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DE CHARLES DE L'ESCLUSE

Lettres, que nous devons éditer, avaient été adressées, et même je l’ai prié, s’il avait quelques autres lettres de Kleinaerts (qu’il doit avoir certainement), de ne pas en priver la postérité, et de faire tous ses efforts pour empêcher le nom de Kleinaerts de rester inconnu. Vaes est en quelque façon sincère et érudit : c’est pourquoi je suis porté à croire, en raison de sa bonne foi, qu’il communiquera au monde les opuscules de Kleinaerts qu’il possède.

Ici, la cherté des vivres a excité beaucoup de troubles populaires. Certains ajoutent même que le Roi Philippe[1] doit venir ici l’été prochain, et que son arrivée, d’après l’opinion générale, donnera certainement lieu à de grandes séditions.

Ce que j’ai appris du mariage de Condé m’a fait plaisir. En effet, lorsque je revenais d’Espagne, j’avais su qu’il avait demandé la main de la fille du Duc de Guise : or ce mariage n’aurait pas pu se faire sans offenser beaucoup de gens, et les noces ne se seraient peut-être pas célébrées sans quelque massacre. Avec cela que ce mariage ne pouvait plaire non plus à toutes les âmes pieuses. Car, bien que le Prince de Longueville (que je crois être le frère de la future) ait pris les armes contre Condé, j’ai appris que c’était cependant toujours un homme pieux et assez honnêtement élevé, puisque sa mère est la Dame de Neufchâtel, qui réside seulement à quelque mille pas de Lausanne, dont Farellus désire toujours être évêque.

On rapporte que le Sultan équipe une grande et solide flotte pour le printemps prochain. Que Dieu détourne ces desseins et ces entreprises pour la gloire de son nom et le salut du Christianisme !

Adieu, cher Rediger. — Anvers (demain retour à Bruges, où je compte passer le reste de l’hiver), 16 Décembre 1565,

Ton bien affectionné, Carolus Clusius A.

  1. Il s’agit de Philippe II, roi d’Espagne.