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CHAPITRE XXII.

dit : « Voilà ce qu’il me faut… » Et, sans vous connaître, je vous opposais à vous-mêmes… Je prenais les deux pauvres petites chanteuses pour en faire les rivales des deux nobles filles de Bretagne… Vous me ferez croire à Dieu avant de mourir, mes enfants, car sa main est là, et c’est elle qui vous a défendues contre moi.

— Père, dit Cyprienne qui lui baisa la main avec un petit frisson de crainte, quand je pense que nous aurions pu vous haïr !…

Le nabab baissa les yeux, et un nuage descendit sur son front.

— Cela eût peut-être mieux valu ainsi…, murmura-t-il ; demain, qui sait ce que seront nos cœurs ?… Quand je vous vois, je crois mon âme guérie ;… quand je vous entends m’appeler mon père, je suis heureux, et il me semble que je n’ai jamais connu la souffrance… Mais tout cela n’est que mensonge !… ajouta-t-il en se levant brusquement, vous n’êtes pas mes filles ! Un autre a droit à l’amour que je voudrais tout seul.

Les deux sœurs le regardaient tristement et ne trouvaient point de réponse.

Montalt parcourait la chambre à grands pas.

Au bout de quelques minutes, il se laissa retomber sur son siége.

— Père…, dit Diane en prenant sa main timi-