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LES BELLES-DE-NUIT.

— Messieurs…, balbutia-t-il, c’est vous sans doute qui avez induit M. le Hivain à m’indiquer ce rendez-vous ?…

— Si vous nous aviez laissé notre beau manoir de Penhoël, cher marquis, répliqua Robert, nous n’en serions pas réduits à vous recevoir dans une chaumière… Ah ! vous jouâtes là un joli coup de cartes !… Du diable si j’ai vu tricher avec plus d’aplomb en ma vie !… Les gendarmes… les extraits des rôles de la préfecture… tout cela était très-fort !… Mais prenez donc la peine de vous asseoir, M. le marquis, nous avons beaucoup de choses à nous dire, et rester debout sera fatigant.

Pontalès s’assit sur une escabelle.

— Procédons sans plan ni méthode !… reprit l’Américain dont l’air libre contrastait avec la détresse du marquis ; je ne hais pas cet aimable désordre qui saute d’un sujet à un autre et varie gaiement l’entretien… Vous nous parliez de votre fils ?… Un très-beau cavalier, ma foi ! et qui menait bonne vie là-bas dans la capitale… Vous avez reçu de lui une lettre hier… Je puis vous donner des nouvelles encore plus fraîches…

— Vous l’avez vu récemment ?… demanda Pontalès qui tâchait péniblement à se remettre.

— Mon Dieu, répondit Robert, je ne sais