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liers ; ce que nous établirons bientôt le démontrera.

La cauſe qui rend les baromètres lumineux, n’a pu être connue avant le règne de l’électricité : ce phénomène eſt uniquement produit par le frottement du mercure contre les parois intérieures du tube de verre. Perſonne n’ignore que la cauſe principale qui excite le fluide électrique dans les expériences d’électricité, eſt le frottement d’un corps conducteur ſur une ſubſtance non-conductrice ; or, lorſqu’on ſecoue le baromètre, les oſcillations du mercure qui monte & deſcend alternativement produiſent un frottement ſur le verre dans le vide, d’où doit réſulter une lumière électrique ; comme lorſqu’on laiſſe tomber du mercure dans le vide, ainſi que l’expérience le prouve.

Parmi pluſieurs expériences de ce genre, voici celle que je choiſis pour le démontrer dans mes cours publics. Sur un ſupport placé ſur la platine de la machine pneumatique, je met une large ſoucoupe deſtinée à recevoir le mercure qui doit tomber ; ſur cette ſoucoupe on place un petit récipient dont le diamètre ſoit beaucoup moindre que celui de la ſoucoupe : tout cet appareil eſt enſuite recouvert d’un grand récipient qui ait un diamètre un peu plus grand que celui de la ſoucoupe. Ce dernier récipient eſt ouvert par le haut, mais il eſt enſuite fermé d’une virole, dans laquelle entre à vis la queue d’un entonnoir d’un bois très-denſe & couvert de vernis ; cet entonnoir eſt fermé intérieurement par une eſpèce de piſton qu’on peut ôter à volonté. Le piſton étant en place ; on verſe dedans l’entonnoir une certaine quantité de mercure. Après que le vide a été fait ſous le grand récipient, on élève un peu le piſton pour laiſſer couler du mercure qui tombe ſur le dôme du petit récipient intérieur, & auſſi tôt on voit dans l’obſcurité une belle lumière électrique dans l’intérieur du grand récipient. Dans cette expérience, il n’y a qu’un frottement du mercure ſur le verre dans le vide ; ce frottement du mercure ſur le verre a également lieu dans les oſcillations de la colonne du baromètre au haut du baromètre où est un vide d’air. Toutes les circonſtances étant les mêmes dans les deux expériences ; & la lumière y étant produite, on ne ſauroit diſconvenir que le phénomène des baromètres lumineux ne dépende de l’électricité. On ſera encore plus convaincu de cette vérité, en liſant les expériences que j’ai rapportées à la fin du no 9 de l’article Aurore boréale, & de ce qu’on établira à l’électricité dans le vide. Voyez les figures 132 & 133 ; elles repréſentent des tubes de verre, vides d’air, & contenant une petite portion de mercure. Il ſuffit de les agiter un peu pour qu’on apperçoive en tout temps & en tout lieu, dans l’obſcurité, d’une belle lumière électrique blanchâtre, & connue, ſous le nom de lumière phoſphorico-électrique.

Cette vérité ſuppoſée, on ne ſera pas ſurpris, 1o. que ſi le tube du baromètre où le mercure eſt humide, il n’y ait plus d’apparence de lumière, parce que l’humidité nuit à la production de l’électricité ; 2o. il en est de même des matières hétérogènes qui ſaliſſent les ſurfaces des ſubſtances frottantes ou frottées ; 3o. que dans un temps froid où l’électricité a plus d’énergie, la lumière phoſphorico-électrique des baromètres ſoit plus vive ; 4o. qu’une deſcente rapide du mercure produiſe de lumière qu’un abaisſſement lent & peu conſidérable, par la raiſon que la viteſſe du mouvement augmentée dans certaines limites accroît la force électrique ; 5o. qu’il y ait des tubes de baromètre chargés avec les précautions uſitées qui ne rendent point de lumière, parce qu’il y a des qualités de verre qui ne ſont pas auſſi propres que d’autres à l’électricité, ſoit que cela dépende de la qualité du verre, de la quantité de matières conductrices ou à demi conductrices qui entrent dans leur compoſition, ſoit de l’épaiſſeur du verre ; ſoit ſur-tout du degré de fuſion ou de recuit, circonſtances qui influent sur l’élaſticité du verre, & conſéquemment ſur ſon électricité ; 6o. que la lumière d’un baromètre phoſphoré ne brille que dans la deſcente du mercure, & non dans ſon élévation ; parce que, ſi dans ce dernier cas, les parties du verre frottées ſont auſſi-tôt couvertes & remplies de mercure, qui empêche par ſon opacité & par ſa vertu conductrice le fluide électrique de paroître au contraire, lorſque la colonne de mercure deſcend, les portions du verre frottées, & ſur la ſurface deſquelles le mercure eſt excité ſont découvertes, & le fluide électrique qui adhère à toute leur ſuperficie brille aux yeux, & s’étend même au-deſſus de ces parties de verre frottées, à cauſe que le fluide électrique ſe meut avec plus de liberté dans le vide, & s’y répand en tous ſens ; 7o. on voit quelquefois de petits points lumineux plus denſes, ou des eſpèces d’étincelles, accompagnées de pétillement ; effets produits par de petites accumulations du fluide électrique vers des parties plus denſes ou plus conductrices ; & par de petites décharges dans quelques points correſpondans de la ſurface extérieure. 8o. C’eſt à des charges & à des décharges ſucceſſives du fluide électrique dans la ſurface extérieure de la portion frottée du tube, qu’il faut attribuer les attractions & les répulſions de fils ſimples & de fils auxquels ſont ſuſpendus de petits morceaux de papier, qu’on préſente à la partie ſupérieure du tube des baromètres, lorſque le mercure éprouve des oſcillations. Cette explication eſt fondée sue l’imperméabilité du verre, & ſur la propriété qu’il a de ne ſe charger ſur une ſurface, qu’autant qu’il ſe décharge ſur la ſurface oppoſée, d’une égale quantité de fluide électrique.

Muſchenbroek a nié que ces attractions & ces répulſions euſſent lieu ſur le haut d’un tube de baromètre, lorſque le mercure s’abaiſſe ; mais re-