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CHAPITRE II.

trop comment vous dire cela… Le fait est que c’est une déplorable affaire !…

Le marquis était père ; sa tête se releva inquiète.

— Vous savez, reprit l’Américain, on est jeune… on est brave… peut-être un peu querelleur… on a des duels…

— Un duel !… s’écria le marquis.

— Un duel extrêmement malheureux, mon cher M. de Pontalès… L’aîné de Penhoël lui a mis trois pouces de fer dans la poitrine.

Le marquis se leva tout d’une pièce, comme s’il eût reçu un choc galvanique. Macrocéphale ne put s’empêcher de l’imiter.

Nos trois gentilshommes, assis l’un près de l’autre, balançaient leurs jambes croisées et gardaient un calme parfait.

— L’aîné de Penhoël !… répéta Pontalès d’une voix tremblante ; celui qu’on n’a pas vu depuis vingt ans ?… Mes oreilles ne me trompent-elles point… et parlez-vous bien de Louis de Penhoël ?…

À ce nom prononcé, un soupir rauque se fit entendre du côté du grabat.

Macrocéphale chancela sur ses jambes.

— Le mort s’éveille !… murmura-t-il.

Bibandier et Blaise étaient pâles, mais Robert haussa les épaules.