Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/121

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Oreste.

Ménélas règne, et je suis exilé de ma patrie.

Iphigénie.

Quoi donc ? a-t-il accablé notre maison dans la détresse ?

Oreste.

Non ; mais la crainte des Furies qui me poursuivent me chasse de mon pays.

Iphigénie.

Voilà donc la cause du délire qui t’a saisi, dit-on, sur le rivage et en ces lieux ?

Oreste.

Ce n’est pas la première fois qu’on m’a vu malheureux.

Iphigénie.

J’entends : c’est à cause de ta mère que les déesses te poursuivent.

Oreste.

Oui, et elles me maîtrisent avec un frein sanglant.

Iphigénie.

Pourquoi donc as-tu abordé en cette contrée ?

Oreste.

Je suis venu, conduit par l’oracle d’Apollon.

Iphigénie.

Quel était ton dessein ? est-ce un mystère que tu ne puisses dire ?

Oreste.

Je vais te l’apprendre : cet oracle est pour moi l’origine de bien des peines. Après que le crime de ma mère, que je tais, eut été puni par mon bras, les persécutions des Euménides me forcèrent de m’exiler. Puis Apollon m’envoya à Athènes, pour subir le jugement des déesses qu’on