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LES BELLES-DE-NUIT.

Il n’y avait eu aucune explication d’échangée, et pourtant les deux jeunes gens ne soupçonnaient plus ; Roger lui-même oubliait sa jalousie, et s’étonnait d’avoir douté.

Ils firent un pas vers le nabab.

Vincent restait seul en arrière.

— Et moi ?… dit-il.

— Et l’Ange !… s’écria l’oncle Jean ; tu as raison, mon fils… c’est pour Blanche de Penhoël que je suis venu ici !

— Blanche de Penhoël ?… répéta le nabab ; je ne connais pas ce nom…

À son tour Vincent se rapprocha.

— En êtes-vous bien sûr ?… dit-il le rouge au front et les dents serrées ; quand on veut nier, il faut prendre mieux ses précautions, milord… J’affirme que vous avez fait enlever, dans la nuit d’hier, ma cousine Blanche de Penhoël.

M. Vincent, répliqua le nabab, je suis las et je n’ai plus fantaisie de me battre… Vous pouvez me regarder avec vos yeux hardis et pleins de haine, monsieur !… Courage !… vous me forcez de vous reconnaître pour mon neveu… Ah ! ah ! jeune homme, ajouta-t-il avec amertume, combien faut-il donc vous donner de fois la vie pour avoir droit à votre gratitude ?… Courage ! vous dis-je, mon neveu Vincent !… vous