Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 5, 1850.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
268
LES BELLES-DE-NUIT.

Il rejeta derrière lui son manteau et brisa sur son genou le petit bout de la perche.

Le bateau descendait à la dérive vers le milieu du marais.

Le vieux Pontalès tomba, arrêté dans sa course par un coup de massue.

Puis une lutte courte s’engagea entre le nabab et les trois autres assassins ; car Bibandier, le bon garçon, voyant que les choses tournaient au tragique, s’était coulé entre les saules et cheminait déjà sur la route de Redon.

Les poignards n’avaient pas beau jeu contre la massue du nabab.

Elle s’abaissa une fois, puis deux, puis trois.

À chaque coup, on entendait un râle.

Après le dernier coup, le silence régna sur le bateau.

Louis de Penhoël jeta son arme.

La nuit était bien sombre. Néanmoins, il voyait son frère couché contre le bord.

— René…, dit-il, nous n’avons plus d’ennemis…

Le maître de Penhoël demeura immobile.

Le nabab enjamba les cadavres pour se rapprocher de lui.

Au moment où il se baissait pour lui prendre la main, René, qui était en équilibre sur le plat-bord, fit un mouvement convulsif et glissa