Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/152

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peut-être ce qui s’est accompli. Fermez promptement les portes aux verroux, Atréides, qui êtes dans la demeure ! L’homme prospère est terrible contre ceux qui sont dans l’adversité, comme tu y es maintenant, Orestès !




MÉNÉLAOS.

Je viens, ayant appris les actions cruelles et audacieuses de deux lions, car je ne les appelle pas des hommes. J’ai entendu dire de ma femme qu’elle n’était point morte, mais qu’elle a disparu ; vain bruit qu’un homme saisi de terreur m’a annoncé. Mais ce sont là des inventions du matricide, et une grande dérision. Que quelqu’un ouvre la demeure ! J’ordonne aux esclaves d’enfoncer les portes, afin de sauver au moins ma fille des mains de ces hommes souillés de meurtres, et que je retrouve ma malheureuse femme. Il faut qu’ils meurent de ma main ceux qui ont tué ma femme !

ORESTÈS.

Holà ! toi ! ne touche point de tes mains les portes closes. Je te parle, Ménélaos, dont l’arrogance est comme une tour, ou bien je te briserai la tête du haut de ce créneau, la fracassant avec la corniche des toits antiques, excellent ouvrage. Les portes sont bien fermées aux verroux ; elles résisteront à tes efforts, et tu n’entreras pas dans la demeure.

MÉNÉLAOS.

Ah ! qu’est-ce que cela ? Je vois la splendeur des flammes, et, au sommet des demeures, comme le faîte des