Page:Engel - Traité de la nature, de la culture, et de l'utilité des pommes de terre, 1771.djvu/59

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qu'un travail en pure perte ; il ſ'appliquera à ce qui lui eſt probable pour lui & pour ſon bétail. Alors ſi des années calamiteuſes furviennent, la diſette ſe manifeſte fortement tout d'un coup ; mais tandis qu'il faura où on les lui achètera & payera, jamais il ne négligera les bleds.

Utilité generale des pommes de terre. Ce que nous venons de dire pourroit ſuffire ; nous y ajouterons pourtant encore quelques remarques.

Cette denrée augmente la population, ſoit directement, ſoit indirectement ; l'Auteur Anglois aſſure qu'en Irlande on voit ſortir de chaque miſerable cabane des enſans par trois, quatre, ou cinq couples ; ce qu'il ne peut attribuer qu'à la nourriture, laquelle, chez les adultes, n'eſt que les pommes de terre ; indirectement parce qu'il a été démontré que par cette culture, les vivres, pluſieurs denrées, des plus néceſſaires & agréables font multipliées preſque à l'infini, & que par-tout où une nourriture ſaine eſt en abondance & ne manque jamais, la population fera fleuriſſante ; par conſéquent tout l'Etat, d'autant plus que le travail que cette production exige, eſt tel, qu'il ne favorife rien moins que la fainéantiſe, & ſi l'appas du gain qui en réſulte, ne le déracine pas, on ne pourra plus eſpérer de l'extirper de même que ſes fuites ; pertes aſſez funeſtes à notre pays, où tant de ces frelons ne cherchent qu'à conſumer ce miel que les diligentes & actives ramaſſent ; chargent le ſouverain bienfaiſant, raviſſent les mènes