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CHAPITRE II.

Le vieux Benoît était étendu sur le dos, les bras en croix, les yeux ouverts et fixes. Il ne respirait plus.

Robert alla prendre la résine, et la posa auprès du trou qui servait de cheminée.

— Allume du feu, Bibandier…, dit-il, car maître le Hivain a l’air de trembler la fièvre.

L’homme de loi frissonnait en effet. L’aventure tournait au lugubre, et il se demandait avec effroi quel en serait le dénoûment.

Il s’était assis le plus loin possible du grabat, et de manière à tourner le dos au mort.

Bibandier jeta dans le foyer une brassée de bois sec. Quand la flamme s’éleva claire et petillante, l’Américain rapprocha son escabelle avec un mouvement de bien-être non équivoque.

— Les soirées fraîchissent…, dit-il, et le feu commence à ne pas être de trop !… Avez-vous ce qu’il faut pour écrire, M. le Hivain ?… Moi, je n’ai que du papier timbré.

Macrocéphale releva sur lui un regard de surprise.

— Ça vous étonne ? reprit l’Américain ; nous allons traiter une affaire sérieuse ce soir… Pontalès nous a joué un bon tour autrefois… mais, après la partie, vient la revanche… Arrangez-vous le mieux possible, et tâchez d’écrire sur vos genoux.