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d’une quantité notable pendant pluſieurs jours ; de même il fera long-temps mauvais, s’il deſcend ſucceſſivement pendant un certain temps.

5o. Mais ſi le mercure deſcendoit tout-à-coup de pluſieurs lignes, on ſeroit aſſuré d’un grand vent ou d’une grande pluie, d’une tempête ou d’un ouragan ; c’eſt ce que j’ai ſouvent obſervé. Une aſcenſion rapide du mercure n’annonce pas toujours un beau temps même inſtantané ; mais des abaiſſemens ſubits & conſidérables, préſagent toujours une tempête.

6o. Si le mercure s’élève ou s’abaiſſe d’une petite quantité, on ne pourra rien en conclure, relativement aux prédictions du temps : on ſaura ſeulement que le poids, ou l’élaſticité de l’air ont changé ; que ſa preſſion ſur la ſurface de la terre eſt plus ou moins grande qu’auparavant.

7o. Si le mercure varie continuellement, on peut être certain que l’état du temps ſera variable.

8o. Pendant la durée des orages, on remarque des oſcillations plus ou moins grandes.

Ces règles ſont en général infaillibles ; & pour que le baromètre ne trompe pas dans ſes indications, il faut circonſcrire celles-ci dans de justes bornes. Elles le deviendront encore davantage ſi on y joint les obſervations des autres inſtrumens météorologiques, tels que le thermomètre, le manomètre, le daſymètre ; l’hygromètre, &c. &c.

On a fait encore quelques obſervations qu’on ne doit pas généraliſer, car elles n’annoncent pas conſtamment l’effet qu’on a remarqué dans pluſieurs occaſions ; telles ſont les ſuivantes, que dans un temps fort chaud, l’abaiſſement du mercure prédit le tonnerre ; qu’en hyver l’aſcenſion du mercure annonce la gelée, & ſa deſcente le dégel, &c.

Afin d’obſerver plus commodément les différences, & les variations qui ſurviennent dans la hauteur de la colonne barométrique, il eſt néceſſaire de placer un petit curſeur ou aiguille mobile qui puiſſe s’élever & s’abaiſſer à volonté dans la partie ſupérieure du baromètre où l’échelle eſt placée, & qu’on aura ſoin de faire gliſſer à la hauteur correſpondante du mercure, chaque fois qu’on fera une obſervation ; & de tenir enſuite note des obſervations.

Il eſt inutile de mettre ſur l’échelle du baromètre, comme on le fait ſouvent, tempête, grande pluie, pluie ou vent, temps variable, beau temps, beau fixe ; parce que le baromètre qui deſcend, n’annonce pas, ainſi que nous l’avons dit, excluſivement la pluie, mais la pluie, ou le vent, &c. Cependant ſi quelqu’un déſiroit déplacer vis-à-vis de l’échelle de ſon baromètre ces indications il ſeroit néceſſaire de ſuivre une règle dans cette eſpèce de graduation.

La meilleure méthode eſt de connoître les extrêmes de la variation du mercure dans le lieu qu’on habite, c’eſt-à-dire, la plus grande & la plus petite élévation, de diviſer cet intervalle en ſix parties égales, & de placer devant chacune d’elles les indications ordinaires. Si, par exemple, le plus grand abaiſſement du mercure eſt de 26 pouces et demi, & la plus grande hauteur 29 pouces, cet intervalle comprenant deux pouces & demi, ou 30 lignes, on diviſera 30 par 6, le quotient 5 fait voir que chaque indication aura une latitude de 5 lignes. Ainſi on écrira tempête devant les cinq premières lignes qui ſont au-deſſus de 26  pouces ; grande pluie à côté des 5 lignes qui viennent après ; & ainſi de ſuite en montant. Cette indication ſera encore plus juſte ſi on diminue ou ſi on augmente les diviſions particulières qu’on vient de déſigner, ſelon qu’une expérience habituelle l’aura fait connoître. On pourra conſéquemment dans certains endroits donner, par exemple, moins de 5 lignes à tempête & à beau fixe, & augmenter temps variable.

Ce tableau indicateur étant fait d’après l’obſervation, ſera un modèle qu’on répandra dans une contrée, afin qu’on s’y conforme. On ſent d’après ce qu’on vient de dire, que les échelles miſes ſur les baromètres, infidèles de toutes les façons, que les italiens vendent dans les provinces, ſont très-défectueuſes, puiſqu’ils ignorent la latitude de la marche du baromètre dans divers lieux.

Une obſervation conſtante prouve que, lorſque le mercure eſt violemment agité dans un baromètre, la ſurface ſupérieure de la colonne eſt concave quand il deſcend, & convexe quand il monte ; c’eſt auſſi ce qui arrive, mais d’une manière moins ſenſible, lorſque les mouvemens ou les oſcillations de la colonne de mercure ſont moins conſidérables. Un phyſicien en a conclu que dans tous les cas où il devoit y avoir une aſcenſion ou un abaiſſement du mercure (conſéquemment à une peſanteur plus ou moins grande de l’air), on pouvoit la prédire, en obſervant avec attention la plus ou moins grande convexité ou concavité de la ſurface ſupérieure de la colonne de mercure, parce que ces effets étoient des ſignes avant-coureurs ; mais ſi ces effets étoient réels, ils ſeroient proportionnels, conſéquemment ſi petits dans le plus grand nombre des circonſtances, qu’on ſeroit induit en erreur en les conſultant. Ainſi cette remarque ingénieuſe ne peut avoir une utilité pratique générale.

L’étendue de la variation de hauteur du mercure dans le baromètre étant très différente dans les