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CHAPITRE III.

et à Blaise, la nuit de leur arrivée au manoir.

— Tourne !… cria l’Américain, ou nous allons chavirer.

Au moment où Bibandier, obéissant, plantait sa perche contre le rivage, une invisible main la saisit par sa garniture de fer et attira violemment le bac.

L’ancien uhlan poussa un cri de frayeur, ses mains abandonnèrent la perche. Le bateau s’était heurté contre la langue de terre, et il y avait maintenant sur l’avant un homme de grande taille, qui avait surgi là comme par enchantement.

— Louis de Penhoël !… murmura Robert qui lâcha le bras de Pontalès.

— Tu mens !… cria René, il n’y a plus qu’un Penhoël… l’autre était un lâche et un traître…

Sa voix s’arrêta dans sa gorge, parce que le vieux Pontalès, qu’on ne retenait plus, venait de le frapper par derrière.

René tomba lourdement, et resta en travers sur le bord du bateau.

Pontalès s’élança en brandissant son couteau sanglant et en criant :

— À l’autre ! à l’autre !

L’inconnu, qui était en effet Louis de Penhoël, n’avait point vu le coup qui frappait son frère.