un globe vide d’air, qu’il faiſoit tourner rapidement ſur ſon centre, & qui par ce moyen rendoit beaucoup de lumière lorſqu’on en approchoit la main, croit que la lumière du baromètre n’eſt cauſée que par les frictions du mercure contre les parois intérieurs du tube vide d’air groſſier.

En 1710, M. Hartſoëker combattit les expériences de M. Bernoulli, niant tout, & n’apportant d’autre raiſon que la pureté du mercure & la netteté du tuyau ; ce qui, ſuivant l’expérience, ne ſuffit pas.

En 1715, Jean-Frédéric Weidler combattit auſſi M. Bernouilli, diſant que la pellicule que contracte le mercure en paſſant par l’air, ne nuit en rien à la lumière, qu’il croit ne venir d’autre choſe que de la répercuſſion des rayons, qui quoique dans l’obſcurité, conſervent leur même tenſion & leur même effort.

En 1716, Michel Heuſinger dit dans une diſſertation publiée ſur ce ſujet, que quelques baromètres où l’on remarquoit des bulles d’air, étoient lumineux, quoique moins, à la vérité, que ceux qui n’avoient point d’air ; les bulles d’air même, à ce qu’il dit, donnent quelquefois de l’éclat. La pureté du mercure n’eſt pas encore néceſſaire, puiſque vingt-trois parties de mercure mêlées avec cinq de plomb, ont rendu de la lumière. Selon lui, les particules du mercure ſont ſphériques, & les interſtices de ces petits globes contiennent beaucoup de matière ſubtile, qui s’en exprime lorſqu’on l’agite. Le mercure n’eſt lumineux que lorſqu’il deſcend, parce qu’alors il abandonne la matière ſubtile contenue dans ſes pores : mais en remontant il en abſorbe une partie, & l’autre s’en va par les pores du verre.

En 1717, M. de Mairan attribua cette lumière au ſoufre du mercure qui eſt en mouvement, & dit, qu’elle ſeroit beaucoup plus vive, s’il ne reſtoit dans les baromètres, les plus exactement vides d’air, une matière différente de la matière ſubtile & de l’air, qui arrête le mouvement de ce ſouffre & la lumière qui en réſulte, ce qui arrive ſur-tout lorſque le mercure monte ; au lieu que quand il deſcend, il y a une partie du tuyau la plus proche de la ſurface du mercure qui reſte, au moins pour un moment, libre de cette matière qui ne peut pas ſuivre le mercure avec aſſez de rapidité, & qui par ce moyen donne lieu à ſon ſoufre de ſe développer. Diſſ. ſur les philoſoph.

Il reſtoit encore quelque incertitude ſur la manière de rendre les baromètres lumineux. Les conditions abſolument néceſſaires ſont :

1o. Que le tuyau ſoit bien ſec ; on le nettoie aiſément avec du coton attaché au bout d’un fil de fer, la moindre humidité gâteroit tout : mais ce n’eſt, ſelon les obſervations de M. Dufay, qui a tourné de bien des ſens ces expériences, que l’humidité qui ſeroit au haut & dans le vide du tuyau, où la lumière doit paroître ; hors de-là, le tuyau peut être humide ſans inconvénient.

2o. Que le mercure ſoit bien net : il faut faire paſſer le mercure par un cornet de papier dont l’embouchure ſoit fort étroite, il y dépoſe ſuffiſamment ſes impuretés.

3o. Que le mercure ſoit bien purgé d’air : verſez d’abord dans le tuyau un tiers du mercure que vous devez employer, puis chauffez-le doucement & par degrés, en l’approchant petit-à-petit du feu ; en le remuant avec un fil de fer, vous aiderez la ſortie des bulles d’air qui ſont dans le mercure, & que la chaleur pouſſe dehors ; verſez un ſecond tiers auquel vous ferez de même, & enfin le troisième auquel vous ne ferez rien. La purification des deux premiers tiers ſuffit pour le tout.

M. du Fay ne s’eſt point apperçu qu’un différent degré de chaleur donné au mercure, produisît de différence ſenſible dans la lumière. Voyez, outre les ouvrages déjà cités, la thèse de M. Bernoulli, de Mercurio lucente in vacuo, ſoutenue à Bâle, en 1719, & imprimée dans le recueil de ſes œuvres. Genève, 1743.

M. Muſchenbroek fit ſur ce ſujet une hypothèſe bien différente de celle de M. Dufay. Bien loin de penſer que cette lumière fût due à l’abſence de l’air dans la partie ſupérieure du baromètre, il imagina au contraire que l’air en étoit la ſeule cauſe. Si on ſecoue dans l’obſcurité un baromètre, dit-il, & qu’on ne voie alors point de lumière ſur la ſurface du mercure, c’eſt une marque que le baromètre eſt parfait ; mais s’il rend de la lumière, c’eſt une preuve qu’il n’eſt pas tel qu’il doit être, car il y a alors un peu d’air dans le haut, auquel la lumière s’eſt attachée. Cet illustre phyſicien a penſé que la cauſe de ce phénomène venoit de ce que la lumière s’attachoit à l’air, & que s’introduiſant avec lui dans le tuyau à travers les particules du mercure, elle ſe manifeſtoit au-deſſus de la ſurface de ce métal. Cette hypothèse eſt démentie par les faits, car l’air ne paſſe pas à travers le verre, & la lumière n’a besoin d’être unie à ce fluide pour pénétrer le verre, &c. &c. Son opinion ſur l’imperfection des baromètres lumineux, préciſément à cauſe qu’ils ſont lumineux, eſt une erreur dans laquelle eſt auſſi tombé d’après lui, un autre excellent phyſicien, M. Deſaguil-