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gardant les baromètres lumineux comme mauvais, il n’a jamais fait ſes épreuves que ſur des baromètres qu’il regardoit comme bons, c’eſt-à-dire, qui n’étoient pas lumineux & par conſéquent électriques. Ainſi, il n’a pu voir ce phénomène dont tout le monde peut s’aſſurer par l’expérience la plus aiſée à répéter.

M. Ludolff s’eſt appliqué à prouver contre Muſchenbroeck, que, même après avoir mis le haut du tube & le fil extérieur, à l’abri de toute agitation de l’air, le phénomène des attractions & des répulſions avoit encore lieu. Pour cet effet, le haut du tube du baromètre, avec le fil & le papier ſuſpendu, furent renfermés dans un petit récipient de verre. On pompa l’air de ce récipient ; & afin que les mouvemens extérieurs ne puſſent influer dans l’expérience, il fit oſciller le mercure en suçant l’air du réſervoir du baromètre, & l’y laiſſa enſuite rentrer alternativement. Le réſultat fut toujours conſtant, & on vit des attractions & des répulſions du corps léger, ſuſpendu & renfermé ſous le récipient, lorſque le mercure montoit & deſcendoit. Voyez ſon appareil à la figure 205, la deſcription s’en trouve à l’article Électricité dans le vide. (Voyez ce mot). On y verra encore les expériences de MM. Jallabert, Wilſon, Hamburger, &c., relatives à cette matière.

Les baromètres conſtruits ſuivant la méthode de M. du Fay étant secoués dans l’obſcurité font paroître dans le vide qui eſt au haut, des jets de lumière ; mais ceux qui ſont faits par le procédé expoſé en traitant des baromètres à ſurface plane, étant ſecoués de la même manière, ne donnent aucune lumière. Cette différence vient néceſſairement de la conſtruction. Dans ces derniers baromètres, dit D. Caſbois, le mercure a bouilli avec force & à pluſieurs repriſes ; & paſſant rapidement de la boule ſupérieure qu’on a pratiquée au haut du tube à la boule inférieure, il a, par ſon frottement & ſa chaleur, détaché & enlevé juſqu’aux moindres parcelles d’air qui pouvoient y adhérer : il n’en eſt pas ainſi des baromètres de M. du Fay. Le mercure n’y a bouilli que foiblement, & on pourroit prouver qu’il eſt resté ſur les parois intérieurs du verre quantité de parcelles d’air, contre leſquelles frotte le mercure en montant & en deſcendant dans le tube. Le frottement du mercure contre l’air adhérant au verre, eſt vraiſemblablement la cauſe de la lumière qui paroît dans les baromètres de M. du Fay. Ce qui ſemble confirmer cette conjecture, c’eſt que ſi l’on ſecoue un baromètre à ſurface plane, & que par haſard une bulle d’air vienne à s’y introduire, cette bulle en ſillonnant le mercure, ſera lumineuſe, & le baromètre qui auparavant n’étoit pas lumineux, le deviendra du côté où le tube a été touché par l’air : trop d’air nuit à la lumière, de même trop peu d’air l’empêche de paroître. On ne s’apperçoit pas avec la machine pneumatique de cette dernière circonſtance, parce que cet inſtrument en général n’eſt pas aſſez parfait pour évacuer l’air au même point qu’eſt le vide exiſtant, au haut du baromètre dont on a fortement fait bouillir le mercure.

Des connoiſſances que procurent les obſervations barométriques. Les principaux objets qu’on peut ſe propoſer dans les obſervations du barométre, ſont : 1o. de pouvoir prédire par ſon inſpection ou le beau ou le mauvais temps ; 2o. de connoître l’étendue de ſa variation dans le climat qu’on habite ; 3o. enfin de comparer ſon élévation moyenne ou chacune de ſes variations, avec des obſervations correſpondantes en d’autres lieux. Nous avons déjà parlé de la meſure des hauteurs, &c.

Le baromètre peut ſervir à annoncer, quelques inſtans à l’avance, les changemens de temps qui doivent avoir lieu dans l’atmoſphère, parce que, tout étant lié dans la nature, les grands changemens qui ſont ſur le point de ſurvenir, ſont précédés par des changemens moindres, que des ſens groſſiers ne peuvent ſaiſir : auſſi n’eſt-ce que par le moyen des inſtrumens de la phyſique, ou par des  mouvemens particuliers des animaux dont les ſens ſont plus exquis, qu’on peut s’appercevoir des variations qui ſe préparent dans l’état de l’atmoſphère ; les cauſes qui les produiſent ayant une action dont l’intenſité eſt progreſſive.

Pour être en état de prédire les changemens de temps par l’inſpection du baromètre, il faut avoir obſervé pendant long-temps les variations du baromètre, & les avoir comparé avec les changemens qui ont lieu immédiatement après dans l’atmoſphère. Les phyſiciens ayant recueilli ces ſortes d’obſervations faites en divers endroits, en ont tiré des règles générales qui diffèrent beaucoup de ces annonces empiriques qui ont inſpiré tant de préjugés de ce genre à ceux qui ignorent la phyſique.

On a obſervé aſſez généralement, 1o. que lorſque le mercure monte, le temps devient enſuite beau ; 2o. qu’il ſera au contraire mauvais, lorſque le mercure deſcend ; mais par mauvais temps, il faut entendre, non-ſeulement la pluie, mais encore des brouillards un peu épais, du vent, de l’orage, &c.

3o. Pour que ces règles ſoient ſûres, il faut que l’élévation du mercure dans le baromètre, ou ſon abaiſſement ſoient conſidérables, par exemple de 3, 4 ou 5 lignes ; plus la différence des hauteurs ſera grande, plus le temps ſera beau & durable.

4o. La certitude du beau ou du mauvais temps & ſa durée ſuivent aſſez la lenteur des variations du mercure. Ainſi le temps ſera conſtamment beau pendant un certain temps, ſi le mercure eſt monté